Les victoires du Standard appartiennent aussi à DD

Ce n’est un secret pour personne : les play-offs n’ont pas pour effet d’améliorer la qualité du football en Belgique. A l’une ou l’autre exception près, et il ne faut pas être trop exigeant, le jeu n’a jamais été aussi décousu avec, un peu partout, des écarts considérables entre les lignes, preuves éclatantes que la construction et l’intelligence sont réduites à leur plus simple expression. Anderlecht, le Standard et le Club Bruges ont heureusement gardé quelques architectes ; le plus doué, Axel Witsel, déroule ses plans à Sclessin. Non, ce championnat sauce fritkot bien de chez nous, uniquement de chez nous, comme les chicons et les fraises de Wépion, vaut surtout par son stress et ses retournements de situation en P01 et P03 ; les P02 passant totalement inaperçus. Largué à l’issue de la phase classique (à 16 points du leader mauve), le Standard a vu cet écart réduit de moitié au départ des PO1 et il lui aura suffi de trois des dix étapes du  » tour supplémentaire  » pour que cet adversaire de la D1 new look revienne à deux unités de la plus haute marche du podium.

C’est le monde à l’envers et, à une époque de l’année où les classiques cyclistes tutoient le football à la une des médias, le duel qui se précise entre Anderlecht et le Standard fait penser à la dernière étape du Tour de France 89 : Laurent Fignon égara ses 50 secondes d’avance sur Greg LeMond au bout du bout d’un contre-la-montre de 24,5 km. Même si cette Grande Boucle fut emballante et généreuse, presque parfaite (ce qui n’est pas le cas de notre D1, convenons-en une fois pour toutes), elle est entrée dans l’histoire par ce final d’anthologie et les 8 secondes qui, pour la deuxième fois, ont peint la vie de LeMond en jaune. Alors qui aura le sourire de l’Américain ou le masque du regretté Français au bout des PO1 ? Qui saura puiser au bout de ses ambitions ? Anderlecht ou le Standard ? Impossible de répondre mais, au c£ur de cette question, il convient de rendre à chacun ce qui lui revient.

Un chef doit assumer les résultats de son travail ; les circonstances n’étant que des excuses pour cacher des insuffisances de tous ordres. Nous l’avons écrit : Dominique D’Onofrio semblait incapable de donner des idées à un Standard plus que poussif. Mais si sa responsabilité de coach était engagée à l’heure des problèmes, elle l’est tout autant dans le renouveau. Les défaites du Standard lui appartiennent, les succès aussi, pleinement même avec des gestions tactiques accomplies. A Gand, les Liégeois ont su maîtriser des événements (deux erreurs du gardien buffalo, un arrêt somptueux de Sinan Bolat sur une tête à bout portant de Bernd Thijs) en menant le match à leur guise après la pause. Il serait injuste d’expliquer ce retour uniquement par les nouveaux venus ou le retour des blessés. C’est une partie de l’explication mais l’autre passe par le travail au quotidien du T1 et de tout son staff. Certains joueurs le qualifièrent autrefois dédaigneusement de  » carrossier  » (son ancien métier) mais s’il réussit en fin de saison, en empochant la Coupe de Belgique, le titre ou le doublé, DD, qui a rendez-vous avec son destin, deviendra le Pininfarina du nouveau modèle Standard.

Anderlecht a évidemment compris que les vents sont changeants et Ariel Jacobs a repeuplé et musclé son attaque contre Genk en installant, avec succès, Dalibor Veselinovic aux côtés d’un autre gratte-ciel, Romelu Lukaku. Cela va mieux mais après 3 matches des P01, les Bruxellois n’ont marqué que 3 buts pour 6 du côté liégeois. La grinta rouche, ce côté  » on va au charbon car rien n’est impossible  » tranche, pour le moment, par rapport à l’embourgeoisement d’un effectif bruxellois en fin de cycle. Loin de ces contingences, le Standard, Charleroi, le Lierse, Saint-Trond et le Germinal Beerschot ont officialisé leur intention de négocier en commun les prochains de droits de diffusion télévisée, mission remplie jusqu’ici par la Ligue pro au nom des 16 clubs. Play-offs ou pas, c’est pas demain – hélas ou tant mieux ? – que la D1 sera un fleuve tranquille…

PAR PIERRE BILIC

Play-offs ou pas, c’est pas demain – hélas ou tant mieux ? – que la D1 sera un fleuve tranquille…

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