Les nouveaux eurocracks

Pierre Bilic

Ils mettent le feu aux Alpes et sont appelés à régner sur le football mondial dans les prochaines années.

L’EURO n’est pas un jardin d’enfants, mais dans pas mal d’équipes, on constate une moyenne d’âge peu élevée. Et parmi ces gamins, il y en a quelques-uns qui crèvent l’écran. Avec assez de talent pour devenir des stars planétaires demain ? Les consultants présents en Suisse et en Autriche pointent les jeunes joueurs qui ont, selon eux, les meilleures chances d’aller très haut.

Guy Roux ( Europe 1) ne surprend guère :  » Le top, c’est évidemment Cristiano Ronaldo. Son match contre la Tchéquie pourrait rester dans l’histoire : il marque, fait marquer, revient souvent défendre dans son rectangle. C’est le candidat numéro 1 pour le titre de meilleur joueur de l’EURO. Par rapport à la Coupe du Monde 2006, il a bien dépouillé son jeu, il ne simule plus à tort et à travers. Merci Alex Ferguson, qui l’a complètement guéri de cette maladie ! « . L’ex-pape d’Auxerre accorde aussi une mention spéciale à l’Allemand Lukas Podolski :  » Il avait été élu meilleur jeune du Mondial 2006, il a entre-temps confirmé au Bayern malgré des moments difficiles et reste sur le devant de la scène dans cet EURO : trois tests depuis deux ans, trois succès. Le gars est armé pour la suite des événements. Si d’autres joueurs veulent qu’on leur colle une étiquette de futurs grands du monde, il faudra qu’ils confirment dans les matches à élimination directe. C’est difficile de juger un joueur après ne l’avoir vu que dans deux ou trois matches d’un grand tournoi. Je ne l’ai fait qu’une seule fois : dans Belgique-Yougoslavie à l’EURO 84, j’ai été séduit par Enzo Scifo après un quart d’heure !  »

Pas de Français dans les jeunes génies de Roux :  » La France a des jeunes trop jeunes et des vieux trop vieux. Karim Benzema a sombré comme toute l’équipe contre la Roumanie alors qu’une vraie star doit surnager. Il a besoin de coéquipiers en forme pour être très bon, donc j’attends avant de me prononcer… « .

Thierry Roland ( M6) cite Ronaldo et Podolski. Mais aussi Fernando Torres :  » Il est aussi bon en équipe d’Espagne qu’avec Liverpool « . Wesley Sneijder :  » Bon au Real, bon en sélection « .

Et comme Roux, Roland ne voit pas de futures stars mondiales chez les Français :  » Oh mon pauvre… Benzema a été bidon contre les Roumains alors qu’on attendait de lui qu’il débloque un match pareil, c’est sans doute une preuve qu’il n’est pas encore prêt pour le top absolu et rien ne dit qu’il le sera un jour « .

Benoît Thans ( RTBF) craque pour l’Allemand Mario Gomez, cité au Bayern et à Barcelone :  » J’ai rarement vu un attaquant qui presse autant. Il est puissant, hyper rapide, il a une frappe de mule. En plus d’une petite touche latine, via son père espagnol. Il vient de terminer deuxième meilleur buteur de la Bundesliga avec Stuttgart. Celui-là est parti pour 10 ans au sommet « . Parmi les autres tops de Thans, il y a Luka Modric :  » A 22 ans, il compte déjà plus de 25 sélections avec la Croatie. C’est une version améliorée de Lucas Biglia, il fait jouer les autres et perd peu de ballons. Pour Sneijder, le ballon est un ami alors que chez beaucoup de footballeurs, la balle est plutôt comme une bombe dont ils veulent se débarrasser le plus vite possible « .

Johan Boskamp ( VT4) :  » Sneijder est un footballeur fantastique, il est aussi bon des deux pieds et vraiment déterminant sur le jeu de son équipe. Chez les Turcs, je suis sous le charme d’ ArdaTuran. Dans l’équipe de France, Samir Nasri a quelque chose en plus que les autres très bons jeunes. Il est rapide, ses passes sont extrêmement précises, il joue facile et maîtrise parfaitement l’art du démarquage. Dans la sélection croate, il y a le nouveau phénomène, Modric. Il est bourré de talent, ça saute directement aux yeux. Donner des passes tranchantes, marquer : il fait tout cela facilement. En Allemagne, Podolski est la jeune star du premier tour mais depuis cinq mois, il évolue à un niveau phénoménal. Côté polonais, j’ai découvert Roger Guerreiro. Il est très sûr balle au pied, il la conserve sans problème et sait la porter jusque dans le but. Et dans le camp italien, je craque pour Alberto Aquilani. Je ne comprends toujours pas pourquoi il n’était pas dans l’équipe contre les Pays-Bas : avec lui pour donner de la contenance à l’entrejeu, le score aurait sans doute été différent « .

Marc Wilmots ( RTBF) :  » Je ne connaissais pas du tout Modric. Il a été la star de la victoire croate contre l’Allemagne mais ce match ne peut pas être une référence car les Allemands l’ont laissé complètement seul. En Hollande, Sneijder est très, très fort. La façon dont il prend la balle et provoque des changements de rythme, c’est impressionnant. Il y a aussi Ibrahim Afellay. Dans l’équipe turque, la star en devenir pourrait bien être Kazim Kazim : je viens de le découvrir, c’est très costaud. J’ai vu une révélation dans l’équipe suisse : l’attaquant Eren Derdiyok. Il n’a que 20 ans, il sait trouver la profondeur et est toujours lucide quand il se retrouve devant le but « .

Voici une liste non exhaustive de jeunes joueurs (tous sous la barre des 25 ans) appelés à devenir ou à rester les maîtres du monde au cours des prochaines saisons.

DJ Wes

 » A choisir entre WesleySneijder et AndreaPirlo, je choisis Wes sans hésiter « , a déclaré Marco van Basten avant l’Euro. A cette même question, il y a deux ans, il avait opté pour l’élégant joueur de la Squadra. Preuve de l’ascension du génial numéro 10 de la sélection hollandaise ! En deux saisons, Sneijder a passé la surmultipliée. Tout d’abord, une campagne 2006-2007 où le Little big man de l’Ajax (1m70) plante 18 buts en Eredivisie. Et puis ce passage au grand Real pour 27 millions d’euros ! Sa carrière internationale décolle pour de bon. Arrivé à Amsterdam à l’âge de 16 ans, Sneijder fait partie, au même titre que, Johny Heitinga ou Rafael van der Vaart, des Wonder boys ajacides. Malgré un titre en 2004 et une Coupe nationale en 2006 et 2007, les nouvelles étoiles du foot hollandais ne brillent pas hors de leur base. Le transfert chez les Merengue, l’été dernier, est donc vécu comme un soulagement et charme immédiatement la presse espagnole.  » C’est le footballeur parfait « , titre Marca.

A l’Euro, Sneijder surfe toujours sur sa belle saison au Real, couronnée d’une Liga. Elu meilleur joueur du match par l’UEFA lors des deux chocs face à l’Italie et la France, El Macho (surnom donné par ses coéquipiers) rayonne par sa clairvoyance, sa faculté à jouer des deux pieds, ses changements de rythme et ses buts d’extra-terrestre. Il est l’ambianceur du jeu pulpeux des Oranje. Normal me direz-vous pour le DJ officiel de la sélection :  » On peut croire que je suis fou mais le fait que Marco m’ait autorisé à passer mes sons dans le vestiaire, avant et après les matches, permet de créer une unité. Précédemment, il a toujours manqué un artifice qui permette de créer une atmosphère positive. Je crois qu’on l’a trouvé grâce à ma musique « .

Tatouer Ronaldo sur sa mère

Son parcours phénoménal en Premier League (31 buts en 34 matches joués) et la victoire en Ligue des Champions n’ont pas suffi à épuiser Cristiano Ronaldo, 23 ans. A l’image de l’équipe portugaise, il a mis un peu de temps à trouver ses marques puis s’est lancé dans ces dribbles qui l’ont rendu célèbre à travers le monde.

S’il existait encore un doute, cet Euro devrait servir à l’effacer : qu’il évolue à gauche, à droite ou à la pointe de l’attaque, avec Manchester ou avec la sélection, Cristiano Ronaldo est bien le meilleur joueur de la planète.  » Je ne crois pas que ce soit l’Euro qui décide de ça mais l’ensemble d’une saison « , dit-il.  » Et à ce niveau, je ne pense pas avoir encore quoi que ce soit à prouver « .

Ce grand modeste fait l’unanimité auprès des femmes et des hommes… puisqu’il a été élu Icône Gay et Plus beau joueur de l’Euro.  » C’est n’importe quoi mais je préfère quand même le vote des femmes et suis content de savoir qu’elles me soutiennent « , avoue-t-il, décidément de très bonne humeur depuis le début de la préparation. Le jeune homme timide, devenu un des cinq capitaines de Big PhilScolari, est désormais capable d’assumer ses responsabilités, comme il l’a fait en endossant le célèbre numéro 7 porté jadis par Luis Figo.

Les persécutions de la presse espagnole concernant son éventuel transfert à Madrid et les attaques de ManU contre le Real n’ont pu le déstabiliser. Les Espagnols seraient prêts à proposer jusqu’à 100 millions d’euros pour obtenir les services d’un Ronaldo de plus en plus souriant :  » Même quand je ne suis pas tout à fait en forme, j’arrive à faire la différence  » Un seul petit stress : il aurait même exigé que Scolari en partance pour Chelsea soit remplacé par Carlos Queiroz. Pour le reste, il suit de près le tour de chant en Suisse de sa s£ur Katia. Leur mère, Maria Dolores, est également présente sur le tournoi mais… regarde les matches à la télévision ! Elle a parié que si le Portugal était champion, elle se ferait tatouer le portrait du gamin sur le dos…

Olé, Torres !

Né le 20 mars 1984 à Madrid, Fernando Torres est un pur produit de l’Atletico Madrid qui n’avait jamais connu d’autre club avant son départ pour Liverpool, l’été dernier. Il en était capitaine depuis 2003, à seulement 19 ans. Il a même déjà porté le brassard en équipe nationale : c’était le 3 septembre 2005, contre le Canada. Sa précocité n’a d’égal que son talent. A son palmarès figurent déjà deux titres de champion d’Europe des jeunes : chez les -16 ans et les -18 ans. Les deux fois, il termina comme meilleur buteur du tournoi et fut également élu meilleur joueur.

Son départ du stade Vicente Calderon fut un crève-c£ur pour lui et encore plus pour les supporters des Colchoneros, mais il était décide à franchir le Channel. A raison, puisque sa première saison à Anfield Road fut tonitruante : 38 matches, 28 buts ! L’Atletico Madrid perçoit 250.000 euros par tranche de 15 buts qu’il marque pour Liverpool. A trois reprises, il a réussi un hat-trick, dont deux fois consécutivement ce qui n’était plus arrivé à Liverpool depuis 1946. Le kop scande désormais son nom dans la chanson dédiée à Kenny Dalglish, le n°1 de l’histoire des Reds.  » Il est entré dans l’histoire des Reds. Je n’exclus pas la possibilité qu’il remporte le Ballon d’Or « , a estimé Juande Ramos, coach espagnol de Tottenham. Bref, le foot anglais lui convient mieux que l’espagnol car plus direct. Liverpool n’a en tout cas jamais regretté les 36 millions investis pour son acquisition.

Torres a appris l’anglais en regardant Friends, a acheté la maison qu’occupait BoudewijnZenden et est voisin de Pepe Reina.

Cruijffic est arrivé

Il a le look et la technique de Johan Cruijff. La presse ne cesse de lui tresser des lauriers mais ce jeune meneur reste calme. Luka Modric (22 ans, 1,75 m, 65 kg) ne se grise pas. La simplicité est son secret dans un monde balkanique rapide à s’emballer et à exploser. Fils de Zadar, Luka a vu la guerre d’ex-Yougoslavie se rapprocher de lui. Il a dû fuir la violence et le foot devint le mode d’expression de ce gamin doué mais timide. A 16 ans, Luka est recruté par le Dynamo Zagreb qui le prête un an à Zrinjski Mostar en Bosnie où il est élu joueur de l’année 2003.  » Il n’a pas eu peur de ce défi « , signale Milan Broceta, agent de joueurs qui l’y a vu à l’£uvre.  » Modric n’a pas roulé des mécaniques. Il était là pour acquérir du temps de jeu dans le cadre d’une compétition très rude. Ce fut un virage décisif de sa carrière « .

L’ado était devenu un homme. Dynamo le prêta encore à Inter Zapresic et le constat fut le même : ce gars-là unissait talent et sérénité. Cela tranchait par rapport aux stars du Dynamo, exposées dans la presse et jamais à l’abri d’une polémique. Excellent tacleur, Modric, qui avait été sélectionné chez les U-17, les U-19 et les U-21, gagna sa première sélection lors d’un match amical face à l’Argentine en mars 2006 en remplacement de Robert Kovac, blessé. Parti à la Coupe du Monde en Allemagne avec la ferme intention de se révéler aux yeux du grand public, il ne jouera que deux minutes. En 2006, Dynamo lui a fait signer un contrat de dix ans mais c’est finalement en Angleterre qu’il jouera la saison prochaine, Tottenham ayant déposé 22 millions sur la table du Dynamo.

Les Polonais détestent Podolski

Il y a deux ans, le Bayern Munich a offert une fortune pour se payer la meilleure eau de Cologne : Lukas Podols-ki. Ce jeune buteur a pourtant égaré ses plus belles essences en Bavière (4 buts lors de sa 1re saison, 5 à peine en 2007-08) Avec le temps, il décrocha vers la gauche où sa condition physique lui permet de participer à la récupération. Malgré les doutes, il a gardé sa place en équipe nationale et dynamita la défense de son pays natal : la Pologne.

Le bougre mesura sa joie tandis qu’une onde de colère secoua les remparts de Varsovie. L’épicentre se situait au c£ur du nationalisme polonais. Michel Thiry est un expert du foot des pays de l’Est :  » Podolski savait ce que ses buts déclencheraient en Pologne. Il est né à Gleiwitz en 1985. Une partie de sa famille y vit encore. Ses parents ont émigré avant que la Pologne ne se libère du joug communiste. Depuis lors, ce pays, qui a découvert la démocratie et veut effacer son déficit de reconnaissance, est fier de Robert Kubica (F1) et ne comprend pas qu’un de ses fils puisse la battre. La presse a hélas battu ce fer-là sans se demander ce qui clocha sur le terrain ou pourquoi un Podolski a plus de chance de signer une carrière en Allemagne qu’en Pologne. La fédé a décidé de s’intéresser aux jeunes Polonais qui jouent chez le grand voisin. En somme, Podolski a marqué pour deux pays lors d’Allemagne-Pologne « .

Turan Turan

Huit ans après la légende turque Hakan Sükür qui nous avait éliminés de notre EURO, son compatriote Arda Turan (21 ans) vient de refaire le même coup : but dans les arrêts de jeu contre la Suisse et élimination précoce du pays organisateur. C’est l’ ailier électrique ! Souvent à gauche, parfois à droite, rarement dans l’axe, il affole. Galatasaray l’a formé avant de le prêter à Manisaspor, où l’ancien sélectionneur Ersun Yanal a achevé de le polir,… l’obligeant même à jouer back droit. Puis il est revenu au Gala pour exploser et conquérir son premier trophée en mai : le titre national.

Arda Turan est le chouchou des supporters du Gala depuis quasi deux ans quand il avait marqué deux buts synonymes de qualif pour les poules de la Ligue des Champions (contre les Tchèques de Boleslav). Ce soir-là, Istanbul le compara au Roumain Gheorghe Hagi. C’est aussi l’époque de ses débuts en équipe nationale (9 matches de qualification pour l’EURO). Fatih Terim, le coach turc, avait déjà bossé avec Turan à Galatasaray :  » Il a un talent fou et s’il parvient à être plus régulier, il deviendra un des meilleurs footballeurs d’Europe « .

La semaine dernière, une autre légende du foot européen l’a découvert. Morten Olsen, qui suivait Suisse-Turquie pour l’équipe technique de l’UEFA, a fait pencher la balance au moment de désigner l’homme de la soirée :  » Un match difficile à cause de la pluie où beaucoup de joueurs ont été très bons, mais Ardan méritait la récompense. En plus d’avoir évolué pendant une heure et demie à un haut niveau, il a encore eu le jus pour marquer le but décisif « .

Moutinho monte au nez

A une semaine du début de l’Euro, alors que le Portugal devait affronter la Géorgie en match amical, Luiz Felipe Scolari joua carte sur table :  » J’ai dix de mes onze titulaires. Pour le deuxième poste de médian défensif, j’hésite encore entre João Moutinho, Miguel Veloso et Raul Meireles « .

Choisi, Moutinho fut l’un des meilleurs contre cet adversaire fantoche. Mais il fut à nouveau brillant la semaine suivante face à la Turquie, comme il l’est sans discontinuer au service du Sporting depuis deux saisons. Et cela alors qu’il n’a pas encore 22 ans et qu’il pèse 60 kg pour 1,70m.

Aujourd’hui, les plus grands se l’arrachent : Chelsea et le Barça, notamment, sont en première ligne. Son prix de transfert a été fixé à 25 millions d’euros mais, si le Sporting refuse une offre supérieure à 15 millions, le club est tenu de verser au joueur une indemnité équivalant à 10 % de l’offre refusée. Et ce alors qu’il est déjà l’un des joueurs les mieux payés du noyau : il a resigné au début de l’année un contrat qui lui garantit un million d’euros par an jusqu’en 2013. Tout indique cependant qu’il devrait s’en aller pour une somme avoisinant les 20 millions d’euros.

Curieusement, João Filipe Iria Santos Moutinho n’est pas du tout apprécié des supporters du Sporting. Un jour, ceux-ci lui renvoyèrent même la vareuse qu’il avait généreusement balancée dans le public. Contrairement aux autres jeunes talents formés à Alvalade, il provient de Benfica. Et il a reconnu au cours d’une interview que, gamin, il était supporter de ce club. L’honnêteté ne paye pas…

Silva, gaucher canarien

La petite perle des Canaries est né à Las Palmas il y a 22 ans. Parti du domicile familial dès l’âge de 14 ans pour rejoindre le centre de formation de Valence, David Silva est originaire du même village que Juan Carlos Valeron, joueur du Deportivo : Arguineguin. Quand il avait pris Valeron comme modèle et comme lui, il a atteint la D1 et l’équipe nationale.

Il effectua ses débuts dans l’équipe B du club ché en 2003. Mais son avenir apparaissait bouché à Valence. Prêté d’abord à Eibar, en D2 (35 matches pour 5 buts), puis au Celta Vigo en D1 (où il joua 34 matches pour 3 buts), il y a acquis la confiance et la maturité pour revenir à Mestalla par la grande porte durant l’été 2006. Il a profité de la blessure de Vicente : 36 matches pour 4 buts. Gaucher vif et au dribble déroutant, il a une prédilection pour le flanc gauche, mais peut évoluer à diverses positions offensives. Cette saison fut plus difficile, à l’image de celle de son club qui remporta certes la Coupe du Roi, mais dut lutter jusqu’au bout contre la relégation. Avec une sacrée valse des entraîneurs : Quique Sanchez Torres, Ronald Koeman… Petit par la taille (1,70m), Silva garda la tête hors de l’eau mais ne se distingua plus autant. Il occupa aussi un rôle plus central dans l’entrejeu. Il est aussi connu comme un gentleman : lorsqu’il jouait à Eibar en 2004-2005, il a eu une geste d’une grande sportivité qui est resté célèbre en Espagne. Il n’a pas tiré alors que le but était vide, parce qu’il avait vu un adversaire couché au sol.

Ramos glisse à droite

Le défenseur Sergio Ramos fit ses classes au FC Séville (il était tous les dimanches dans le kop) et débuta en équipe A en fin de saison 2003-2004 en jouant sept matches alors qu’il n’avait que 17 ans. En cette même année 2004, il fut champion d’Europe des -19 ans. Durant l’été 2005, après une première saison pleine en Liga (31 matches, 2 buts) et après avoir débuté en équipe nationale contre la Chine en mars, il fut transféré au Real Madrid à tout juste 19 ans, pour 27 millions. Il ne tarda pas à s’imposer (34 matches, 5 buts la première saison ; puis 33 matches et 6 buts).

A l’époque, il jouait comme arrière central, mais cette saison, il a progressivement glissé vers le poste d’arrière droit où Michel Salgado ne parvenait pas à convaincre Bernd Schuster, tout comme Luis Aragonés qui le préfère en tant qu’arrière latéral. Dans le couloir, il peut encore donner cours plus librement à son tempérament offensif. Ses centres apportent souvent du danger. Sur les phases arrêtées, il se positionne aussi régulièrement dans le rectangle et inscrit de nombreux buts. Par contre, son engagement se traduit par de nombreuses cartes jaunes : cette saison, il fut le plus averti de la Liga avec 17 cartons jaunes et 3 rouges en 33 matches. Mais il est dur avec lui-même aussi : lors d’un choc avec Roy Makaay, il s’est cassé le nez et ne pouvait plus respirer à travers la narine. Il ne s’est fait opérer qu’en fin de saison… Bizarre pour un tueur : son joueur préféré a toujours été Raul !

Corluka : arbre technique

 » Les Croates sont des emmerdeurs « , dit Vedran Runje en parlant de son pays et d’un autre VedranCorluka (né le 9 février 1986) qui a réussi un match très intéressant face à l’Allemagne.  » Il avait été un peu critiqué lors du match précédent mais a vite remis les pendules à l’heure. C’est la preuve de son intelligence et de son professionnalisme. A mon avis, Manchester City a fait une affaire somptueuse en le recrutant la saison passée En plus de ses qualités sportives, c’est un gars hyper sympa, magnifique « .

Journaliste réputé dans son pays, Zdravko Reic nous a souvent parlé de lui et de sa marge de progression avant qu’il quitte Dynamo Zagreb pour l’Angleterre. Prix du transfert : 10 millions d’euros. Youri Selak, l’agent liégeois d’origine croate connaît personnellement l’arrière droit de la sélection :  » C’est un arbre (1,93 m, 88 kg) tout en étant mobile, souple et technique. Je l’avais notamment suivi avec des scouts du PSG, de Monaco, d’Auxerre et du Mans. Daniel Jeandupeux du Mans m’a dit après l’avoir observé 15 minutes : – Celui-là, pour 4 millions d’euros, je le prends tout de suite. Manchester City a été plus rapide. Au Dynamo, le directeur technique Zdravko Mamic a l’art de préparer ses meilleurs éléments pour les grands championnats. Il les vend à prix d’or. Je suis les équipes de jeunes du Dynamo : il y a d’autres Corluka là-bas « .

Robben jambes de bois

On en oublierait qu’il n’a que 24 ans tant sa calvitie naissante, ses blessures à répétition et ses transferts à Chelsea et au Real Madrid lui donnent une image de vieux bourlingueur. Et pourtant Arjen Robben n’a que 24 ans et cet Euro pourrait être le sien. La faute peut-être à ces fichues blessures. Car pour une fois, elles pourraient le sauver. Bloqué sur le banc ou dans la tribune du Real pendant la majeure partie de la saison, Robben a fini la campagne en boulet de canon, humiliant le rival du Barça à lui tout seul et charmant toute la Hollande dans les matches de préparation de cet Euro. Il est donc frais !  » Robben est un fantastique joueur… quand il n’est pas blessé « , avait prophétisé José Mourinho en son temps.

Robben, ce sont des démarrages fulgurants sur son flanc gauche (parfois le droit), des dribbles déroutants et une frappe de mule, bref toute la panoplie pour dégoûter le défenseur adverse. Mais Robben, c’est aussi, parfois, un peu trop le nez dans le ballon (on l’a traité d’individualiste) voire le nez dans le gazon (il tient la comparaison avec Didier Drogba). Formé à Groningen, transféré au PSV en 2002, Robben a rejoint Stamford Bridge en 2004. Après une première saison tonitruante, les blessures le bloquèrent dans sa progression et l’arrivée de Florent Malouda l’été passé le poussèrent au Real Madrid. Pour 36 millions d’euros tout de même (soit le 4e plus gros transfert de l’histoire du Real). Chelsea termine deuxième et le Real est champion. Qui a fait la bonne affaire ?

Gomez, cinéphile romantique

Le Mondial 2006 a inspiré le cinéaste Sönke Wortmann, qui a réalisé Deutschland – ein Sommermärchen – Allemagne, un conte d’été. Mario Gomez ne se lasse pas de revoir le long métrage. Champion d’Allemagne avec le VfB Stuttgart et Footballeur de l’Année 2007, le buteur n’est pas déçu par son premier tournoi :  » Au sein de l’équipe, l’ambiance est identique à celle que montre le film. Concurrents en championnat, nous éprouvons un réel plaisir à nous retrouver en équipe nationale. Une véritable euphorie règne dans le vestiaire et Joachim Löw est un expert es motivation « .

Gomez avoue avoir éprouvé une certaine appréhension au début du tournoi mais il ne redoute aucune équipe, aucun adversaire direct. Lorsqu’on l’interroge sur ses origines hispaniques, il rectifie :  » L’Allemagne est le pays de mes rêves « .

En Mannschaft, il est confronté à la concurrence de MiroslavKlose, de LukasPodolski, de KevinKuranyi. Mais Gomez s’épand en louanges sur les autres attaquants. Avant le tournoi, il se glissait volontiers dans la peau du joker, comme le lui avait conseillé l’entraîneur.  » Nous ne manquons pas d’attaquants de très haut niveau. Je ne suis pas sûr que LucaToni aurait été sélectionné s’il était Allemand. Nous avons l’embarras du choix « .

Derrière le succès de l’avant souabe, beaucoup d’heures d’entraînement.  » Courir, me battre, c’est ma voie. Comme celle de l’Allemagne. Nous avons un énorme atout : nous nous fixons sur nos objectifs « . Pour que le conte d’été soit encore plus beau qu’il y a deux ans.

par pierre danvoye

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