Les yeux dans les Jeux

 » Ose te battre et ose gagner « . C’était un des adages du dictateur chinois Mao Tsé Toung. Tous les athlètes se battront aux JO, mais seuls les plus forts gagneront. Sport / Foot Magazine vous propose quinze événements à ne pas rater.

1 Course sur route messieurs Samedi 9 août, 5 h

Paolo Bettini peut-il reconduire son titre olympique ? C’est la grande question. Durant les classiques printanières, l’actuel champion du monde a testé ses jambes de temps en temps mais plusieurs blessures lui jouent des tours depuis le début de la saison. On suppose qu’ Il Grillo voudra atteindre son pic de forme à Pékin. Le parcours est taillé sur mesure pour les grimpeurs. Il est peut-être un rien trop dur pour l’explosif Bettini mais sait-on jamais ?

Après le départ dans la pollution de Pékin, la course prend la direction de la Muraille de Chine, sur 80 kilomètres assez plats. Là, les coureurs effectuent sept fois un circuit très lourd de 24 km. Le site vaudra sans aucun doute des images fantastiques. Les principaux concurrents de Bettini sont ceux qui ont fait la loi au Tour de France, bien qu’il n’y ait que deux semaines entre la fin de la Grande Boucle et la course sur route des JO. Les coureurs auront donc peu de temps pour s’acclimater mais tenez quand même Cadel Evans, Alejandro Valverde et les frères Schleck à l’£il, sans oublier Alberto Contador, avide de revanche. Les Belges doivent compter sur un grand jour de Maxime Monfort, qui a craqué au Tour, ou de la révélation du Giro, Jurgen Van den Broeck.

Malgré sa tradition en matière de cyclisme, la Belgique n’est généralement pas performante dans la course olympique. A Athènes 2004, Axel Merckx a enlevé une médaille de bronze mais pour trouver trace du dernier médaillé belge avant lui, il faut remonter à 1964, quand Walter Godefroot avait également conquis le bronze. La seule médaille d’or belge de la discipline a été gagnée en 1952 par André Noyelle. Espérons qu’un compatriote le rejoigne bientôt au panthéon oympique…

2 Finale du 200m nage libre messieurs Mardi 12 août, 4 h 13

Michael Phelps est l’homme à battre. L’Américain, âgé de 23 ans seulement, avait été… déçu de sa récolte aux Jeux Olympiques d’Athènes : six médailles d’or, deux de bronze. Il veut toujours faire mieux que les sept médailles d’or de son compatriote Mark Spitz aux Jeux de Munich en 1972, un record fabuleux qui avait été éclipsé par l’assassinat par de terroristes de 11 athlètes et officiels de l’équipe israéliennes.

En 2004, Phelps a raté son coup dans le 4 x 100 m (il n’en était sans doute pas responsable puisqu’il n’était qu’un des quatre nageurs) et sur 200 m nage libre. Il avait été précédé par l’Australien Ian Thorpe, pensionné depuis, et le Néerlandais Pieter van den Hoogenband. Ce dernier est le principal rival de Phelps dans cette discipline. L’Américain a démontré aux championnats du monde 2007 être capable de prendre la mesure du Néerlandais, qui a maintenant 30 ans et a été opéré d’une hernie en 2005. Ce dernier veut surtout remporter le 100 m nage libre pour devenir le premier nageur de tous les temps à être champion olympique de la distance trois fois de suite. Il y a peu de chances qu’il y parvienne car il n’a terminé que sixième au Mondial de l’an dernier. Le 200 m, qui est de toute façon sa meilleure distance, constituerait donc une excellente occasion de revanche…

3 Hockey masculin : Belgique – Allemagne Mercredi 13 août, 12 h 30

Sport olympique depuis 1908, le hockey a été dominé par l’Inde (huit médailles d’or) et le Pakistan (trois) pendant des décennies. D’autres pays se sont mêlés au débat à partir des années ’70 : l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Australie (dernière médaille d’or) ont pris un abonnement au podium olympique. En visant le top huit, les Belges placent donc la barre haut. En plus, nos compatriotes sont versés dans une poule très dure avec l’Allemagne, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande, et la Corée du Sud mais aussi avec la Chine bien plus jouable.

Rien n’est impossible : à l’EURO 2007 de Manchester, où les Pays-Bas ont vaincu l’Espagne en finale, la Belgique a battu 4-3 l’Allemagne, championne du monde, pour la médaille de bronze. Nos voisins ont donc une revanche à prendre…

4 Finale du 100 m messieurs Samedi 16 août, 16 h 30

La finale masculine du 100 m est généralement attractive et il n’en ira pas autrement à Pékin. Les principaux candidats à la plus haute distinction sont Usain Bolt, un Jamaïcain de 22 ans, recordman du monde (9 « 72), son compatriote précédent détenteur du record, Asafa Powell et l’actuel champion du monde américain, Tyson Gay. Ce dernier sera d’autant plus motivé qu’il n’a pas réussi à se qualifier pour le double hectomètre. Il s’est légèrement blessé pendant les fameuses épreuves de sélections américaines, les trials, et a été contraint de faire l’impasse sur le 200 m.

Recordman du monde, Bolt est le principal favori mais il n’est pas invincible, comme Powell l’a prouvé dernièrement à Stockholm et Monaco dans des duels de prestige contre lui…

5 Finale du simple messieurs Dimanche 17 août, 12 h

Cela vous surprendra peut-être mais le tennis figurait déjà au programme des premiers JO. En 1896, l’Irlandais John Boland se rendit à Athènes en spectateur, à l’invitation d’un ami grec. Sur place, Boland constata que son ami l’avait inscrit au tournoi de tennis. Il ne se fit pas prier et remporta la médaille d’or en simple comme en double. En 1924, le tennis disparut des Jeux et ne les réintégra qu’à Mexico en 1968, comme sport de démonstration. Depuis 1988, le tennis a repris tous ses droits et ses adeptes peuvent à nouveau gagner des médailles. Le palmarès masculin n’est pas précisément minable : Miroslav Mecir (1988), Marc Rosset (1992), Andre Agassi (1996), Yevgeni Kafelnikov (2000) et Nicolás Massú (2004). A Pékin s’y ajoutera sans doute un autre grand nom car Roger Federer et Rafael Nadal, les deux protagonistes de l’épique finale de Wimbledon il y a quelques semaines, sont tous deux présents. L’Espagnol a déjà participé aux Jeux précédents, en double avec Carlos Moya, sans succès. Le Suisse, qui fêtera ses 27 ans le 8 août, dispute ses troisièmes Jeux : en 2000, il a perdu le match pour la médaille de bronze contre le Français Arnaud di Pasquale et en 2004, le Tchèque Thomas Berdych l’a éliminé au deuxième tour. On espère évidemment un nouveau choc Federer – Nadal, mais on en est encore loin car les numéros trois ( Novak Djokovic), quatre ( Nikolay Davydenko) et cinq ( David Ferrer) du classement mondial sont également présents.

6 Finale du 100 m dames Dimanche 17 août, 16 h 25

Le 100 m dames a été intégré au programme olympique en 1928. Bientôt, une 19e sprinteuse va donc être sacrée championne olympique. Traditionnellement, les Américaines se distinguent sur la distance. Nous nous souvenons encore de GailDevers, médaillée d’or en 1992 et 1996… et de feu la recordwoman du monde avec 10 »49, Florence Griffith-Joyner, sacrée en 1988 mais décédée dans des circonstances inattendues à l’âge de 38 ans. Elle aurait succombé à une succession malheureuse de faits : une crise d’épilepsie aurait causé une rupture d’anévrisme qui l’a fait s’étouffer dans son oreiller. Voilà pour la version officielle de la police.

En 2000 à Sydney, une autre Américaine avait été la plus rapide : Marion Jones. Cependant, lors du procès Balco à charge de dopeurs et de dopés, elle a avoué s’être dopée et a été rayée des palmarès. Mais comme elle avait menti au préalable à un jury judiciaire, elle a été envoyée en prison pour six mois en mars dernier. Il y a quatre ans, la Biélorusse Yuliya Nesterenko a brisé l’hégémonie américaine en battant Lauryn Williams. La Jamaïcaine Veronica Campbell, médaille de bronze à Athènes et championne du monde 2007 en 11″01, brille par son absence à Pékin : elle n’a terminé que quatrième des trials jamaïcains.

En revanche, notre Kim Gevaert est bel et bien de la partie. A Athènes, elle n’a atteint que les demi-finales de la distance mais elle a obtenu une méritoire sixième place en finale du 200 m. A Pékin, Gevaert vise avant tout le podium du 100 m. Croisons les doigts !

7 Finale du 10.000 m messieurs Dimanche 17 août, 16 h 45

L’Ethiopien Kenenisa Bekele veut défendre son titre. Il affronte notamment son célèbre compatriote Haile Gebrselassie, champion olympique de la discipline en 1996 et 2000, cinquième il y a quatre ans. Bekele, recordman du monde sur 5.000 m et 10.000 m, relativise le succès comme nul autre. En janvier 2005, il a vécu un drame : sa fiancée Alem Techale, une prometteuse athlète de 18 ans, a perdu la vie sous ses yeux. Durant un entraînement commun, elle a été victime d’une attaque cardiaque et est morte dans les bras de son futur époux. Ce drame a désarçonné l’Ethiopien pendant un certain temps mais six mois plus tard, il s’est exprimé en ces termes :  » L’homme ne peut jamais échapper à la souffrance. Elle vous tombe dessus et peut vous briser. J’essaie de la surmonter en courant « .

Il émarge toujours à l’élite. Entre-temps, il a épousé l’actrice Dannawit Gebregziabher, qui viendra sans doute l’encourager.

8 Finale de la perche dames Lundi 18 août, 13 h 20

 » Ce n’est que le début. Les Jeux Olympiques arrivent et d’autres records suivront « . Ces propos sortaient de la bouche de la jolie Jelena Isimbayeva, juste après avoir battu son record du monde de la perche à Rome, en Golden League, à la mi-juillet avec 5,03m. A la fin du mois, elle passait 5,04m à Monaco ! On peut certainement attendre des exploits de la Russe de 26 ans, déjà championne olympique en 2004.

9 Finale de laser dames Mardi 19 août, 5h

Cette discipline effectue ses débuts aux Jeux. Le laser radial est la version féminine du laser, le petit voilier d’une personne. Nous y suivrons surtout notre compatriote Evi Van Acker, considérée comme une des principales chances belges de médaille. La quinzaine dernière, elle a conquis le bronze à l’EURO à Nieuport. Les deux athlètes qui l’ont précédée, la Finlandaise Sari Multala et la Française Sophie De Turckheim, ne sont pas parvenues à se qualifier pour les Jeux. Mais à part elles et deux autres concurrentes, toutes les régatières des JO étaient à Nieuport !

Cet EURO constituait donc un bon baromètre pour Pékin. Et d’ailleurs, la Flamande, toujours spontanée, a déclaré viser la médaille d’or au grand dam de son entraîneur. Sa principale rivale sera sans conteste l’Américaine Anna Tunnicliffe, qui vise aussi la médaille d’or. Rappelons la devise d’Evi : – If you can dream it, you can do it. Nous rêvons déjà !

10 Finale du jumping Jeudi 21 août, 13 h 15

Cette populaire et élégante discipline impose au cheval et à son cavalier de négocier quinze obstacles, en prenant le moins de points de pénalité possible. Le jumping est un rendez-vous olympique depuis 1912.

Les Belges y suivront avec une attention particulière Jos Lansink et sa monture Cavalor Cumano, avec laquelle il a été champion du monde en 2006 et conquis la médaille d’argent à l’EURO 2007. Cumano a souffert d’une blessure tendineuse mais cette année, Lansink l’a relancé progressivement en jumping. Son cheval sera donc en parfaite condition. Lansink, âgé de 47 ans, a déjà remporté la médaille d’or à Barcelone en 1992 mais était toujours néerlandais. Il s’est fait naturaliser belge en 2001, ne trouvant plus de cheval de talent aux Pays-Bas. Or, un nouveau règlement précisait que dans les épreuves par pays, cheval et cavalier devaient posséder la même nationalité. Lansink dispute ses sixièmes JO. Ses principaux concurrents pour l’or sont les Allemands Ludger Beerbaum et sa belle soeur Meredith Michaels-Beerbaum ainsi que l’Irlandais Denis Lynch.

11 1.500 m du décathlon Vendredi 22 août, 15 h 40

On dit souvent que les décathloniens ne brillent en rien mais ce cliché est ridicule : un décathlonien doit au contraire se distinguer dans dix disciplines. Il y a quatre ans, le Tchèque Roman Sebrle a remporté la médaille d’or devant l’Américain Bryan Clay et Dmitriy Karpow, le géant du Kazakhstan. Les trois médaillés se retrouvent à Pékin. Cette fois, c’est Clay qui part favori puisqu’il a déjà dépassé le cap des 8.800 points cette année.

Le record belge est la propriété récente du Bruxellois Frédéric Xhonneux avec 8.142 points. Il représente la Belgique dans l’épreuve, avec le Campinois Hans Van Alphen. Ce dernier se distingue plus particulièrement au lancer du javelot, sur 400 et 1.500 m. Xhonneux est également brillant dans la dernière épreuve du décathlon. On suivra donc les deux Belges.

12 Finale de la hauteur dames Samedi 23 août, 13 h 10

On n’en a pas beaucoup parlé mais il y a deux semaines, au meeting d’Heusden-Zolder, Tia Hellebaut a franchi les deux mètres. Elle était la sixième athlète à y parvenir cette saison. Soyons clairs : la Belge se prépare en toute sérénité aux Jeux et est dans les temps. La médaille d’argent semble théoriquement la plus haute récompense qu’elle puisse briguer car la championne du monde croate Blanka Vlasic devrait ravir l’or, bien qu’elle ait été très décevante dans la finale olympique 2004 avec un saut à 1,89m qui lui a valu une onzième place. Il est peu probable mais possible que le record de la Bulgare Stefka Kostadinova (2,09m), établi il y a vingt ans, tombe. Vlasic a déjà sauté à 2,07m.

13 Marathon Dimanche 24 août, 1 h 30

Le marathon est un des rares événements olympiques accessibles au grand public sans billet. Le Chinois moyen a le loisir de se glisser parmi les spectateurs, ce qui pourrait donner l’allure d’une fête à l’événement. Le marathon démarre à la célèbre place de la Paix céleste, la place Tiananmen, où les tanks étaient entrés en lice en 1989 pour faire taire les protestations des étudiants. Le mausolée du grandMao Tsé Toung se trouve au milieu de la place. Le parcours sillonne des parties modernes comme des anciennes de la capitale chinoise. Si les caméras s’intéressent aux alentours du parcours et que ces alentours ne sont pas voilés de smog, le déroulement de la course peut constituer un sightseeing intéressant pour le téléspectateur neutre. De nombreux athlètes ont décidé de ne pas participer au marathon, effrayés par la pollution. Parmi eux, le plus grand coureur de tous les temps, l’Ethiopien Haile Gebrselassie (35 ans). En revanche, Paula Radcliffe (34 ans), asthmatique, ne s’est pas laissé rebuter par un peu de smog.

En avril encore, elle expliquait :  » Je dois simplement bien adapter ma médication. Pour le reste, je ne me tracasse pas. De toute façon, on ne ressent généralement les effets de la pollution qu’après la course. Si j’ai gagné, que m’importe d’avoir la voix rauque et d’être un peu malade le lendemain ? Franchement, je redoute bien plus la canicule et l’humidité « . Il ne manque qu’une médaille olympique au palmarès impressionnant de Radcliffe.

14 Finale du football messieurs Dimanche 24 août, 6 h

Seules quatre nations européennes figurent parmi les seize participantes au tournoi : l’Italie, les Pays-Bas, la Serbie et la Belgique. Des quatre, seules l’Italie (1936) et… la Belgique (1920) ont déjà remporté une médaille d’or. C’est mieux que le grandissime favori du tournoi, le Brésil, qui s’est adjugé deux médailles d’argent (1984 et 1988) et une de bronze (1996). Le Brésil, qui aligne entre autres Ronaldinho (Milan), Pato (Milan), Diego (Werder Brême) et Marcelo (Real Madrid), Anderson (Manchester Utd) ne peut être satisfait que s’il remporte la médaille d’or. Depuis l’introduction de la règle des – 23 ans (à l’exception de trois joueurs, tous les footballeurs d’une équipe doivent avoir moins de 23 ans), le football sud-américain domine de plus en plus les Jeux, avec en haut fait la finale entre l’Argentine (avec Carlos Tévez, Javier Saviola et Javier Mascherano) et l’étonnant Paraguay il y a quatre ans. La performance de l’Irak avait été aussi surprenante : il avait raté de peu le bronze face à l’Italie. Pour l’heure, bien malin qui pourrait dire quelle sera la surprise de Pékin. Et pourquoi les Diables Rouges ne feraient-ils pas sensation ?

15 Finale du basket messieurs Dimanche 24 août, 8 h 30

Les joueurs de la NBA ont obtenu l’autorisation de participer aux Jeux Olympiques en 1992, à Barcelone. Les Etats-Unis dépêchèrent en Espagne une délégation comportant des icônes telles que Michael Jordan, Magic Johnson et Larry Bird. Le Dream Team était né. Depuis, tout a changé. Les Américains se sont reposés sur leurs lauriers pendant que l’Amérique du Sud et surtout l’Europe opéraient un superbe rattrapage, au point que les vedettes américaines du Mondial 2002 ont terminé sixièmes sur leurs propres terres et troisièmes de l’édition 2006, derrière la Grèce et l’Espagne, championne du monde. Celle-ci peut maintenant compter sur Pau Gasol, Jorge Garbajosa et Juan Carlos Navarro pour aller loin. Cette saison, aux LA Lakers, Gasol a prouvé qu’il est actuellement un des meilleurs centres de la NBA et qu’il peut faire mal à n’importe quel adversaire. L’Argentine est un autre challenger. Grâce à un phénoménal Manu Ginobili (San Antonio Spurs), elle s’était adjugé l’or à Athènes. Pourtant, les Américains restent les vrais favoris. Après une décevante médaille de bronze en 2004, il est temps qu’ils rétablissent leur honneur. Dwyane Wade, LeBron James, Chris Paul et Kobe Bryant sont présents. King Kobe reste même sur la meilleure saison de sa carrière et a été élu à juste titre meilleur joueur de la NBA. Prendra-t-il en mains un nouveau Dream Team ?

par geert foutré, loes geuens, matthias stockmans & steve van herpe

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