Les sept péchés capitaux

Bruno Govers

Le néo-promu ne brusselle pas. Pourquoi ?

1. Les erreurs de casting

Hormis Fritz Emeran et, dans une moindre mesure, Björn Helge Riise, on ne peut pas dire que la direction des Coalisés ait eu la main heureuse dans son recrutement d’été. Davy Theunis, renvoyé depuis lors, avait débarqué à la rue Malis avec un tendon d’Achille en compote et Istvan Dudas avec un retard conditionnel quasi incommensurable. Censé se refaire une santé sportive et morale sous les ordres d’ Emilio Ferrera, le coach qu’il avait connu à Beveren avant de tenter sa chance à La Gantoise la saison passée, Venance Zézé Zezeto n’est plus que l’ombre de l’attaquant déroutant qu’il était au Freethiel.

A l’exception de Kristof Snelders, qui a marqué un but et, surtout, des points à Mons, les autres engagés à l’automne sont toujours à la recherche de leurs meilleures sensations : de Bertrand Crasson à Vladimir Voskoboïnikov en passant par Laurent Wuillot. Leurs qualités ne sont pas mises en doute mais ils tardent à les exprimer. Or, chaque semaine est précieuse pour un mal loti.

2. L’indigence offensive

A l’intersaison, le président Johan Vermeersch n’a probablement pas eu le nez creux, non plus, en choisissant de se séparer de trois éléments qui avaient inscrit plus de 40 buts en 2003-04 : Ibrahim Tankary (18 buts), Dieter Dekelver (16) et Ive Thys (10). Si le dernier nommé n’avait sans doute pas le niveau pour tirer avec bonheur son épingle du jeu parmi l’élite, le président du Brussels est, sans conteste, allé un peu vite en besogne en se privant volontairement de deux goal-getters qui avaient l’avantage d’exciper d’un vécu en D1.

Une expérience que l’on ne relevait pas dans le chef d’ Aloys Nong et de Saïd Makasi, tous deux titularisés en pointe en début de saison mais qui ont fait long feu entre-temps. Depuis lors, le tandem formé de Kristof Snelders et Vladimir Voskoboïnikov a pris la relève mais cette association a été à peine plus prolifique : deux buts jusqu’ici. Le meilleur artificier local demeure le médian tchèque Richard Culek qui a toujours le bon goût d’émerger dans les mêlées. Mais il est en perte de vitesse ces derniers temps.

3. La friabilité défensive

Avec un passif de 25 buts en l’espace de 13 matches, le Brussels tourne à la moyenne de deux goals encaissés par rencontre. Un average qui le situe au même niveau que ses deux autres compagnons d’infortune que sont l’AEC Mons et le KV Ostende. Pourtant, ce secteur ne manque pas de footballeurs qui ont précisément des planches en D1 : les gardiens Patrick Nys et Istvan Dudas, ainsi que les défenseurs Bertrand Crasson (ex-Anderlecht et Lierse), Sammy Greven (ex-Antwerp), Fritz Emeran (ex-Racing Genk), Alberto Malusci (ex-AEC Mons) et Laurent Wuillot (ex-SC Charleroi et Standard). Sur le flanc gauche, Christ Bruno a, certes, commis l’une ou l’autre faute de placement. Mais il a également montré la voie à suivre aux siens lors du déplacement au Standard ainsi que lors du match à domicile contre le Club Bruges.

Il n’empêche que le 1-6 encaissé ce jour-là a manifestement laissé des traces. Depuis lors, effectivement, l’arrière-garde des Coalisés ne s’est plus jamais vraiment montré à la hauteur de sa tâche, croulant chaque fois sous les assauts adverses.

4. Le syndrome de la demi-heure

De toutes les équipes qui luttent pour le maintien, les rouge-blanc-noir sont à coup sûr ceux qui ont produit le meilleur football après un tiers de compétition. Même si leur jeu s’est quelque peu effrité au cours des semaines comparativement aux bonnes séquences montrées au départ de cette campagne face à La Louvière et au Standard notamment. Contre deux autres équipes bien classées, Anderlecht et Bruges, le Brussels avait eu la particularité de bien entamer le match û menant même face aux leaders actuels û avant de perdre le fil de leurs idées.

Cette tare a été relevée également en d’autres circonstances, au point que certains lui ont donné un nom : le syndrome de la demi-heure. Face au Club, le but égalisateur de Bosko Balaban était tombé à la 35e minute, devant Anderlecht, c’est Pär Zetterberg qui faisait mouche à la 33e, contre Beveren, Emmanuel Eboué arrachait l’égalisation à la 31e et Zéphirin Zoko en faisait de même lors du dernier match à domicile contre Ostende. Comme si une demi-heure d’attention constituait le maximum pour les joueurs.

5. Les tensions internes

L’ambiance étant souvent fonction des résultats, on ne s’étonnera pas si le climat n’est plus au beau fixe depuis quelque temps. Pour toutes sortes de motifs, évoqués voici huit jours dans nos colonnes, plusieurs joueurs avaient été évincés du noyau A avant d’y être à nouveau intégrés après un entretien constructif avec l’entraîneur. Fritz Emeran, Christ Bruno et Venance Zézé Zezeto ont donc joui tous trois d’un retour en grâce, contrairement à Christophe Kinet et Nicolas Flammini qui doivent se mettre en quête d’un nouvel employeur. Le premier est en contact avec Saint-Trond, le deuxième avec l’Union.

Tous les problèmes relationnels ne sont pas résolus pour autant puisqu’une querelle sévit toujours entre les anciens et les modernes en matière de prérogatives. S’il conserve la confiance d’une majorité, Emilio Ferrera ne fait toutefois plus l’unanimité non plus auprès de tous ses hommes, comme au début de la saison. Perfectionniste jusqu’au bout des ongles, le mentor des Bruxellois ne supporte ni les approximations, ni la médiocrité. Et il n’hésite jamais à tancer vertement ceux qui sont dans l’erreur. Une approche qui a le mérite de la franchise mais qui lui vaut aussi une certaine inimitié et même des rancoeurs au sein du groupe.

6. La peur de mal faire

Manifestement, plusieurs joueurs sont taraudés par le doute. Et, parfois, la peur de la victoire davantage que la hantise de la défaite leur coupe bras et jambes. La preuve par la dernière sortie, au stade Edmond Machtens, face à Ostende. En principe, les locaux auraient dû être sur du velours après le but d’ouverture paraphé dès la 18e seconde de jeu par Kristof Snelders. Mais au lieu de s’enhardir, ils se liquéfièrent de minute en minute en offrant finalement sur un plateau d’argent le goal égalisateur aux Côtiers. Après la pause, rebelote : malgré un nouvel avantage chanceux, les hommes d’Emilio Ferrera subirent à nouveau le match au point d’être rejoints pour la deuxième fois à la marque.

C’est une triste constante cette saison : à l’exception du déplacement au Standard, où les Coalisés avaient repris l’avance suite à l’égalisation magistrale d’ Eric Deflandre, jamais ils ne sont parvenus à conserver leur acquit. Et une seule fois seulement, ils ont réussi à renverser complètement la vapeur : à Mons où, par le biais de Richard Culek et Kristof Snelders, ils avaient répondu au but d’ouverture de Nicolas Goussé.

7. La faute à pas de chance

Depuis le début de la saison, c’est vrai que l’un ou l’autre faits ont souvent joué les éléments perturbateurs pour le Brussels. Mais peuvent-ils servir chaque fois d’excuse pour autant ? Lors de la première journée, le président Johan Vermeersch était monté aux créneaux sous prétexte que le but de la victoire du Racing Genk avait été inscrit à un moment où le match aurait déjà dû être terminé depuis longtemps. Face à Westerlo, l’exclusion imméritée de Sammy Greven a été fatale, suivie une semaine plus tard par le renvoi aux vestiaires de Patrick Nys et, plus tard encore, par son homologue Istvan Dudas à Saint-Trond. Contre Beveren, c’est le tackle malencontreux de Vladimir Voskoboïnikov sur la personne de Diabis qui a non seulement coupé les jambes de l’Ivoirien mais aussi et surtout de tous les Molenbeekois sur le terrain. Et pas plus tard que la semaine passée, c’est la sortie de Laurent Wuillot au profit d’Alberto Malusci qui aura déstabilisé toute la défense.

Petites causes, mais grands effets.

Bruno Govers

La direction n’a pas eu la main heureuse DANS SON RECRUTEMENT D’éTé

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