Le buteur argentin est un cas : il a d’abord été meneur de jeu. Et ce passionné de chasse et pêche a failli terminer des études universitaires en économie !

Le patron du FC Porto Jorge Nuno Pinto da Costa l’a encore rappelé en début de semaine dernière, après que l’Argentin ait inscrit deux buts face à Benfica :  » Lisandro Lopez n’est pas à vendre « . Ce qui est plus étonnant, c’est que Porto affirme n’avoir reçu aucune offre pour son attaquant. Pourtant, avec 24 buts inscrits en 25 rencontres, il a déjà fait mieux que Benny McCarthy (meilleur buteur en 2004 avec 20 buts), Pena (22 buts en 2001) et n’était la semaine passée qu’à une rose du score de Liedson (25 buts en 2005). Tout cela sans même tenir compte du fait que le championnat portugais compte à présent quatre journées de moins puisqu’il n’est plus composé que de 16 équipes. Seul le record de Mário Jardel (42 buts en 2002) est inaccessible.

Il y avait bien longtemps que le FC Porto, équipe réputée pour sa force collective, se cherchait un tel buteur. Mais Lisandro Lopez est bien plus qu’un simple renard des surfaces. Face à Benfica, on l’a vu effectuer un sprint de 68 mètres pour venir tacler devant son propre rectangle huit secondes après qu’un équipier ait perdu le ballon. Soit du 29 km/h ! Au cours du même match, il a récupéré quatre autres ballons mais également effectué 22 passes, dont seulement 3 manquées. Et il ne lui a fallu que quatre tirs pour inscrire deux buts.

 » Lisandro Lopez est un spécialiste mais pas un buteur. C’est un joueur qui crée des espaces, amène de la vitesse, cause la surprise, dribble, met la tête là où un autre ne mettrait pas le pied, contrôle le ballon du pied gauche là où tout le monde aurait utilisé le pied droit, tire du droit alors qu’il est à gauche du but… « , ainsi s’exprimait, en 2004, le journaliste argentin Ariel Scher. A l’époque, Lisandro Lopez venait d’être sacré meilleur buteur du championnat argentin sous le maillot du Racing Avellaneda.

Lisandro Lopez (1,75 m pour 72 kg) est né le 2 mars 1983 à Rafael Obligado, un village de 900 habitants situé dans les environs de Buenos Aires et qui porte le nom d’un poète argentin.  » Lisandro adorait jouer au football contre les plus grands « , dit son père.  » Il aimait aussi la chasse et la pêche. « . Ce qui ne l’empêche pas d’effectuer ses études secondaires et même d’entrer à l’université, en économie.

15 millions d’euros ? Trop peu

Recruté par le Racing Avellaneda, il se fracture rapidement l’orteil et songe mettre un terme à sa carrière mais finit par s’accrocher.

En 2004, il devient le meilleur buteur du Tournoi de Clôture du championnat d’Argentine, avec 18 buts.  » Mais s’il avait été plus égoïste, il en aurait marqué davantage « , affirme son entraîneur de l’époque, Guillermo Rivarola, qui lui offre une montre en guise de récompense pour avoir inscrit deux buts au cours du même match.

Le FC Porto l’achète en avril 2005. Comme souvent, il n’acquiert que la moitié des droits du joueur (2,35 millions d’euros), le reste appartenant à une société d’investissement, la Global Soccer Agencies Ltd. En janvier 2008, toutefois, le club portugais paye 4,42 millions d’euros pour acquérir les 50 % restants, parce que le Zenit Saint-Pétersbourg se fait pressant. On sait que la Roma s’est également montrée intéressée et que Portsmouth s’est dit prêt à débourser 15 millions d’euros. Il en faudra cependant beaucoup plus pour émouvoir Pinto da Costa, d’autant que celui qu’on surnomme Licha s’impose petit à petit comme international dans son pays, où Carlos Bilardo le soutient publiquement.

Lisandro a effectué ses débuts en sélection le 9 mai 2005 et a été remplacé par un certain Lionel Messi.  » C’est donc un peu grâce à moi qu’il est devenu célèbre « , dit-il.

Si Lisandro Lopez est aujourd’hui un joueur aussi complet c’est sans doute parce que, jusqu’à l’âge de 18 ans, il a évolué comme meneur de jeu.  » Il m’a fallu près d’un an pour le convaincre qu’il serait meilleur en pointe « , dit Miguel Angel Mico, son entraîneur au Racing, qui estimait qu’il manquait d’endurance pour s’imposer au milieu du jeu.  » C’était d’ailleurs un peu normal car il avait déjà 17 ans lorsqu’il est arrivé au Racing. Jusque là, il ne s’était entraîné que de façon empirique dans des petits clubs.  »

Mais Lisandro est un homme qui prend le temps. Plutôt introverti lors de son arrivée à Porto, il est vite étouffé par le charisme de son compatriote Lucho Gonzalez, qui devient rapidement le successeur de Deco.  » Il ne fait rien sans demander l’autorisation de Lucho « , dit Benni McCarthy.  » Mais c’est un garçon très intelligent.  »

Pour sa première saison, Lisandro inscrit sept buts. La deuxième année est difficile également puisqu’il ne marque que huit fois.

Mais cette saison, enfin aligné à sa meilleure place, il devient d’autant plus célèbre qu’il décide de ponctuer chacun de ses buts par une imitation de Curly, l’un des Trois Stooges, personnages comiques qui faisaient fureur aux Etats-Unis à la fin des années cinquante.

par patrice sintzen – photo: reuters

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