Les patrons du foot belge

De plus en plus d’hommes d’affaires belges et étrangers investissent des fortunes en Belgique. Quelle est leur réelle motivation : l’amour du sport, le pouvoir, la reconnaissance ou le retour sur investissement ?

C’est une première dans l’histoire du football belge. Pour la saison 2011-2012 qui vient de démarrer, le plus riche actionnaire du foot noir-jaune-rouge n’est pas Roland Duchâtelet (qui s’est offert le Standard pour 40 millions d’euros), ni les familles Vanden Stock et Colin (qui tirent les ficelles du Sporting d’Anderlecht dont le budget flirte avec les 35 millions d’euros), mais bien un conglomérat asiatique qui scelle le destin d’un club de D2 ! Avec un chiffre d’affaires annuel gravitant autour du milliard de dollars, le groupe indonésien Bakrie & Brothers est devenu, au printemps dernier, le nouvel actionnaire majoritaire du CS Visé, l’équipe fétiche d’une petite ville qui ne compte même pas 20.000 habitants et qui a terminé à la cinquième place du dernier championnat de D2.

Mais que vient donc faire un géant de l’industrie indonésienne -actif dans l’exploitation minière, les télécoms, l’agriculture, le pétrole et la métallurgie – au c£ur de cette aventure footballistique belgo-belge ? Si l’arrivée de Bakrie & Brothers peut a priori sembler suspecte, elle n’en est pas moins salvatrice aux yeux de celui qui en a habilement ficelé le dossier : Guy Thiry, président de Visé depuis 19 ans et lui-même à la tête d’une petite dizaine de sociétés qui emploient quelque 250 personnes dans les secteurs de la distribution, du textile et de l’immobilier et affichent ensemble un chiffre d’affaires global de 80 millions d’euros. Car l’homme, à lui seul, incarne toutes les joies et toutes les frustrations d’un entrepreneur qui s’est pris, un jour, au jeu délicat de la gestion d’un club.

 » Durant toutes ces années, j’ai mis énormément d’argent de ma poche pour sauver le club « , confie Thiry.  » Je l’ai fait sans regret car j’ai pris beaucoup de plaisir à faire monter Visé de Provinciale en D2, mais à un moment donné, on en a tout simplement assez de dépenser sans compter et on n’a plus d’autre choix que d’espérer trouver de nouveaux investisseurs.  » Selon nos informations, ce ne sont pas moins de 5 millions d’euros que ce patron belge aurait ainsi personnellement injecté dans le club pour entretenir, à perte, son rêve footballistique. Fatigué mais toujours passionné, Thiry s’est donc mis à la recherche de financiers potentiels il y a trois ans. Et lorsque les Indonésiens de Bakrie & Brothers ont pointé le bout du nez (après avoir d’abord envisagé une éventuelle reprise du Brussels), le président visétois n’y a pas cru.  » Avec leur argent, ils auraient pu racheter le Standard sans problème « , s’exclame Thiry.  » Je leur ai dit de le faire ! Mais cela ne les intéressait pas. Ils préféraient construire quelque chose en douceur plutôt que d’étaler leur fortune en s’offrant un grand club de D1. « 

Opération d’image

A vrai dire, la stratégie du groupe asiatique est plus subtile qu’il n’y paraît. En s’intéressant à un club de D2 qui affichait un budget d’un million d’euros l’année dernière, l’empire Bakrie & Brothers – avec une capitalisation boursière de l’ordre de 800 millions de dollars – joue la carte de l’investissement à long terme et surtout celle d’une belle opération d’image. Car le groupe jadis dirigé par les trois frères Bakrie, dont un certain Aburizal classé 10e fortune d’Indonésie par Forbes et candidat à la présidence de son pays en 2014, a trempé il y a cinq ans dans un gros scandale politico-écologique. Depuis, le groupe familial tente de redorer son blason en multipliant les initiatives  » sympathiques  » et en soutenant des projets constructifs, notamment dans le monde du football. Ainsi, Bakrie & Brothers possède désormais l’équipe indonésienne du Pelita Jaya, 20 % des parts du club anglais de Leicester City et une école de joueurs en Uruguay. Il veut briller à terme sur la scène européenne en plaçant idéalement l’un ou l’autre de ses nationaux dans le championnat belge.

Bref, avec le CS Visé dans son portefeuille, le conglomérat indonésien vise clairement la D1 dans les trois ans et se donne de gros moyens pour y parvenir. En coulisses, il se chuchote que Bakrie & Brothers aurait déboursé plus de 6 millions d’euros pour devenir l’actionnaire majoritaire du club et qu’une enveloppe de quelque 20 millions supplémentaires serait déjà prévue  » pour faire tourner la machine « . Quoi qu’il en soit, le budget du CS Visé a d’emblée été multiplié par cinq pour cette saison (passant ainsi à 5 millions d’euros, soit presque autant que Mons en D1 !) et la masse salariale a été triplée, culminant aujourd’hui à une petite centaine de personnes. Cerise sur le gâteau des fiançailles belgo-indonésiennes : une quinzaine de Mercedes flambant neuves ont également été commandées par le club et le projet d’un nouveau stade de 13.000 places (contre 5.500 actuellement) est à l’étude.

Si Aga Bakrie, fils de l’un des trois frères du groupe indonésien, et son homme de confiance italien Roberto Regis Milano deviennent respectivement chairman et CEO dans le nouvel organigramme, Thiry reste président honoraire du CS Visé.  » Avec l’arrivée de ces nouveaux investisseurs, Visé est aujourd’hui l’équipe qui a le plus d’avenir financier dans tout le football belge « , clame fièrement cet entrepreneur de 54 ans.  » Mais au-delà de ce constat, c’est surtout le renouveau économique d’une ville qui se joue ici avec de réelles retombées financières pour toute une région.  »

Des mécènes étrangers

Car excepté ce conte de fées made in Indonesia, on ne peut pas dire que les clubs de foot belges brillent par l’excellence de leurs finances. Bon nombre d’entre eux doivent leur salut à la générosité de quelques hommes d’affaires. Et dans la série des entrepreneurs qui jouent le rôle de mécènes providentiels, les investisseurs étrangers ne sont pas vraiment l’exception. Ainsi c’est l’Egyptien Maged Samy qui tient à bout de bras le destin financier du Lierse dont l’exercice 2009-2010 s’est soldé par une perte sèche de plus de 4 millions d’euros. Président du club, l’homme est surtout à la tête de la société Wadi Degla (branche immobilière du holding égyptien Wadi Degla Holding Company) spécialisée dans la construction de résidences de luxe et de marinas, mais aussi dans la gestion de complexes sportifs. Fortuné, l’homme aurait déjà dépensé une grosse dizaine de millions d’euros (certains parlent même de 20 millions) au Lierse, par amour du foot, tout simplement.

Beaucoup plus sensible à la notion du retour sur investissement, Abbas Bayat est lui aussi une figure exotique et bien connue du paysage footballistique belge. Président et propriétaire du Sporting de Charleroi depuis 11 ans déjà, cet homme d’affaires américano-iranien tient la boutique carolo comme une véritable PME et est l’un des très rares gestionnaires de D1 à présenter une comptabilité hautement bénéficiaire au terme de l’exercice 2009-2010 avec un résultat net de 1,7 million d’euros (sur un chiffre d’affaires de 8,5 millions). Du haut de son bureau bruxellois qui est également le siège de sa société Sunnyland Distribution principalement spécialisée dans la commercialisation de jus de fruits (33 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009), Abbas Bayat gère le club carolo comme un vrai businessman ;

 » Je suis avant tout un chef d’entreprise à but lucratif « , reconnaît sans détour l’homme d’affaires domicilié à Boston.  » Mon objectif premier a toujours été de faire de ce club une entreprise saine et rentable, avec des bénéfices, dans le but de la revendre un jour. Mon intérêt dans le football belge en tant que tel est limité. Mon vrai plaisir, c’est de redresser des sociétés et de prouver, dans ce cas-ci, que l’on peut gagner de l’argent avec un club de foot. « 

Le patron des Zèbres n’est pas un novice. A 64 ans, Abbas Bayat peut se targuer d’avoir repris, reboosté et revendu avec une plus-value des marques aussi prestigieuses que Looza, cédée à Dole en 1993 (ces jus de fruits appartiennent aujourd’hui à PepsiCo) et surtout les eaux Chaudfontaine vendues au groupe Coca-Cola en 2003. Certes, sur le plan sportif, Charleroi vient de descendre en D2  » à cause d’un problème de gestion interne sur le plan sportif uniquement « , dixit Abbas Bayat mais sur le plan financier, le businessman se targue d’avoir bel et bien réussi sa mission.  » J’ai repris un club qui était au bord de la faillite et qui s’est avéré être beaucoup plus endetté que ce que l’on m’avait dit à l’époque « , enchaîne le bouillant président. Depuis, Sunnyland Distribution y a investi un peu plus de 10 millions d’euros et le Sporting dégage des bénéfices nets depuis cinq ans.

 » Aujourd’hui, il s’agit d’une entreprise rentable que je revendrai le moment venu. Ce n’est pas si difficile, finalement. Car contrairement à un business classique, on peut prévoir 95 % des coûts et 80 % des recettes en début de saison dans cet univers de concurrence amicale qu’est le football. C’est quand même plus facile que la gestion journalière d’une usine où il faut prendre en compte le cours des matières premières, l’IT et l’investissement en machines… « 

Que des ennuis !

Cet avis tranché sur la prévisibilité du business footballistique, le président du RAEC Mons ne la partage absolument pas.  » Monsieur Bayat avait-il prévu de descendre en D2 ? », taquine Domenico Leone qui a accompli le chemin inverse avec la montée de l’Albert en D1 pour cette nouvelle saison.  » Ce n’est pas si facile de gérer un club de foot. Car il suffit parfois d’un penalty raté pour voir une saison chamboulée et donc le business model complètement modifié. Et ça, en tant que chef d’entreprise, c’est assez perturbant !  »

Président et unique actionnaire des Dragons depuis 10 ans déjà, Domenico Leone est aussi l’administrateur délégué de la Société de Gestion Industrielle (SGI), un groupe actif dans les matériaux réfractaires, le transport d’énergie et l’immobilier, qui emploie quelque 600 personnes et dont le chiffre d’affaires était de 51 millions d’euros en 2010. Lui non plus n’a jamais hésité à investir sa fortune personnelle dans l’univers du ballon rond – on parle de plusieurs millions d’euros, mais le patron de l’Albert refuse catégoriquement de s’exprimer sur le sujet – et de se battre corps et âme pour que Mons garde un ancrage footballistique digne de ce nom.  » Je me suis retrouvé dans cette aventure par hasard « , confie Domenico Leone.  » Et si je lâche tout aujourd’hui, sans passer le relais à un autre investisseur, il ne restera plus rien de ce club ! Car dans le football, on perd d’office de l’argent, sauf peut-être si on occupe le haut du tableau. Moi, ça ne m’a rien rapporté. Zéro ! Pas d’argent, pas de réseau, que des ennuis ! Et si je reste aujourd’hui dans ce club, c’est parce que je suis quelqu’un de passionné en affaires et que le rôle d’un actionnaire n’est certainement pas d’abandonner son entreprise en mauvaise santé. (NDLR : au terme de l’exercice 2009-2010, Mons a subi une nouvelle perte nette d’un million d’euros). Mon conseil est donc clair : n’investissez jamais dans le football !  »

Si le président montois ressent toutefois une certaine fierté d’avoir fait monter son club à trois reprises en D1 en l’espace de 10 ans et à avoir entendu son nom joyeusement scandé par 11.000 supporters en délire sur la place de Mons en mai dernier, il n’en demeure pas moins lassé des risques perpétuellement encourus et envisage de passer le relais à un autre investisseur ; à l’instar de Luciano D’Onofrio qui a revendu toutes les parts qu’il détenait au Standard. Leone se dit fatigué de devoir composer avec un outil de travail peu conforme avec la D1 (les travaux d’agrandissement du stade ne seront probablement pas terminés avant 2014).  » Et surtout une mauvaise répartition des sponsors dans le championnat belge alors qu’il n’y a plus que deux clubs wallons en D1 « , déplore Leone qui, ironie du sort, a signé un partenariat avec les Vérandas Willems pour orner le maillot de ses joueurs :  » Une entreprise flamande, c’est incroyable !  »

Hausse des présidents-patrons

On l’aura compris : être à la fois chef d’entreprise et président d’un club de football n’est pas une sinécure. Et pourtant, les patrons du secteur privé semblent se multiplier depuis quelques années à la tête des clubs de D1. Qu’ils soient actionnaires ou pas de leur équipe fétiche, les hommes d’affaires sont une très grosse majorité à être désormais les présidents de la plus grande compétition de foot belge. Sur les 16 clubs de D1, seuls trois (Courtrai, Malines et Genk) ne sont pas cornaqués par de vrais businessmen, mais par des avocats ( Joseph Allijns et JohanTimmermans pour les deux premiers) et un notaire ( Herbert Houben à Genk). Les autres clubs de D1 sont présidés par des personnalités toujours actives dans le monde de l’entreprise  » non footballistique « , à l’exception de Roger Vanden Stock dont le destin est exclusivement scotché à la cause anderlechtoise (et dont la famille a fait fortune dans les fameuses gueuzes et krieks Belle-Vue), et de Benoît Morrenne qui a récemment quitté son poste de managing director chez Kia Belgium pour embrasser à plein temps la présidence du club de Saint-Trond, suite au départ précipité de Duchâtelet vers le Standard.

Ainsi, dans les autres formations non encore citées, on retrouve par exemple Roger Lambrecht à Lokeren, administrateur délégué de VP Lam Holding, une société active dans le secteur du pneu (34 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009), tandis que Frans Schotte, CEO de la chaîne de librairies néerlandophones Standaard Boekhandel (126 magasins et un chiffre d’affaires de 185 millions d’euros en 2010) préside encore aux destinées du Cercle Bruges jusqu’à fin 2011. A Westerlo, c’est Herman Wijnants, un gros importateur de fromages hollandais, qui tient la boutique, alors qu’ Ivan De Witte, CEO de la société de recrutement Hudson Belgique (26 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010), occupe la présidence de La Gantoise. Quant à Zulte Waregem, c’est Willy Naessens, grand patron des constructions du même nom (12 millions de chiffre d’affaires en 2009) qui en est le président, aujourd’hui secondé dans sa tâche par le CEO et actionnaire du club Patrick Decuyper, cofondateur d’Enfinity, une société spécialisée dans les énergies renouvelables (253 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009).

Et puis, il y a les  » nouveaux venus  » de la D1 comme Jan Callewaert, président d’Oud-Heverlee Louvain, qui est le CEO fondateur d’Option, une entreprise active dans les nouvelles technologies sans fil, et qui fut notamment élu Manager de l’Année par Trends-Tendances en 2005. Mais aussi Bart Verhaeghe, CEO de la société Uplace spécialisée en  » revitalisation urbaine  » ( sic) et nommé président du Club Bruges en février dernier, tout comme Patrick Vanoppen, un promoteur immobilier à la tête des sociétés Vivimmo et Vinvinvest, qui est désormais le nouveau patron du Beerschot depuis qu’il en est devenu l’actionnaire majoritaire au même mois de février.

L’homme qui valait un demi-milliard

Mais c’est évidemment Roland Duchâtelet, businessman richissime et ex-président de Saint-Trond, qui a attiré sur lui tous les projecteurs de la D1 à l’aube de cette saison en devenant le nouvel homme fort du Standard. Classé 18e Belge le plus riche, Duchâtelet pèserait 502 millions d’euros et n’a donc pas dû se sentir trop délesté lorsqu’il s’est offert le club de Sclessin pour 40 millions. Agé de 64 ans, l’homme d’affaires a fait fortune dans la production de composants électroniques pour le secteur automobile, notamment via Melexis, une société cotée sur Euronext et dont la capitalisation boursière est de l’ordre de 488 millions d’euros en 2011. Et son holding Elex (à travers lequel il vient de racheter le Standard) a récemment vendu deux entreprises, Epiq et Sensor-Nite, pour un montant global de quelque 270 millions d’euros. Bref, Duchâtelet, qui est aussi le fondateur du parti Vivant et qui fut sénateur Open VLD de 2007 à 2010, est plus que sur le velours pour mener à bien sa nouvelle aventure footballistique avec les Rouches, après s’être déjà illustré jadis dans les tribunes du Beerschot et de Saint-Trond.

Mais quelle peut être la motivation réelle d’un patron d’une telle envergure à vouloir se payer un grand club de foot belge ? Le pouvoir ? Le retour sur investissement ? Le prestige ? Le networking ? La reconnaissance ? L’amour du sport ? Ou un peu de tout ça ? Evidemment, nous avons voulu poser cette question (parmi d’autres) au principal intéressé, mais Duchâtelet a refusé de nous accorder une interview.

A l’Université Libre de Bruxelles, Jean-Michel De Waele, doyen de la Faculté des Sciences sociales et politiques et responsable d’un cours intitulé Sport et politique, livre son point de vue d’expert sur le sujet :  » Il y a effectivement plusieurs raisons à vouloir s’offrir un club de football lorsque l’on est chef d’entreprise. Il y a d’abord la logique financière : on peut réussir des coups fumants en revendant non seulement des joueurs achetés bon marché à un prix nettement plus élevé, mais aussi le club lui-même avec une belle plus-value quelques années plus tard. Il y a ensuite la logique du supporter de foot : plutôt que de se payer un yacht ou un château sur la Loire, on se fait plaisir en s’offrant un club en vue. C’est la fameuse danseuse du président. Enfin, il y a la logique du réseau : en acquérant une équipe renommée, on reçoit d’office un ticket d’entrée dans le monde des gens importants. Les portes s’ouvrent et l’on est alors invité à des événements de prestige qui peuvent déboucher sur de réelles opportunités de business. Avec le Standard, M. Duchâtelet va incontestablement doper sa notoriété et très probablement ses affaires. A ce titre, il pourra désormais téléphoner à n’importe qui, et ça, c’est le vrai pouvoir. Bref, il va donc réussir là où il a connu précédemment l’échec avec le club de Saint-Trond et le parti Vivant.  » Perspicace.

PAR FRÉDÉRIC BRÉBANT

Bon nombre de clubs doivent leur salut précaire à la générosité de quelques hommes d’affaires sans qui leur avenir serait tout simplement compromis.

Sur les 16 clubs de D1, seuls trois (Courtrai, Malines et Genk) ne sont pas cornaqués par de vrais businessmen.

 » Ce n’est pas si facile de gérer un club de foot. Car il suffit parfois d’un penalty raté pour voir le business model complètement modifié.  » Domenico Leone

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