Les sponsors

 » Politiquement, je comprends qu’on y pense « 

Dirk Schyvinck, responsable de la com’ de Dexia (sponsor principal du Club Bruges)

 » Si on se place sur le simple plan politique, avec toutes les tensions communautaires que cela sous-entend, je peux comprendre que certains pensent à une D1 purement francophone. Mais sur le plan économique, cela me semble aberrant. Le football est clairement en pleine globalisation. On a déjà évoqué la possibilité de créer une compétition belgo-néerlandaise ou un championnat du Benelux. La Ligue des Champions prend sans cesse plus d’importance et les gens veulent de plus en plus voir des vedettes internationales. C’est pour cela qu’ils regardent beaucoup les matches allemands, français, anglais. Alors, supprimer la D1 belge pour une première division francophone correspondrait à reculer dans le temps. Et je ne vois pas du tout l’intérêt économique de cette idée. Je ne suis pas du tout persuadé que les assistances suivraient et je suis plus que sceptique aussi au niveau des droits TV. Quand on voit que la Fédération a de plus en plus de mal à trouver des chaînes pour retransmettre certains matches des Diables, je me demande ce que les clubs pourraient tirer des télés avec un championnat francophone. Les petits clubs éprouvent aussi les pires difficultés à dénicher des sponsors nationaux et ce n’est évidemment pas la création d’un championnat du sud du pays qui solutionnerait ce problème « .

 » Il y a peut-être trop peu de bons joueurs wallons « 

Jean-Marie Valkeners, responsable du sponsoring de Voo (présent à Charleroi, Standard et Eupen)

 » Pour notre société, active en télédistribution, Internet et téléphonie fixe uniquement en Wallonie et à Bruxelles, l’organisation d’un championnat francophone ne serait pas une catastrophe. Même si c’est lors des matches de nos équipes contre Anderlecht, Bruges ou Genk que nous invitons des gens. Ce sont ces affiches-là qui font recette. Pour les sponsors à vocation nationale, je suppose qu’il est impératif de garder un championnat belge.

Sur le plan purement sportif, je suis beaucoup plus sceptique. Une scission, cela voudrait dire un nouveau nivellement par le bas. Et un nouvel élargissement du fossé entre les très grandes et les très petites équipes. Je ne pense pas qu’un club comme le Standard se réjouirait d’une refonte pareille du foot belge. Les grands essaient déjà de diminuer le nombre d’équipes de D1 pour pouvoir jouer plus souvent entre eux, alors ils ne seront sûrement pas d’accord si on leur enlève de gros calibres et qu’on les remplace par des petites équipes. Il y aurait aussi un gros problème d’infrastructures pour les clubs de la D2 actuelle qui se retrouveraient subitement parachutés dans une nouvelle D1. Tubize et Eupen, par exemple, souhaitent monter et sont prêts à faire les efforts nécessaires. Mais raisonne-t-on de la même façon à Namur ? Tout devrait suivre très vite : les installations d’entraînement, les stades, les impératifs sécuritaires, etc. Les pouvoirs publics seraient fameusement sollicités et je ne suis pas certain qu’ils pourraient suivre.

Je vois encore un autre problème : le réservoir fort limité de bons joueurs wallons. Combien y en a-t-il dans la D1 actuelle ? Combien sont régulièrement titulaires ? Il y a Frank Defays et Laurent Ciman à Charleroi. Michaël Wiggers et Alessandro Cordaro à Mons. Olivier Renard et Axel Witsel au Standard. Je ne vois personne à Anderlecht. La proportion n’est pas énorme non plus à Mouscron. Bref, le réservoir n’est vraiment pas grand. Parviendrait-on seulement à composer deux équipes complètes avec des footballeurs wallons de niveau ? Il faudrait donc recruter massivement des étrangers et je ne suis pas sûr que cela jouerait en faveur de la viabilité de ce nouveau championnat. Je ne dis pas d’office que ce serait voué à l’échec, il y a peut-être moyen de trouver des solutions, mais ce n’est en tout cas pas gagné d’avance « .

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