LES REMPLACEMENTS

Ici, des facteurs psychologiques et tactiques interviennent en-dehors des problèmes physiques, techniques ou de rendement.

L’aspect psychologique

Pénaliser un joueur par un remplacement à la moindre faute individuelle grave est une hérésie: elle pénalise le joueur mais également le groupe car cela met une pression énorme sur des joueurs qui à la moindre erreur individuelle sont immédiatement sanctionnés. Absurde: si l’entraîneur respecte totalement ce principe, dans certains matches, il ne pourra pas compter sur suffisamment de remplaçants!

Faire monter un joueur à cinq minutes de la fin alors que le score est acquis, lui fait ressentir un manque de considération ou de confiance de la part de son entraîneur. La remarque vaut également pour les matches amicaux ou de nombreux entraîneurs font entrer certains joueurs dans les dix dernières minutes. C’est inutile, car ce type de rencontre doit servir à voir ce dont les gars sont capables de réellement produire.

L’aspect tactique

Lorsque le score est acquis, l’entraîneur n’a plus de motivations tactiques, par contre, quand le score est serré, il existe différents paramètres d’analyse: le comportement de l’équipe, celui de l’adversaire, sa qualité, le temps restant à jouer et la situation au tableau marquoir.

Il faudra également tenir compte du fait s’il s’agit d’un match à élimination directe avec prolongation éventuelle. Enlever un pion majeur offensif ou défensif quand on est mené ou quand on mène au score est risqué car si on va aux prolongations, on s’en prive de manière définitive.

Menés au score, beaucoup d’entraîneurs réagissent souvent en introduisant des joueurs offensifs supplémentaires en remplacement de joueurs plus défensifs. Faire monter un joueur offensif pour apporter un plus grâce à sa fraîcheur physique est tout à fait logique.

Mais enlever un défensif n’est pas une obligation; pour deux raisons.

D’abord, le dispositif tactique de l’équipe pourrait perdre de son équilibre dans le cas où l’adversaire profite d’une désorganisation de l’équipe en perte de balle.

Ensuite, introduire un attaquant supplémentaire n’est pas nécessairement garant de production offensive supérieure car l’adversaire va réagir probablement en ramenant un défenseur supplémentaire. D’où, diminution d’espace et plus grande difficulté à trouver les solutions en zone de finition.

L’entraîneur devra évidemment tenir compte des paramètres classiques (cf. supra) plus le déroulement tactique des minutes précédant le changement (sommes-nous dominateurs dominés ou le match est-il équilibré?).

Le type de joueur à introduire va dépendre de tous ces paramètres. Il sera évidemment plus facile pour un entraîneur de D1 de faire le bon choix avec 18 joueurs sur la feuille de match.

Quand on mène au score, la réaction habituelle est d’enlever un offensif pour introduire un défensif en fin de match. Cela semble normal mais vouloir gagner un peu de temps est utopique car l’arbitre rajoute quelques secondes par remplacement. Plus tôt dans le match, remplacer un attaquant par un défenseur ou un médian défensif équivaut généralement à un recul conscient ou inconscient dans le jeu de son équipe.

Or, éviter de subir le jeu quand on mène au score est une évidence sauf dans le cas d’une équipe particulièrement adroite en contre-attaque et gérant sans trop de problèmes la pression adverse. Je serais donc partisan quand on gagne de garder son organisation et son dispositif sauf dans des circonstances tactiques bien précises (l’adversaire introduit des joueurs possédant des caractéristiques bien spécifiques auxquels il est préférable de s’adapter, nous sommes en infériorité voire en supériorité numérique).

Cas particluier: changer cinq joueurs de place à la mi-temps pour régler un seul problème, comme je l’ai constaté récemment en championnat de Belgique de D1, sèmera le doute dans l’esprit des joueurs quant à l’organisation mise en place par l’entraîneur…

En cas de match nul, les changements tactiques vont dépendre de la philosophie de l’entraîneur et des circonstances du match: veut-il gagner ou ne pas perdre?

Etienne Delangre

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