Les matches de vérité (bis)

Les Diables Rouges s’envolent vers la Serbie avec un optimisme modéré, dans une nouvelle tentative de se positionner sur la carte. Le talent intrinsèque de cette génération prend des allures de refrain et la demande de confirmation devient tout aussi répétitive. On place entre parenthèses la victoire, fêtée avec exubérance, contre les Pays-Bas. Depuis, les Diables Rouges se sont fait peur face aux rugueux Gallois et, à domicile, ils n’ont pas été capables de battre une Croatie pourtant médiocre.

Il en va ainsi depuis des années avec cette génération en or, qui oscille entre espoir et désespoir. Pourtant, il n’y a pas de conflit de génération, jadis source de heurts, et Marc Wilmots applique une tout autre approche. En interne, les points d’interrogation étaient nombreux quand l’adjoint a repris le flambeau de Georges Leekens mais en consultant régulièrement le groupe, il a fait souffler un vent nouveau et accru l’implication des joueurs. Wilmots est un brillant people-manager. Reste à voir s’il est aussi un fin stratège.

Il est en tout cas grand temps que Marc Wilmots effectue des choix et trouve une équipe-type qui puisse travailler ses automatismes. Posséder un aussi large vivier de talents comporte souvent plus d’inconvénients que d’avantages. Il y a tout simplement trop de joueurs. A l’exception de Vincent Kompany et, dans une moindre mesure, de Thomas Vermaelen, nul n’est intouchable. Dans le passé, cela a conduit à maints remaniements, essentiellement dans l’entrejeu. Puis Wilmots a reconduit neuf titulaires lors des matches de qualification contre le Pays de Galles et la Croatie. Mais parviendra-t-il à rester fidèle à cette ligne de conduite dans le futur, alors qu’il dispose d’une telle pléthore de possibilités ?

Vendredi, à Belgrade, on verra quelles leçons ont été tirées des deux derniers matches. La levée actuelle des Diables Rouges a relativement peu gagné. Cela attise sa soif mais aussi la pression. Hormis Vincent Kompany, personne ne prend la direction de l’équipe. Celle-ci recèle énormément de qualités à la construction mais elle n’a pas encore trouvé un équilibre entre la défense et l’attaque, ni de bon coulissage. En ce sens, deux matches cruciaux attendent les Diables Rouges. Les énièmes.

L’agenda international offre un moment de répit aux clubs, surtout au Standard, qui a compensé son manque de bagage footballistique par un énorme engagement, contre Anderlecht. Avant le coup d’envoi, des supporters en colère ont fustigé, banderoles à l’appui, la politique de la direction et surtout de Jean-François de Sart, le directeur technique. Ils ont répandu une atmosphère de guerre en jetant des fumigènes. Etonnamment, Ron Jans reste épargné par les tirs. C’est sans doute un cas unique à Sclessin, après une telle série de défaites. On peut se demander si Jans, qui est certainement compétent et qui se considère comme un formateur, a le profil adéquat pour un club aussi impatient que le Standard. D’un autre côté, l’engagement des Rouches dimanche dernier est un gage d’appréciation à son égard.

Le Néerlandais communique clairement, en tout cas, à l’instar de John Van den Brom. Ils ont ce trait en commun : ils réalisent des analyses pointues, sans mettre de gants. Van den Brom s’est énervé parce qu’Anderlecht, qui avait entamé la partie de manière convaincante, a perdu son fil dans l’enfer de Sclessin. Il n’a cependant pas eu recours à l’excuse des interruptions de jeu pour la piètre qualité de son football : c’est tout au plus une circonstance atténuante.

John Van den Brom doit pourtant constater que son empreinte n’est pas encore vraiment visible sur Anderlecht, malgré le nul blanc réalisé contre l’AC Milan. Quand il a entamé la saison avec un seul médian défensif, on a considéré son geste comme novateur, voire révolutionnaire. Il continue toutefois à modifier l’occupation de terrain. En attendant, Anderlecht a pris quatre points de moins que la saison passée après dix matches et il a marqué moins de buts que… OH Louvain.

PAR JACQUES SYS

Le Standard a joué pour Ron Jans.

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