Les présidents ont toujours raison

Dans le cadre de son interview publiée il y a deux semaines, le président exécutif du Standard Lucien D’Onofrio nous avait précisé que les ambitions sportives du club se résumaient pour cette saison à deux choses. Un : sortir des poules de la Coupe de l’UEFA. Deux : terminer, au moins, dans le top3 du championnat. Selon lui, ces visées belges n’étaient pas trop modestes, le tout étant  » de pouvoir poursuivre nos campagnes européennes la saison prochaine « .

D’Onofrio n’a jamais placé une pression inutile sur son équipe ; tout au plus est-il présent très souvent à l’entraînement pour voir comment ça se passe et a-t-il des contacts directs avec l’un ou l’autre joueur quand ça s’impose. Une conduite réaliste, basée sur les possibilités réelles du club et qui va dans le sens de ce que Laszlo Bölöni a déjà déclaré en conférence de presse :  » Le Standard possède un noyau très étroit.  » C’est perceptible depuis le départ de Marouane Fellaini et D’Onofrio n’a jamais caché que le mercato d’hiver pourrait être mis à profit par le Standard. Sans doute plus pour se renforcer sportivement en engageant… que financièrement, en vendant.

Le président de Charleroi Abbas Bayat a joué au poker la semaine passée et on pourrait croire qu’il a gagné. Ulcéré par la conduite de son équipe à Lokeren, il a menacé de se séparer de son coach car l’équipe ne s’entraînait pas assez. Quelques jours plus tard, les Zèbres gagnaient au Standard. Evidemment pas parce que Thierry Siquet a augmenté l’intensité des entraînements du lundi au jeudi ! Charleroi a-t-il gagné grâce ou malgré le coup de gueule présidentiel ? On ne le saura jamais. Tout juste peut-on estimer que Bayat a sans doute réveillé des joueurs qui ont toujours cru en Siquet… mais qui ne le montraient peut-être pas assez.

Il a toujours été impossible d’expliquer rationnellement l’alchimie des rapports entre la direction d’un club et les résultats de son équipe. Sans doute peut-on, en gros, établir que comme dans une relation parents-enfants, il y a des limites qu’on ne peut pas franchir… tout en jouant sur l’émotionnel en faisant passer le message de la déception parentale dans des situations d’échec. De toute manière, comme le disent les psys contemporains, il vaut mieux être trop sévères avec les jeunes que pas assez, autrement on se fait marcher sur la tête. C’était, notamment, le genre de question qu’on se posait la semaine dernière dans Sport/Foot Magazine à l’égard d’Anderlecht…

Deux jours plus tard, le président mauve Roger Vanden Stock parla du sponsor historique du club (Fortis, anciennement Générale de Banque ; 28 ans de mariage) en termes très imagés :  » On ne jouera plus avec Fortis sur notre maillot à l’avenir. Ce nom est désormais synonyme de perdant.  »

Faux pas en termes de communication dont Anderlecht est coutumier, ou amalgame malheureux ? Les faits donnent en tout cas raison à RVDS. Fortis a été racheté par BNP Paribas et, si cette dernière décidait d’aller au-delà du contrat de sponsoring d’Anderlecht en juin prochain, ce ne sera assurément plus sous le nom Fortis. Mais rien n’est moins sûr : le sponsoring sportif de BNP Paribas vise surtout le tennis avec Roland-Garros, la Coupe Davis ou la Fed Cup. Au total, la banque française y consacrerait un budget de 20 millions d’euros.

RVDS avait en fait lancé un message vite décrypté puisqu’on parla très vite d’autres sponsors potentiels pour le club bruxellois ; dont Belgacom. Mais l’opérateur téléphone-internet-TV (qui est déjà sponsor du foot belge par le biais des droits de la D1 et d’Anderlecht via RSCA TV) apportera-t-il l’équivalent de près de 10 % du budget mauve, à savoir trois millions d’euros ? Nul ne le sait pour l’heure, mais il ne fallait en tout cas pas prendre la déclaration de RVDS à l’égard de Fortis au pied de la lettre et croire qu’Anderlecht allait jouer sans sponsor maillot, comme Barcelone avant l’ère Unicef.

PAR JOHN BAETE

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