Les quatre mensonges du Board

J’arrête, ras-le-bol, je fatigue : ça fait trois heures que je surfe pour trouver des infos sur les membres de l’ International Board, en abrégé IFAB ! Trois heures que je m’emmêle les pinceaux sur la toile, pour tenter d’identifier les huit gars qui font beaucoup la pluie et un peu le beau temps sur la planète football : qui sont-ils, comment sont-ils désignés au sein de leur fédé et pour combien de temps, à quoi ressemblent leurs frimousses, aiment-ils le chocolat, quel âge ont-ils, donnent-ils parfois des interviews, de quelle partie du globe sont issus leurs quatre représentants FIFA non britanniques ? Pas même un f£tus de réponse : ni sur le site de l’IFAB qui n’existe pas, ni sur celui de la FIFA, ni sur celui de l’UEFA, ni en torturant Google par tous ses accès… Comme si ces huit gars (car ma main au feu qu’il n’y a nulle gonzesse) étaient virtuels, ou plus comploteurs que le franc-maçon le plus cachottier…

L’IFAB (1882) est plus ancien que la FIFA (1904), et c’est en 1913 que le premier (regroupant les quatre associations britanniques) a consenti à accueillir la seconde en son sein. Entre eux depuis un demi-siècle (1958), les règles sont immuables, l’IFAB est le maquereau de la FIFA : elle preste, il définit les sacro-saintes Lois du Jeu ; pour les modifier, faut que six des huit gars soient d’accord. La FIFA regroupe aujourd’hui 204 fédérations, mais quatre d’entre elles sont abonnées à vie au Pouvoir. Je n’ai rien contre les Gallois, mais je ne vois pas pourquoi on leur laisse le droit de dire fuck off aux autres, au lieu de prôner l’alternance : en fait, 204 fédés, ça fait pile 200 poules mouillées….

La dernière clownerie du Board date de début mars. Il a suspendu les tests technologiques pour juger le franchissement de la ligne de but par le ballon : rejetant une fois de plus aux oubliettes l’intégration de la vidéo dans le processus d’arbitrage d’un match, redemandant d’ailleurs que les deux bancs de touche n’aient pas accès aux écrans de contrôle. Le Board, trop prétentieux pour jeter un coup d’£il sur ce que la vidéo a apporté au rugby ou au tennis, sans pitié pour son contingent d’arbitres hebdomadairement vilipendés de par le monde… Et pour éclairer leurs décisions, les notables de l’ International Football Association Board, répètent inlassablement quatre affirmations mensongères :

1. La durabilité des Lois du Jeu, comme quoi le foot devrait son succès à des règles immuables. FOUTAISE, ce n’est grosso modo véridique qu’entre 1925 et 1985 ! Entre la préhistoire et 1925, ça n’a pas arrêté de changer. Et depuis une vingtaine d’années, on n’arrête pas de modifier/préciser annuellement des tas de lignes du règlement, modifications/précisions qui ne font qu’intensifier les possibilités d’interprétations divergentes.

2. La simplicité des Lois du Jeu, comme quoi le foot devrait son succès à des règles immédiatement intelligibles par tous. MENTERIE, des bazars comme le hors-jeu, la simulation, la faute de main volontaire ou le tacle correct sont inpigeables pour tout qui débarque ignorant dans notre petit monde, dans lequel le moindre coup de sifflet s’avère polémique.

3. L’ universalité des Lois du Jeu, comme quoi le foot devrait son succès au fait qu’il se pratique similairement de la dernière provinciale à la Coupe du Monde, et comme quoi la télé pour les stars viendrait rompre cette belle égalité. BILLEVESÉE, le Board confond avec le ping-pong, l’égalité est moche et rompue depuis lurette : c’est pas le même sport quand tu peux jouer dans la boue au lieu de sur un billard, quand tu disposes de zéro arbitre au lieu de quatre, quand la largeur du terrain est de 50m au lieu de 68m…

4. L’ aspect humain du jeu, comme quoi l’arbitrage y perdrait à se robotiser, alors que l’ erreur d’arbitrage serait séduisante parce qu’humaine. COUILLONNADE, c’est au contraire l’inhumanité du foot qui émerge lorsqu’on se castagne du terrain à la ville en passant par les gradins : et ne me dites pas que les jugements arbitraux, favorables aux uns, défavorables aux autres, n’ont pas leur part dans l’éclosion de certaines castagnes…

Voilà, à part ça rien de neuf pour 2008-2009, sinon que le Board a consenti un test, celui de deux arbitres supplémentaires derrière les buts, sans doute par jalousie de l’armada de décideurs au patinage artistique. Enfin… Il paraît -je le lis- que les huit gars du Board sont les gardiens du Temple. Ce doit être le Temple du Sommeil…

par bernard jeunejean

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire