Les prêts, voilà une bonne idée.

Cette fois-ci, je me suis focalisé sur le mercato. A part au Real, je n’ai pas l’impression que ça bouge beaucoup. On a énormément parlé des problèmes que les clubs rencontrent pour trouver des fonds. Ils s’orientent, en conséquence, vers des solutions moins coûteuses. Les prêts ont la cote. On a vu la saison passée que les clubs peuvent faire de véritables trouvailles. C’était le cas de Bordeaux avec l’arrivée de Yoann Gourcuff, en provenance du Milan AC, et ce sur base d’une location. Actuellement, Monaco essaie de se faire prêter le défenseur central Sébastien Puygrenier. Il appartient au Zenit Saint-Pétersbourg, qui l’avait loué à Bolton en janvier dernier. Les prêts, c’est une bonne idée mais la meilleure tactique est d’abord de prolonger les meilleurs éléments du noyau. Les joueurs prolongés constituent en général les meilleurs transferts. Evidemment, les clubs ne décident plus comme avant. Ils subissent une immense pression médiatique et il y a souvent énormément de pognon en jeu.

J’ai vraiment l’impression que les joueurs ont définitivement pris le pouvoir. A défaut de les laisser partir vers d’autres horizons, ils font la gueule. Ça aurait pu arriver avec Karim Benzema si Jean-Michel Aulas avait continué à marteler qu’il ne quitterait pas Lyon. A Munich, on rigole moins avec les envies madrilènes de Frank Ribéry. Je m’interroge vraiment sur la qualité de ses futures prestations si on l’oblige à rester.

Les aléas de la carrière d’un footballeur compromettent aussi la réussite des transferts et sèment le trouble en cette période de transferts. Lille vient de signer le gardien du PSG, Mickaël Landreau, et a demandé à son titulaire de la saison passée, Grégory Malicki, de dégager. Manque de bol : Landreau s’est explosé les croisés à l’entraînement samedi matin. Le LOSC va donc devoir aligner son troisième gardien, Ludovic Butelle. Un vent de paniques est donc en train de souffler. Il ne fait vraiment pas bon être gardien à Lille. La même mésaventure était arrivée à Teddy Richert à l’époque où j’officiais encore. Il avait signé chez nous au moment de la montée du club en D1. Il provenait de Bordeaux. A peine arrivé, il s’est pété le tendon d’Achille. On a donc dû aligner, à nouveau, Grégory Wimbée, avec qui le LOSC était monté. Wimbée est par la suite devenu indétrônable à ce poste et Richert est parti à Sochaux, où il a joué sept saisons.

D’autres problèmes peuvent survenir au moment de la signature d’un joueur. Monaco vient d’en faire les frais avec Steve Savidan, l’attaquant de Caen. Son transfert était complètement finalisé. Marc Keller, le directeur général de l’AS, avait travaillé jour et nuit pendant un mois sur ce transfert. Tout a foiré au dernier moment parce que lors de la visite médicale, une anomalie cardiaque a été détectée. Verdict : sa carrière est terminée. C’est horrible pour Savidan. Et ça fout Monaco dans la merde. Vas-y pour trouver un attaquant de ce calibre et aussi peu cher, à trois semaines de la reprise ! Les attaquants de qualité à cinq millions ne courent pas les rues. Demba Ba, après une seule saison en Bundesliga avec Hoffenheim, coûte déjà 12 millions. Les prix ont vraiment explosé. Monaco n’est pas le seul club à devoir trouver d’urgence un attaquant. C’est aussi le cas de Lyon. D’ailleurs, je ne comprends vraiment pas pourquoi Aulas n’a toujours pas approché Dieumerci Mbokani.

Les joueurs ont vraiment le beau rôle actuellement mais certains entraîneurs tentent de rester fermes. Jérôme Rothen, le milieu du PSG, s’est épanché récemment dans la presse et ça n’a pas plu à son nouveau coach, Antoine Kombouaré. Rothen a été mis à pied pendant une semaine. De nombreux joueurs reviennent en retard de leurs vacances et invoquent souvent des retards d’avions et des problèmes de correspondances. Ils se foutent de la gueule de qui ? Ces mecs sont presque logés, nourris, blanchis. Tout ce qu’on leur demande, c’est d’être sérieux, de s’entraîner correctement et de bien jouer au foot. Les entraîneurs, eux, n’ont vraiment pas la vie facile. Après trois défaites, ils ont une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête. En plus, quoi qu’ils fassent, ils sont toujours critiqués, et ce souvent à cause des joueurs. C’est une des raisons pour lesquelles, on se dirige de plus en plus vers le système à l’anglaise, dans lequel les coaches sont de véritables managers et choisissent leurs recrues. Actuellement, il est devenu indispensable de faire participer l’entraîneur à la politique de recrutement. l

par stéphane pauwels – propos recueillis par tim baete

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