« Les Spirous avant tout »

Récemment critiqué par Erik Cleymans, le coach liégeois repart pour une onzième saison à Charleroi.

Les Spirous de Charleroi ont repris le chemin de l’entraînement. Roger Huggins est retenu en Angleterre par des problèmes familiaux, mais Giovanni Bozzi est réjoui : « Les tests physiques sont très positifs », constate-t-il. « Particulièrement pour Jacques Stas et David Desy, beaucoup plus affûtés que l’an passé à la même période. David a retrouvé une véritable condition d’athlète. Par ailleurs, les problèmes de genoux qu’avaient connus Louis Rowe ne semblent plus être qu’un mauvais souvenir ».

Le ciel serait donc pratiquement sans nuage au-dessus de la Coupole s’il n’y avait eu, durant l’été, l' »incident » Cleymans. L’ex-capitaine carolo, qui jouera cette saison à Evreux, s’en était pris ouvertement à son ancien coach en nos colonnes.

« Je peux comprendre cette réaction, sans pour autant l’accepter », commente Bozzi. « Il n’est jamais agréable de devoir émigrer à l’étranger, alors que l’on est en train de faire construire à Hingeon dans la perspective d’un séjour prolongé à Charleroi et que son épouse attend famille. Erik, qui a lancé une attaque personnelle contre moi, doit savoir que toutes les décisions concernant l’équipe sont prises en concertation avec Eric Somme. Nous évaluons l’intérêt du joueur, mais aussi celui de l’équipe. Cette décision-ci fut très difficile à prendre, mais elle a été mûrement réfléchie. Je ne suis pas fâché contre Cleymans, je suis surtout très déçu. D’autant qu’il n’y a rien de vrai dans toutes les accusations portées contre moi. Je n’ai jamais évoqué l’équipe nationale avec lui. Je souhaite à Erik Cleymans de retrouver une seconde jeunesse à Evreux et d’être apprécié là-bas ».

Changer l’équipe ou le coach?

Coup de colère isolé d’un joueur aigri ou manifestation d’un malaise plus profond, lié à une certaine usure du pouvoir engendrée par les dix années de présence du coach liégeois au Pays Noir? En fin de saison dernière, Bozzi avait prononcé cette phrase tout de même étonnante: « Si l’effectif n’avait pas été en grande partie renouvelé, je n’aurais pas continué comme coach ».

« Ce n’était pas un ultimatum », précise-t-il. « J’estimais qu’avec le groupe dont nous disposions, nous avions atteint le maximum. Si on voulait reconquérir le titre de champion et progresser sur le plan européen, il fallait soit changer l’entraîneur, soit modifier l’équipe ».

Bozzi est satisfait des retouches apportées. Wouter Dewilde est parti se refaire une santé à Mons. « Il est l’un des joueurs les plus doués qu’il m’ait été donné d’entraîner. C’est la raison pour laquelle j’avais décidé de le pousser la saison dernière. Hélas, il a eu la malchance de se blesser… ». Daniel Goethals, après avoir été en contact avec Estaimpuis, semble plutôt s’orienter vers l’étranger. « Nous lui avons accordé sa liberté, après avoir trouvé un accord financier avec le joueur qui avait encore un an de contrat ». Par contre, Stas est resté alors qu’il se voyait déjà à Liège. « A partir du moment où la piste J.R. Holden a cessé d’être d’actualité, je n’ai jamais caché que ma priorité était de conserver Jacques. Et ce, malgré les contacts établis avec Jean-Marc Jaumin, Dimitri Lauwers ou le Croate Krstic. La saison dernière, nous n’avons jamais été dominés en distribution, hormis par Ostende. En outre, avec l’équipe dont je dispose cette année-ci et qui comprend des atouts offensifs très intéressants, j’aurai besoin de distributeurs qui acceptent de se sacrifier de temps en temps pour le groupe ».

Au rayon des arrivées, il y a -outre Louis Rowe et Roger Huggins- l’ailier naturalisé Jim Potter en provenance de Mons et le Rookie de l’Année Thomas Van de Vondel arrivé d’Alost. « J’attends de lui qu’il joue le rôle de back up de Louis Rowe. Il jouera deux fois cinq minutes par match, parfois plus, cela dépendra. C’est, déjà aujourd’hui, l’un des meilleurs défenseurs du pays. Il aura sa chance. Tout comme Julien Defossé, d’ailleurs. L’un comme l’autre profiteront de la nouvelle réglementation, qui leur permettra d’être simultanément affiliés à Gilly ».

« On cherche un gars de 2m10 et plus »

Par contre, pas de Tomas Van den Spiegel, qui a signé au Paf Bologne alors que Charleroi était prêt à lui faire un pont d’or. « Nous n’avons pas composé l’équipe en fonction de lui. En revanche, nous l’avons bâtie avec l’espoir de pouvoir compter sur un joueur de 2m10. Ce joueur-là, nous le cherchons toujours. Je n’ai pas nécessairement besoin d’un super talent, mais de quelqu’un capable de prendre des rebonds, qui intimide dans la raquette et qui accepte, lors de certains matches, de jouer un peu moins. Offrir un temps de jeu acceptable à tout le monde va être le gros problème de la saison ».

Bozzi repart donc en croisière pour une onzième saison à la tête des Spirous. Un trop long bail? « Je me suis déjà posé la question. Il m’arrive de m’isoler pour un moment de réflexion. Pour me demander si les joueurs ne ressentent pas parfois une certaine lassitude. Je pose aussi la question à Eric Somme. Qui me répond invariablement qu’il me maintient sa confiance. L’intérêt des Spirous passe avant tout. Avant celui de Bozzi et avant celui de Cleymans. L’objectif premier est d’être champion. Lorsque je devrai m’effacer pour que le club atteigne cet objectif, je le ferai. Ce sera peut-être dans un an, dans deux ans, dans trois ans. Je l’ignore. J’éprouverai peut-être le besoin, à un moment donné, de relever un nouveau défi. Je ressentirai peut-être également l’utilité de quitter Charleroi. Ou alors, c’est Eric Somme qui le jugera nécessaire. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. On décèle toujours beaucoup d’enthousiasme, aussi bien dans mon chef que dans celui du groupe, et je ne pense pas qu’il faille chercher dans un éventuel manque de motivation la cause de notre échec, la saison dernière. Je n’ai jamais eu l’impression que mon message ne passait plus. Ou alors, très occasionnellement, lors d’un match où cela n’a pas tourné comme je l’aurais souhaité. Mais pas de manière durable. Charleroi occupe une place à part dans mon coeur, et même si l’on me met à la porte, je n’oublierai pas les dix années que j’ai passées ici. Je dois beaucoup à ce club mais je pense aussi lui avoir apporté beaucoup en retour ».

Plus fort que l’an passé

Giovanni Bozzi estime l’équipe actuelle plus forte que l’an passé. « A ce niveau-là, il n’y a pas photo ». Dans ces conditions, le titre sera quasiment une obligation. « J’en suis conscient. Ostende, qui a su conserver Virginijus Praskevicius parce que l’Espagne hésite à ouvrir ses frontières aux joueurs de l’Est, sera encore redoutable. Mais nous aurons beaucoup plus d’armes pour battre les Côtiers cette saison-ci ».

Nouveauté cette saison: comme Anderlecht, les Spirous devront se farcir -avant même le début du championnat- deux tours préliminaires afin de se qualifier pour l’Euroligue. « A ce propos, je vais tenir le même discours qu’au Parc Astrid: ces matches arrivent un peu tôt. Mais, d’un autre côté: c’est un challenge génial. Contre Lisbonne, on devrait passer. Contre Jerusalem et Le Mans, ce sera du 50/50. A ce moment-là, en tout cas, il faudra être prêt à 100%. Nous aurons l’inconvénient de jouer le match retour en déplacement. Mais, si l’on passe, on aura vraiment droit à de très belles affiches ».

Daniel Devos

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