LES SOEURS WILLIAMS

Serena (à g.) et Venus Williams , si l’on tient compte du droit d’aînesse, Serena et Venus Williams, si l’on préfère privilégier leur classement respectif en tête de la WTA, sont deux joueuses d’exception. Justine Henin dit d’elles : « Beaucoup de gens n’aiment pas les Williams parce qu’elles donnent l’impression d’être irrespectueuses. Ce n’est pas le cas. Elles se moquent tout simplement de ce qu’on peut dire et penser à leur sujet. Elles n’en font qu’à leur tête et c’est justement ce qui les rend remarquables ».

Jamais nous n’avons vu évoluer au plus haut niveau des filles aussi insouciantes que les deux soeurs Williams par rapport à leur destin. Le stress, elles ne connaissent pas. Bien sûr, une fois qu’elles montent sur le court, elles ne recherchent qu’un seul et même but: gagner! Mais leur faculté de dédramatiser leurs défaites mais aussi, et surtout, leur victoires, est telle qu’elles sont protégées par une épaisse carapace, blindées comme les coffres-forts de Fort Knox.

La plus haute marche du podium est occupée depuis l’été par Serena, la plus jeune, et sur la position de dauphine trône Venus, l’aînée. 600 points séparent pour l’heure les deux soeurs. Normal, grâce à une saison éblouissante jusqu’ici, Serena, 21 ans le 26 septembre prochain, a tout raflé ou presque sur son passage. En ce y compris les titres de Roland Garros et à Wimbledon où elle a les deux fois pris le dessus sur Venus. Les autres, toutes les autres, sont loin derrière et on ne voit pas ce qui pourrait inverser la tendance dans les prochains mois, voire les prochaines années.

Richard Williams, le fantasque paternel qui ne sort plus sans son appareil photo muni d’un long zoom à la manière des meilleurs professionnels, avait raison. Lors du tournoi de Miami remporté par sa fille aînée en 1998 (son deuxième titre après celui récolté la même année à Oklahoma City), il avait proclamé haut et fort: « Regardez bien cette joueuse. Elle sera prochainement numéro un mondiale! » Et lorsque les plus impétueux lui avaient demandé s’il pensait que Martina Hingis, alors reine du circuit, serait sa plus dangereuse rivale dans les années à venir, il avait répondu par la négative. « La plus dangereuse rivale de Venus sera ma deuxième fille, Serena… »

Quatre ans plus tard, la prévision s’est donc avérée exacte. Pas mal pour quelqu’un dont on continue à mettre en doute les connaissances du tennis, et tant pis si c’est lui, et lui seul, qui leur enseigna le maniement de la raquette sur les courts publics de Compton, une banlieue mal famée de Los Angeles.

Serena et Venus totalisent déjà sept titres du Grand Chelem et quatre finales. Plus impressionnant: elles viennent de remporter quatre des cinq derniers tournois majeurs, seule Jennifer Capriati ayant réussi à interrompre la domination en Australie, au mois de janvier.

A bien y réfléchir, on peut penser que le tournoi australien ne sera jamais le terrain de chasse privilégié des soeurs Williams. Intervenant trop tôt dans la saison, elles ne s’y sont jamais présentées à 100% car la fin de l’année est trop propice aux distractions en tous genres.

Mais leur position en tête de la hiérarchie pourrait changer la donne. Car comme le dit si bien Venus lors de son intronisation à la première place mondiale en février dernier, suite à sa victoire au tournoi d’Anvers: « Quand vous évoluez sur un Tour professionnel, vous n’aspirez pas à être simplement la numéro 2 ou 3. Vous faites de votre mieux pour être la meilleure ».

Même s’ils risquent d’introduire une certaine lassitude dans le tennis féminin (les finales Williams-Williams n’auront bientôt plus qu’un attrait limité), les mois qui vont suivre seront toutefois intéressants. Ils permettront de savoir qui de Venus ou de Serena sera la plus motivée pour terminer la saison en pole-position.

Le défi proposé à l’aînée est beau mais il risque d’être gâché par le sentiment de protection qu’elle nourrit depuis toute gamine à l’égard de sa cadette. « Quand j’affronte Serena, j’ai autant envie de gagner que si je jouais contre une autre fille. La seule différence est que la victoire me fait moins plaisir ». Une différence plus importante qu’il n’y paraît…

Florient Etienne

L’écurie Williams totalise déjà sept titres de Grand Chelem

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