Les p’tits de KOLO

Matthias Stockmans
Matthias Stockmans Matthias Stockmans is redacteur van Sport/Voetbalmagazine.

Les deux compères ont effectué un stage de trois semaines à Arsenal. Demain, ils se produisent en Coupe d’Europe avec Beveren contre le FC Vaduz, du Liechtenstein.

L’accord de collaboration entre Beveren et Arsenal porte ses fruits. Le club waeslandien reçoit régulièrement des joueurs d’Arsenal, en prêt û comme Graham Stack ou Igors Stepanovs û et les artistes ivoiriens de Jean-Marc Guillou ont l’occasion de tâter du professionnalisme dans un grand club européen. La saison dernière, Yaya Touré a eu cet honneur. Cet été, c’était au tour de Marco Né (21 ans, médian) et d’Emmanuel Eboué (20 ans, arrière droit). Ils sont revenus de leur stage de trois semaines, cinq jours à peine avant le début du championnat. Ce n’est pas une préparation idéale mais ils ont vécu une expérience unique.

Etiez-vous nerveux en apprenant la nouvelle ?

Emmanuel Eboué : Pas vraiment. S’ils nous ont choisi, c’est qu’ils nous en estimaient capables. Nous ne sommes plus des Juniors. Là, nous voulions simplement nous montrer sous notre meilleur jour.

Marco Né : Arsenal est évidemment un grand club. Nous voulions nous intégrer au groupe. Nous avons fait notre possible, que demander de plus ? D’ailleurs, une fois sur le terrain, toute nervosité s’envole : on ne pense plus qu’à jouer. Le plus dur, au début, c’était que nous ne connaissions personne.

Votre compatriote Kolo Touré s’est-il chargé de votre accueil ?

Eboué : Kolo est comme un grand frère pour nous. Il joue là depuis deux ans et connaît donc bien le club. Il nous a conseillés et présentés au groupe. Sa présence a facilité notre intégration.

: Bien sûr, nous étions plus souvent avec lui, formant un groupe à part. Nous nous connaissons depuis l’Académie d’Abidjan. Je dois cependant dire que tout le groupe d’Arsenal était chouette. Tous les joueurs sont sympathiques et aucun ne nous a pris de haut.

Travailler et encore travailler

Après une semaine, vous êtes partis en stage en Autriche. Avec tout le noyau ?

: Non, ceux qui ont pris part à l’EURO, comme Thierry Henry et Patrick Vieira, nous ont rejoints plus tard mais d’autres vedettes, comme Dennis Bergkamp et Antonio Reyes, étaient là dès la reprise.

Aviez-vous des contacts avec eux ?

: Nous avons échangé quelques mots, surtout pendant les entraînements mais nous recherchions surtout les contacts avec les francophones car notre anglais n’est pas terrible. Cependant, l’anglais est la langue véhiculaire du club, même pour les francophones.

Eboué : L’ambiance était formidable au sein de l’équipe.

: On pourrait croire qu’un club aussi réputé est plus froid, mais ce n’est vraiment pas le cas. J’ai été frappé par l’esprit d’équipe qui y règne. Les entraînements sont très intenses, mais ne dépassent jamais les limites. Il n’y a pas de tacles méchants, ni de coups de coude.

Avec qui avez-vous parlé le plus souvent ?

Eboué : Avec Kolo Touré, mais Vieira est souvent venu nous trouver aussi. Ils nous ont répété qu’il fallait simplement continuer à travailler. Ils nous ont encouragés. Ils savent ce que c’est. Eux aussi ont commencé dans un petit club.

Arsène Wenger a-t-il beaucoup discuté avec vous ?

: Pas tellement. Il a dit quelques fois qu’il était satisfait de nos prestations. Nous ne sommes évidemment pas parfaits. Nous sommes jeunes et il nous a prodigués quelques conseils.

Comme ?

: Il m’a demandé d’être plus agressif et de laisser le ballon travailler. Nous avons appris à tout donner à l’entraînement. Nous avons fait de grands yeux en voyant toutes ces vedettes travailler si dur, jour après jour.

Eboué : Kolo Touré m’a beaucoup appris car nous jouons au même poste. Wenger exigeait de moi que je monte aussi souvent que lui et que je tente de passer mon homme. D’autre part, il m’a demandé de céder plus vite le ballon et de revenir rapidement à ma position, une fois la passe effectuée. A Beveren, j’avais tendance à revenir trop lentement.

Des séances d’une heure et demie très intenses

Quelle est la principale différence entre Arsenal et Beveren ?

: Le fait qu’il y a tant de bons joueurs à Arsenal. Là, tout le monde joue brillamment et travaille. Travailler, travailler, travailler : ce n’est qu’ainsi qu’on arrive au sommet et qu’on s’y maintient. Il y a aussi le professionnalisme du club : infrastructure, entraîneurs, séances. C’est normal : Arsenal a de tels moyens…

Vous n’avez pas été intimidés par ces noms, à l’entraînement ?

: Non, même si un Dennis Bergkamp force évidemment le respect, ce qui n’empêche qu’on peut lui prendre le ballon : nous étions là pour prouver que nous avions le niveau requis.

Quel joueur vous a le plus impressionnés ?

Eboué : Tous !

: Peut-être Reyes et Bergkamp, mais sur le plan technique, personne ne m’a vraiment épaté. De ce point de vue, nous sommes blindés à Beveren. Nos coéquipiers ivoiriens ont un fameux bagage. Je me répète, ce qui m’a surpris, c’est l’engagement et la motivation de tous ces grands joueurs.

Eboué : J’ai appris qu’on n’atteignait ce niveau qu’en travaillant dur.

: Si nous le faisons, il n’y a pas de raison pour que nous ne réussissions pas.

Comment se déroulent les entraînements ?

: Les séances étaient très variées : avec ballon, sans, la technique, la tactique… Passionnant. Chaque fois des séances de maximum une heure et demie, très intenses.

Qu’avez-vous ressenti en enfilant le maillot d’Arsenal ?

: J’ai compris que je vivais un instant unique. Peu de joueurs reçoivent pareille chance.

Avez-vous pu garder un maillot ?

: Oui, Arsenal nous a offert une tenue. Les grands clubs peuvent se le permettre.

Eboué : Nous avons envoyé les maillots frappés de notre nom à la famille. Elle en profite plus que nous.

: Nous pouvons difficilement nous balader en rue avec un t-shirt à notre nom !

Eboué : Nous avons aussi d’autres souvenirs : des survêtements et des t-shirts que nous n’avions jamais mis. En Autriche, on a pris une photo du groupe et on va nous l’envoyer.

: Les plus beaux souvenirs sont gravés dans notre mémoire.

Vos coéquipiers beverenois ne sont-ils pas jaloux ?

Eboué : Je ne pense pas. Nos prestations à Arsenal constituent une publicité pour eux aussi. Londres sait que les Ivoiriens ont du talent. Nos prestations peuvent ouvrir d’autres portes à des compatriotes, plus tard. Nous faisons la promotion du centre de formation d’Abidjan.

Est-il difficile de se reconcentrer sur Beveren ?

: Pas vraiment. Nous savions que nous reviendrons à Beveren après cette magnifique expérience, dont nous ne pouvons que profiter. Je ne crains pas d’accuser du retard sur le groupe car nous ne sommes pas restés les bras croisés à Arsenal, au contraire.

Les Ivoiriens sont des rêveurs. Vous allez rêver encore plus ?

: Je rêve de me produire dans un grand club, de préférence en Espagne.

Eboué : Je préfère le championnat anglais ou français.

: On peut et doit rêver. Avoir un but est bon pour la motivation.

Si vous avez le choix, de quel joueur d’Arsenal aimeriez-vous le maillot ?

: Dennis Bergkamp.

Eboué : Cela m’est égal, pour autant que ce soit un maillot d’Arsenal !

Matthias Stockmans

 » TECHNIQUEMENT, PERSONNE NE M’A IMPRESSIONNé. A Beveren, le niveau est élevé  » (Né) » Nos prestations peuvent OUVRIR D’AUTRES PORTES à des compatriotes, plus tard  » (Eboué)

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