Les noyaux B

Qu’ils soient intitulés B, C ou encore A2 (innovation terminologique du Standard de Liège), la pratique des seconds noyaux de joueurs dans un club de football professionnel est bien connue.

Banni par l’entraîneur ou par la direction du club, un joueur n’a plus le droit de participer aux entraînements collectifs ni -bien sûr- aux matches de l’équipe Première, sans toutefois être licencié du club. « Virer » un joueur supposerait évidemment lui octroyer des indemnités de licenciement…

L’actualité récente démontre que même des joueurs de prestige sont relayés au bagne d’un club. Juger plutôt l’effectif du noyau A2 du Standard de Liège début juillet : Prosinecki, Mornar, Godfroid, Pierre, Brocken, Selymes et Ciobotariu. Tous sont ou ont été sélectionnés dans une équipe nationale!

De plus en plus souvent, en réalité, la relégation d’un joueur dans le noyau B ne vise pas du tout à sanctionner ses performances sportives. Il s’agit plutôt de faire pression sur lui. Quelques mois avant l’échéance de son contrat, le joueur reçoit une alternative: soit il accepte de prolonger son séjour pour plusieurs années aux conditions proposées par le club; soit c’est le noyau B et les affres qu’il représente pour un sportif professionnel. Ou comment vouloir ainsi annihiler le libre choix du joueur. De même, classer un joueur dans le noyau B permet au club d’espérer le vendre avant le terme normal de son contrat, et donc de paralyser les effets de l’arrêt Bosman qui prohibe les indemnités de transfert concernant les joueurs arrivés au terme de leur contrat.

Les propos de Tibor Selymes sont à cet égard très éclairants: « Pour moi, c’est une véritable catastrophe! Nous devons très vite trouver un nouveau club, car je n’imagine pas vivre ma dernière année de contrat avec le Standard de cette façon ».

La pratique du noyau B n’est pas et ne peut pas être épargnée par la critique. Tout d’abord, il s’agit d’une atteinte à la dignité des hommes qu’il regroupe. Ensuite, on doit considérer que les clubs qui y ont recours commettent une faute au plan juridique. En droit du travail, on parle d’acte équipollent à rupture lorsqu’une partie (employeur ou travailleur) modifie de façon unilatérale un élément essentiel du contrat, fut-ce à titre temporaire. Priver un sportif professionnel du droit à un entraînement de qualité, doit être considéré comme un tel comportement fautif en sorte que le joueur qui invoquerait cette théorie retrouverait sa liberté et pourrait en outre réclamer à son ancien club une indemnité compensatoire de préavis.

On peut en outre poser la question de savoir ce que valent des contrats que l’on force un joueur à signer sous de telles contraintes.

Luc Misson

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