Les têtes de Turcs : Brogno et Bodart

Pourquoi Dante Brogno a-t-il toujours été la cible privilégiée des supporters du Standard?

« Parce qu’il marquait toujours au moins un but contre eux », lance E. « Ce n’est pas un hasard s’il a choisi de jouer son dernier match face au Standard. Il a de nouveau marqué ce soir-là, et en plus un superbe goal pour permettre à Charleroi de mener 1-0. Je suis certain qu’il avait rêvé d’une sortie pareille. Comme s’il avait voulu dire aux Liégeois: -Voilà, je vous enquiquine une dernière fois! C’était sa façon de faire une ultime mise au point ».

M.: « Pour nous, Brogno symbolisait véritablement le Sporting de Charleroi. C’est pour cela que nous l’avons aussi souvent ennuyé, hué, insulté. Quand un joueur personnifie à ce point l’équipe adverse, il est automatiquement la tête de Turc. Nous ne pouvons pas rester de marbre devant sa carrière mais il ne fallait pas non plus nous demander de l’applaudir après son dernier match. Autrefois, Paul Van Himst en prenait chaque fois plein la tronche quand il venait à Sclessin. Aujourd’hui, le Mauve le plus détesté est Bertrand Crasson. Parce qu’il a un label anderlechtois, qu’il est provocateur et qu’il a un jour traité d’ouvriers les joueurs de Beveren ».

E.: « Je suis sûr que Gilbert Bodart était encore plus détesté par les supporters de Charleroi que Brogno par ceux du Standard. C’est le seul gardien qui a osé nous charrier après un but de son équipe. Après ce match-là, il nous a encore fait un doigt d’honneur quand le car du Standard a démarré. J’ai attaqué le car et je me suis retrouvé au cachot. Bodart, on n’a jamais su le sentir. Quel comédien! »

Tous les joueurs ou entraîneurs qui ont quitté un club pour l’autre ne suscitent pas le même dégoût.  » Robert Waseige et Laurent Wuillot sont partis au Standard comme des gentlemen », se souvient E. « Dans ses déclarations, Waseige a grandi le Sporting au lieu de l’enfoncer. Wuillot a dit qu’il allait à Sclessin pour continuer sa progression, mais que son coeur restait à Charleroi. S’il revenait, il serait accueilli à bras ouverts ».

Régis Genaux s’est fait chambrer chaque fois qu’il est revenu au Mambourg avec le Standard: Genaux puceau et Genaux tête de veau! Plus que son départ à Sclessin, les Wallon’s Boys lui reprochent la trahison suprême. « Il faisait partie de notre bande quand il était à Charleroi, puis il a rejoint le Hell Side avec Michaël Goossens quand il s’est retrouvé au Standard », affirme E.

Daniel Van Buyten n’a pas fait l’unanimité. « Lui aussi a bien souligné qu’il partait au Standard parce que Charleroi ne correspondait plus à ses ambitions », dit E. « Ses explications n’ont pas été bien perçues ».

Mais la palme revient sans aucun doute à Olivier Suray. Lorsque son transfert au Standard fut connu, il devait encore jouer quelques matches avec le Sporting et il en entendit de toutes les couleurs. Notamment Suray est une tapette en rouge et blanc. « Son discours était très clair: il arrivait… enfin au Standard », se souvient E. « Il sera à nouveau bien reçu quand il reviendra chez nous avec La Louvière. La saison dernière, on l’a tellement excité lors de Charleroi-Beveren qu’il a pris une carte rouge… »

Certains joueurs adverses suscitent un profond respect. M.: « Nous n’avons jamais insulté Juan Lozano, Pär Zetterberg, Johan Walem, Guy Hellers ou Didier Ernst. Quand un bon joueur ne fait pas de son nez et reste modeste, nous l’apprécions. Enzo Scifo, nous le détestons tout en respectant ce qu’il a apporté au football belge ». Michel Preud’homme, lui, est apprécié par les supporters de Charleroi, pour les mêmes raisons. D.: « Dimanche prochain, nous le traiterons peut-être de pédé, mais aucun gars des Wallon’s Boys ne le pense vraiment… »

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