LES PARADOXES DU FOOT

Les pronostics de décembre 2004 ne se sont pas nécessairement vérifiés.

La reconversion précoce de Walem

Il y a un an, Johan Walem jouait encore en Italie. Il était heureux du rôle qui lui avait été confié, en soutien de deux attaquants. Un an plus tard, il n’est plus footballeur.

Gilbert Bodart :  » C’était un joueur que j’appréciais énormément. Un style plaisant, une longue passe très précise, un coup de patte dévastateur sur coup franc. Il avait accumulé une longue expérience et, ce qui ne gâte rien, c’était un gentil garçon, très correct. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas qu’aucun club belge ne lui ait proposé un contrat. Une question financière ? Ne me dites pas qu’au crépuscule de sa carrière, on ne peut pas faire abstraction de cette question matérielle et réduire ses prétentions pour le plaisir de se retrouver sur un terrain ? Johan avait encore les moyens de jouer trois ou quatre ans à un très bon niveau. A l’heure qu’il est, on ne le voit plus sur un terrain mais dans la tribune, comme consultant de Belgacom TV. D’aucuns diront qu’il a déjà entamé sa reconversion. Certes. Pour ma part, et même si j’apprécie également beaucoup ses commentaires venant d’un homme qui connaît le milieu, je persiste à penser qu’il a arrêté sa carrière beaucoup trop tôt « .

Les deux buteurs ne sont plus indispensables

Il y a un an, Nenad Jestrovic et Bosko Balaban avaient été réunis pour évoquer le duel entre Anderlecht et Bruges. Ils s’estimaient, l’un et l’autre, indispensables pour leur équipe.

 » Aujourd’hui, loin d’être indispensables, ils sont sur le départ. Jestro écoute les sirènes venues d’un peu partout, des Emirats Arabes Unis ou d’Andalousie, et il devrait quitter Anderlecht incessamment. Le Sporting ne le chasse pas, mais comme on dit pudiquement dans le milieu, ne le retiendra pas non plus. Quant à Balaban, il semble surtout préoccupé par sa future destination, en fin de saison. Comme quoi, en foot, un jour on est tout, un an plus tard on n’est plus rien « .

De Sart avait beaucoup d’espoirs

Il y a un an, un portrait de Jean-François de Sart avait été dressé : coach de l’équipe nationale Espoirs à ses heures et gérant d’une agence bancaire en journée.

 » Je trouve que Jean-François de Sart est le coach idéal pour une équipe nationale de jeunes. C’est un excellent formateur, qui gère parfaitement son groupe et reste calme en toutes circonstances. L’échec, lors du dernier match face à l’Ukraine, ne modifie en rien ma très bonne opinion. D’aucuns lui ont reproché des erreurs tactiques, ce soir là, à Lokeren. Ce n’est pas, à mon sens, le plus important. L’essentiel, à ce niveau, est de découvrir les talents de demain. Et, dans ce domaine, il connaît parfaitement son métier. La Belgique a beaucoup de chance de pouvoir compter sur un homme comme lui. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il aurait dû devenir le nouveau sélectionneur des Diables Rouges, car d’autres qualités sont requises pour ce poste, mais au niveau des jeunes, il est réellement l’homme de la situation. Il n’extériorise pas ses émotions, ne semble jamais nerveux. Son détachement me fait un peu penser à Georges Grün. C’est très bien, lorsqu’on s’occupe des jeunes, de ne pas s’emporter. Il a un caractère facile, mais il sait ce qu’il veut et fait très bien son travail. J’espère que le football belge pourra encore longtemps compter sur lui « .

Roussel était heureux de revenir

Il y a un an, Cédric Roussel était heureux de quitter la Russie afin de se relancer au Standard.

 » Cédric se faisait une joie de rejoindre Sclessin, là où il avait évolué dans sa jeunesse. Un an plus tard, la joie a laissé la place à l’amertume. Ce puissant attaquant se retrouve dans la cave. Les six mois qui viennent seront décisifs pour la suite de sa carrière. Il doit absolument trouver un club où il aura l’assurance de jouer. Il a assez perdu de temps. Que d’années gâchées, jusqu’à présent ! A côté de périodes prolifiques, que de périodes décevantes… Certes, je ne vois pas comment il s’entraîne et je ne peux donc pas porter de jugement à ce sujet, mais je me souviens que lorsqu’il jouait, il faisait parfois étalage d’un fameux potentiel et d’un sens du but très affûté. Je ne sais pas ce qui s’est passé au Standard pour expliquer sa descente aux enfers. Peut-être a-t-il besoin de se retrouver dans une équipe où tout le jeu offensif est axé sur lui. C’est différent de jouer à Mons, où on est la vedette, et au Standard, où on est un numéro parmi les 25 autres titulaires potentiels « .

L’hommage à Raymond-la-Science

Le 6 décembre, Raymond Goethals rendait son dernier soupir.

 » Je profite de cette rubrique pour lui rendre hommage. J’ai eu la chance de le côtoyer, lorsqu’il était entraîneur au Standard, et c’est assurément l’un des entraîneurs que j’ai le plus appréciés. Il m’a donné énormément de plaisir, aux entraînements comme dans la vie. Il considérait les joueurs comme ses enfants. Il savait leur parler, sans jamais se fâcher. Dans les moments difficiles, il trouvait toujours le mot pour rire afin de mieux atténuer la pression. Lorsqu’il faisait un exposé tactique, il ne parlait pas pendant des heures, mais lorsqu’il se taisait, tout le monde avait compris. La plupart des footballeurs lui vouaient un profond respect, beaucoup l’adulaient. Jamais je n’ai entendu un joueur dire du mal de lui, jamais je n’ai vu de bagarres à l’entraînement sous sa direction. Il avait déclaré que trois conditions devaient être réunies pour être un bon entraîneur : la compétence, le travail et la chance. Pour ma part, j’aurais ajouté : -T’as pigé, fieu ? Aujourd’hui, je suis certain qu’il a déjà bâti une belle équipe au paradis. Et que, si un championnat est organisé là-haut, il doit être largement en tête du classement. Peut-être pas en pratiquant un football très spectaculaire, mais en gagnant souvent 1-0 « .

Les Rouches ont relevé la tête

Il y a un an, le Standard était humilié 1-7 par Bilbao. Son aventure européenne s’arrêtait. Elle n’allait pas trouver de prolongement, puisque les Liégeois échouaient six mois plus tard lors d’un double test-match contre Genk.

 » Dans le cas du Standard, bien des choses ont changé en un an dans le sens positif. On aurait pu croire que cette humiliation subie face aux Basques allait mettre les Rouches au tapis. Et qu’ils ne se remettraient pas du nouveau coup porté par Genk, en fin de saison. C’est tout le contraire qui s’est produit. Aujourd’hui, le Standard est en tête du championnat et a un très beau coup à jouer en 2006. Ce sera peut-être, pour les Liégeois, l’année ou jamais. Qu’ont-ils en plus que l’année passée ? D’abord, un effectif plantureux et de qualité. Ensuite, une certaine stabilité que n’ont pas leurs principaux rivaux, tant dans le chef des joueurs qu’au niveau des choix tactiques. Là où Frankie Vercauteren a souvent chamboulé son système et son 11, là où Jan Ceulemans a longtemps tâtonné pour trouver son équipe-type, Dominique D’Onofrio a conservé un style de jeu reconnaissable. Enfin, le Standard a également bénéficié du petit brin de chance indispensable pour devenir champion. Certes, il a aussi dilapidé des points précieux dans des matches à sa portée, mais dans l’ensemble, il mériterait de remporter le titre.

C’est un autre paradoxe du football : en juin, Dominique était supposé quitter son poste d’entraîneur du Standard. Le club s’était mis en quête d’un successeur et beaucoup de gens ont jasé lorsque l’homme s’est finalement succédé à lui-même. Qui sait si, dans six mois, auréolé d’un titre de champion, il ne sera pas tout simplement élu Entraîneur de l’Année ? »

DANIEL DEVOS

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