Les Suisses ont une meilleure génération exceptionnelle que nous !

Deux copains lecteurs m’ont récemment ronchonné dessus en buvette d’après-match parce que j’ai écrit, voici quinze jours, que le supporter belge se la pétait un peu trop rouge-jaune-noir, à force de répéter qu’ il y avait du talent chez nous, et que le flop vandereyckien nous faisait passer à côté d’une génération exceptionnelle. Je maintiens qu’on exagère, et je vous file un contre-exemple. Admettons qu’au comptoir, l’on cause ballon rond vous et moi, et que je vous lâche tout à coup, de mon air footeux le plus inspiré, que les Suisses disposent en ce moment d’une génération exceptionnelle. Votre bière va s’arrêter net à l’orée de vos babines, vous allez me regarder avec deux yeux de merlan frit, voire me traiter de trou de Bâle si votre humour est réactif : quelle mouche m’a piqué, personne en Europe ne pense ça des Helvètes ? ! Eh bien justement, à moins d’être Belge, personne en Europe ne pense ça des Belges non plus… a fortiori !

A fortiori ? J’explique. Y’a pas 36 manières de jauger une génération : plus elle est exceptionnelle, plus elle va réussir à boulotter dans les clubs fortiches des cinq gros championnats friqués d’Europe occidentale,… alors suivez le guide ! Diego Benaglio est le gardien de Wolfsburg. Stephan Lichtsteiner est le back droit de la Lazio, et Ludovic Magnin le back gauche de Stuttgart. Philippe Senderos vient d’arriver au Milan AC, et Johan Djourou en profite pour montrer son nez à Arsenal. Philipp Degen a quitté Dortmund pour le noyau de Liverpool. Tranquillo Barnetta est une valeur sûre de Leverkusen. Et last de cette liste but not least, aucun attaquant belge n’a la réputation européenne d’ Alexander Frei, le buteur de Dortmund…

J’en reste là même si d’autres Suisses évoluent dans des clubs moins huppés, de la même manière que nous avons des titulaires belges à Mönchengladbach, ou des Belges tentant de s’imposer à Lille, Saint-Etienne ou Genoa. Mais sur le plan comparatif strict, nous n’avons pour l’instant qu’un quatuor à opposer ( Daniel Van Buyten, Vincent Kompany, Marouane Fellaini, voire Gaby Mudingayi)… et il ne nous permet même pas de gagner face aux Suisses ce duel de notoriété fort relative ! C’est pas jojo mais c’est comme ça : nous ne disposons pas en 2009 d’une génération exceptionnelle, nous ne faisons qu’espérer qu’il en éclose une. Et ne croyez pas que j’oublie les mousquetaires d’Alkmaar, le duo d’Ajax ou le vieux grognard d’Eindhoven : mais de Volendam à Breda, faut pas en faire une compète de rêve, le championnat de Hollande ne peut donner que ce qu’il a…

Tout ceci n’infirmant nullement ce que j’ai glosé voici deux semaines concernant René Vandereycken, il y a même un truc de plus qui me court désormais sur le haricot : c’est apprendre que son limogeage va coûter 250.000, voire 300.000 euros. Là, ça mériterait d’aligner tout le Comité exécutif en position penchée/déculottée, et de leur donner une fessée collective d’anthologie ! En décembre 2007, le CE a surpris son monde et moi-même en votant (de justesse) la reconduction de VDE malgré son premier flop : et en précisant que les termes du nouvel accord allaient, cette fois, être rigoureusement définis ! Gros benêt que je suis, j’en ai conclu qu’il n’y aurait pas de deuxième achat d’un chat dans un sac. Que nos bonzes dealeraient cette fois avec René en liant son pognon aux résultats qu’il obtiendrait, et qu’ils l’avaient forcément mis devant un cas de figure éventuel auquel il ne pourrait pas se soustraire en cas de flop bis : à savoir moins de x points après y matches = rupture de contrat immédiate sans indemnité ! Cela me semblait la moindre des choses, le moindre des bras de fer à engager avec VDE ! Gros benêt que je suis… 300.000 euros, quel gaspi, quelle gestion en mauvais père de famille ! En foot, les parachutes des sans scrupules ne sont pas dorés, ils sont en or massif.

Quant au successeur, l’heure est aux supputations, vous savez comme moi desquels on parle,… et vous savez que l’adjoint Frankie Vercauteren n’est pas des plus plébiscités ! Mais afin de ne rien précipiter, la fédé projette en tout cas de lui confier l’intérim, en l’occurrence les deux matches de Kirin Cup fin mai au Japon : et si d’aventure les Belges nous explosaient là-bas, brillamment, les Chiliens puis les Japonais, ça faciliterait ensuite le choix définitif ?

par bernard jeunejean

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