« Les télés ont besoin de nous »

Abbas Bayat signale fièrement qu’on le prend de plus en plus au sérieux lors des réunions de la Ligue Professionnelle. Il y a un an, on le considérait comme un comique, un illuminé aux idées totalement farfelues. Aujourd’hui, il force le respect.

Abbas Bayat: Grâce à moi, le sponsoring de Jupiler est passé de 10 à 50 millions par saison. La réussite de ces négociations m’a permis de devenir crédible auprès des autres dirigeants de clubs. Ils ont compris que, quand j’avançais de nouvelles idées, je ne le faisais pas dans le seul intérêt de Charleroi. Ils n’en étaient pas nécessairement persuadés au départ.

Cette crédibilité vous permet d’être à nouveau écouté dans les discussions portant sur les droits de retransmission?

Tout à fait. Même à Anderlecht, on commence à m’écouter. Les négociations pour le renouvellement des contrats traînent et les sommes proposées par les chaînes ne nous satisfont pas. Ce n’est pas facile de discuter avec ce petit cartel. Il y a une différence inacceptable par rapport à ce que nous sommes en droit d’attendre. Le nombre d’habitants de chaque pays doit être le critère prioritaire dans le calcul des droits, et la Belgique est de loin en queue du classement européen. Un seul club français touche plus que l’ensemble des équipes belges de D1. Les clubs anglais se partagent 30 milliards par an. Chez nous, on parle de 400 ou 500 millions. Cette saison, Charleroi reçoit 18 millions: c’est ridicule. Les dirigeants d’Anderlecht ont vu cet été qu’avec les sommes versées actuellement par les télés, ils étaient obligés de vendre leurs meilleurs joueurs.

Mais les images du championnat de Belgique n’intéressent personne à l’étranger…

Les retransmissions sur le territoire national ou à l’étranger, ce sont deux calculs séparés. Les clubs français ou anglais touchent effectivement des revenus supplémentaires quand leurs matches passent dans d’autres pays.

Nos chaînes de télé ne roulent pas non plus sur l’or…

C’est leur problème! Si vous voulez faire 30 secondes de pub à la RTBF ou à RTL, on vous répond que le tarif, c’est le tarif. On ne vous fait pas de cadeau sous prétexte que vous connaissez des difficultés de trésorerie. Moi, je constate que le football est du pain bénit pour les chaînes. Sans foot, elles n’auraient aucun avenir. Les émissions sportives du samedi et du dimanche représentent 30% des parts de marché. Cela ne correspond vraiment pas à ce que les chaînes sont prêtes à nous donner. Quand nous évoquons la mise sur pied d’une structure de retransmission propre à la Ligue, ce n’est pas pour faire du vent: nous travaillons activement sur ce projet depuis 6 mois. Ce que la RTBF fait, la Ligue peut le faire. Il faut absolument changer deux choses pour rendre les clubs viables: augmenter les droits télé et réduire à 14 ou à 12 le nombre d’équipes en D1.

Personne ne peut vous garantir que Charleroi sera toujours en D1 si on réduit le championnat à 12 équipes.

C’est effectivement un risque, mais je suis prêt à l’assumer. Je prends le pari d’installer solidement Charleroi dans le Top 5 et de remplir régulièrement notre stade dans un délai de 5 ans. D’ailleurs, notre moyenne actuelle de spectateurs n’est pas mauvaise du tout si on tient compte de toutes les secousses qui ont frappé ce club depuis quelques années.

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