Les Mauves ou Blanc ?

Pourquoi papotons-nous tant foot ? Parce que c’est un sport où chacun peut y avoir vu ce qu’il avait envie d’y voir ! Ainsi Anderlecht-Bordeaux, au sujet duquel j’ai notamment entendu que le Sporting avait joué le match quasi parfait. Ah bon ? Personnellement, mon divan et moi-même avons ressenti une certaine anémie jusqu’au goal bordelais ; et mon petit doigt me dit qu’à un petit quart d’heure près, moult papotages belges auraient conclu maussades à une énième bérézina mauve… C’est donc un seul quart d’heure qui peut faire un avis global, un souvenir, un jugement, un bonheur ou l’inverse ? Oui, c’est comme ça, c’est le foot, il suffit même souvent de bien moins qu’un quart d’heure… Il y a D’ABORD le résultat, qui te rend heureux ou malheureux ; puis à partir de lui, tu te construis une explication, tu traques une logique. Qui n’existe pourtant pas forcément, d’où le papotage.

Autre bla-bla, l’intervention de Roland Juhasz sur Fernando Cavenaghi. Peno indiscutable pour toute la Gironde, peno imaginaire pour tout qui est mauve (à commencer par Juhasz lui-même) ! Et avis partagés chez tous les neutres, un tiers disant y’avait peno, un tiers disant y’avait pas, et un tiers (dont je suis) disant y’avait et y’avait pas vu qu’un referee a toujours le droit d’interpréter blanc ou noir : soit il ne siffle pas en affirmant avoir vu Juhasz jouer le ballon et le toucher (loi 12) avant d’exploser Cavenaghi par mégarde et dans la foulée, soit il siffle en affirmant que Juhasz vient tackler par derrière en mettant en danger l’intégrité physique de Cavenaghi (loi 12 aussi !). Un arbitre ne se trompe jamais, il alimente la polémique…

Troisième opinion d’après-match, comique, celle de Laurent Blanc lui-même, qualifiant Anderlecht d’équipe dont la puissance est l’une des qualités premières ! Là, fallait qu’un Français nous rende visite pour nous le faire découvrir, aucun spécialiste en Belgique n’avait jusqu’ici diagnostiqué que le Sporting était essentiellement une équipe PUISSANTE ! En fait, Blanc a dit ça machinalement, comme tout coach d’équipe a priori favorite, mais dont le supposé talent n’a pas suffi pour écarter un moins fortiche sur le papier. De là à parler de puissance mauve… Allez, disons que Marcin Wasilewski, Bart Goor, Jan Polak et Jelle Van Damme ont manifesté un entrain joli pour entrer en contact(s), mais que Franck Jurietti reste une référence en la matière…

Ce ne sera pas du tout cuit demain soir au pays des grands crus, mais il faut y croire : peut-être le but de Mbo Mpenza suffira-t-il pour qu’enfin un club belge, à nouveau, boute hors-compétition européenne un club du sub top ! Je suis heureux pour Mbo, qui ne joue que la moitié des matches et le quart du temps, alors qu’il était arrivé comme un messie en l’été 2004. Le hic en foot, c’est que recruteurs et dirigeants voient de nouveaux messies à chaque coin d’attaquant offert par le business ! Concurrence excessive et incessante, carrousel irritant partout, déni du labeur à long terme, phénomène de mode dont Mbo n’est qu’un grugé parmi d’autres : mais pour tout qui tenterait une analyse des qualités individuelles, quel critère indubitable permettrait d’affirmer qu’en cette fin de saison 2007/08, Cyril Théréau et Mbo n’auraient pas pu faire l’affaire autant que Stanislav Vlcek ou Luigi Pieroni ?

A propos de ces deux derniers, ils ne sont donc pas qualifiés pour cette Coupe UEFA parce que le règlement européen n’autorise pas un joueur à évoluer la même saison dans la même coupe pour deux clubs différents. Cela me semble infiniment normal du point de vue de l’esprit sportif : si tu appartiens à telle équipe quand commence une compétition, tu ne vas pas changer de camp, et passer à l’ennemi, au beau milieu de celle-ci ! Mais curieusement, ce que l’UEFA s’interdit par déontologie, les fédérations nationales se l’autorisent à longueur d’année, de mercato et de subtilités juridiques : un championnat national est une compétition au cours de laquelle un joueur peut changer de camp, c’est lamentable, mais c’est devenu tellement courant que tout le monde s’en fout ! Au fait, si Anderlecht se qualifiait demain, et si une mouche le piquait alors de vouloir disposer de Vlcek ou Pieroni au tour suivant, Luc Misson et les chevaliers blancs du droit au travail ne seraient-ils pas capables, comme intra muros pour Mohamed Dahmane, de dégotter l’argutie légale salutaire pour le Sporting, et qui pourfendra l’UEFA ? Je crois bien que si, mais ça ne me fait pas rire.

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par bernard jeunejean

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