Les pourris courent toujours

Quelques jours plus tôt, le suspect Blanckaert avait rencontré Allatta à Bruxelles…

Il y a une dizaine de jours, l’arrière central et capitaine de Tournai FabienDelbeeke nous téléphone pour s’assurer que Sport/ FootMagazine est bien en train de réaliser un reportage sur les rituels et superstitions des footballeurs. Ce n’est pas le cas. Or, assure-t-il, il a été contacté par un certain Patrick, qui s’exprimait en français avec un accent flamand et prétendait être un de nos journalistes qui lui a demandé ses petites manies. Delbeeke comprend alors qu’il a été victime d’une tentative de corruption ou d’escroquerie.

Le lendemain de Tournai-Lierse du mercredi 24 mars, il reçoit à son domicile la visite de policiers de… Malines venus perquisitionner. Ils ont été alertés par le Lierse, déjà au centre de pratiques douteuses dans le passé, qui venait d’être approché.

HermanHelleputte, l’ancien entraîneur et désormais directeur sportif du club, nous confirme avoir rencontré GustaveBlanckaert, 66 ans, radié à vie par l’Union belge, sur le parking du stade.  » On n’a pas parlé argent « , explique Helleputte.  » Il m’a simplement demandé si on était intéressé par ses services, car il pouvait nous aider à remporter le titre de D2. J’ai immédiatement averti ma direction qui en a fait de même avec la police et la fédération.  »

C’est la police qui a piégé Blanckaert et l’a arrêté avant de le relâcher sous conditions très dures. Comment : un policier s’est glissé dans un groupe de négociateurs du Lierse et l’homme, croyant avoir affaire à un collaborateur de SamyMaged, le patron égyptien du club, a indiqué qu’il en coûterait 100.000 euros pour avoir recours à ses services. S’agissait-il d’une véritable corruption ou d’un bluff, visant à extorquer 100.000 euros du Lierse pour un match qui n’était pas arrangé ? C’est difficile à déterminer au stade actuel.

Et quel est le lien entre la superstition et la corruption ? Tout simplement, la réalisation d’un rituel (en l’occurrence, abaisser et remonter une chaussette en entrant sur le terrain) devait être un signal envoyé aux joueurs du Lierse pour signifier que c’était lui, le joueur acheté, par qui il fallait passer pour se voir ouvrir la voie du but.

Mais il y a autre chose : le 3 mars (jour de Belgique-Croatie), Blanckaert a rencontré Pietro Allatta à midi au bar de l’hôtel bruxellois Conrad… où une dizaine de Diables Rouges et le staff de Dick Advocaat se trouvaient aussi ! Allatta, contacté à l’Ile Maurice, où il séjourne depuis le scandale Zheyun Ye en 2006, a confirmé la rencontre :  » On s’est vu là par hasard, on a bu un café et voilà, c’est tout.  » Mais bien sûr. A l’époque où on associa Allatta à Ye en Belgique, il rencontra déjà Blanckaert, notamment dans le cadre du sulfureux SK Renaix. Ce qu’Allatta nie :  » Je n’ai jamais travaillé avec Blanckaert, on a juste essayé de placer un joueur en Italie un jour mais ça n’avait pas marché. Je ne savais même pas qu’il avait été arrêté…  »

PAR DANIEL DEVOS ET JAN HAUSPIE

Abaisser une chaussette devait servir à signaler qu’on était le joueur corrompu.

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