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Les mascottes ont la cote

Buffalo Ben, Super Zèbre, le Ketje… Ces noms font partie du paysage footballistique belge et désignent différentes mascottes de nos clubs de Jupiler Pro League. Mais, au fait, à quoi sert une mascotte ?

Difficile de les louper. Elles sont là, sur le terrain, pendant que les joueurs s’échauffent et que la sono crache sa playlist d’avant-match pour chauffer le public. Elles font le tour de la pelouse, saluent les tribunes, gesticulent et se permettent un petit pas de danse de temps en temps.

Elles, ce sont les mascottes. Ces figures aux couleurs du club local sont présents dans pas moins de 13 clubs de Pro League et les divisions inférieures en comptent aussi quelques-unes. Et si certaines sont présentes dans le paysage footballistique belge depuis de nombreuses années, d’autres sont arrivées plus récemment.

Au sein de l’élite belge, seuls le Standard, l’Antwerp et Malines n’en possèdent pas. Plus bas, 5 clubs sur les 8 de D1B en ont une : Cercle, OHL, Westerlo, Roulers et Lierse. Et dans les divisions inférieures, on en trouve aussi quelques-unes comme à Alost, l’Olympic Charleroi ou la RAAL.

Simple élément ludique ou vrai plus pour le club ? Mode passagère ou folklore local ? On essaye d’y voir plus clair dans ce monde peluche géante.

Ambassadeurs du club

Selon le Larousse, une mascotte est un  » objet, personne ou animal considérés comme porte-bonheur, fétiches « . Pour Jean-Claude Boulay, sociologue des mascottes, celles-ci  » permettent de donner de l’affect. (…) La mascotte sert d’interface vivante entre la marque et le monde extérieur. Elle devient une sorte de ‘doudou’ qui adoucit la dureté de l’existence et réconforte des adultes qui ont besoin de cette régression « .

La mascotte d’un club a donc pour but de le représenter d’une manière vivante et sympathique aux yeux des supporters. Celle-ci devient un symbole qui fait partie de l’ADN du club auquel elle s’identifie.  » Notre mascotte est un ambassadeur, notamment auprès des enfants. Elle représente le Sporting Charleroi « , indique Pierre-Yves Hendrickx au sujet de Super Zèbre.

 » C’est notre visage à l’extérieur « , ajoute de son côté André Palm, le responsable marketing d’Eupen, à propos d’Eupi. Chez les Pandas, justement, il existe une véritable politique autour de la mascotte, peut-être même bien plus qu’ailleurs.  » Il y a quelques années, on a voulu donner une image plus pro de notre mascotte « , raconte celui qui est également le speaker du club.

 » On lui a donné un vrai nom, une histoire et elle a même un magazine germanophone qui est centré sur elle. Le but, c’est d’aller chercher les enfants. D’ailleurs, Eupi fait plus de photos avec eux que les joueurs (rire).  » Le sympathique panda est ainsi régulièrement demandé à l’extérieur, dans les écoles notamment.

 » Nous estimons qu’Eupi a une mission de  » professeur « , qu’il peut approcher certains contenus et apporter un autre regard. Par exemple, l’an dernier, Eupi a présenté les différentes façons de fêter Noël dans le monde via les nationalités de nos joueurs.  »

Chauffeurs de salle

Mais la mascotte d’un club a également un rôle à jouer lors des matchs à domicile. Pendant que les joueurs s’échauffent, elle se promène sur la pelouse et cherche à mettre l’ambiance. Elle amuse le public. À Eupen, Eupi est plutôt du genre à faire un petit pas de danse tandis que Super Zèbre ira volontiers près de la T4 pour encourager les chants des ultras.

Du côté du Parc Astrid, le Ketje est, lui aussi, du genre à aller au plus près des fans pour faire monter la température. Un geste de la main, un bras en l’air et c’est toute une tribune qui répond à l’appel de sa mascotte.  » C’est beaucoup dans l’improvisation « , indique Jarne Boyen, l’homme qui incarne Binkie, la mascotte de Saint-Trond.

L’humour est également présent chez les mascottes, d’une part par leur aspect jovial mais aussi, d’autre part, dans leurs gestes. Lors de la saison 2015-2016, on avait ainsi pu voir les pirates d’Ostende mimer les crampes de Jelle Vossen pour s’en moquer gentiment.  » La Pro League demande que les mascottes restent sportives et fair-play et c’est tout naturel « , précise André Palm.

D’autres, comme à Courtrai ou OHL, sont surtout destinées aux enfants et familles. Durant les matchs, elles ont à charge de faire monter la température dans les blocs réservés à ce public particulier.

Du côté des joueurs, on évoque le sujet avec le sourire.  » Est-ce que cela nous motive ? Un peu. C’est amusant avant le match de la voir faire le clown avec le public. Ça apporte un peu de fun « , expose Lucas Pirard, le portier de Saint-Trond, en parlant de Binkie.

Personnages ou animaux

En Pro League, personnages et animaux sont représentés à parts quasi égales. Saint-Trond, Eupen, Charleroi, Zulte Waregem, Lokeren, Waasland Beveren et Bruges ont un animal comme symbole tandis qu’Anderlecht, Ostende, La Gantoise, Mouscron, Courtrai et Genk ont préféré des êtres humains pour les représenter.

Pour certains, la filiation est évidente. Par exemple, Eupen a son panda, Saint-Trond son canari ou Charleroi son Zèbre. Pour les autres, à première vue, le choix peut sembler un peu aléatoire. Qu’est-ce qu’un cheval vient faire à Zulte, un renard à Lokeren ou des ours à Bruges ?

Chez les Blauw en Zwart, c’est Antoine Vanhove, ancien directeur général du Club de Bruges décédé en 2009, qui eut l’idée des ours en 2001 en s’inspirant d’une légende locale. Celle-ci raconte que l’ours serait le seul être vivant qu’ait rencontré Baudouin Bras de Fer lorsqu’il prit possession des Flandres au IXe siècle.

À Waregem, ce sont les courses de chevaux tandis que Lokeren fait référence à un vieux conte du Moyen Age. Toujours ce lien local très important !

Plus original, Zwawi, l’homme-oignon qui est la mascotte du club de l’Eendracht Alost. Si le lien n’a rien de surprenant, l’aspect l’est un peu plus avec un personnage dont la tête est remplacée par un oignon. Audenarde a un moment eu son viking, tandis que Hamme avait son homme-oiseau. Roulers, lui, a fait le choix l’an dernier d’un tigre blanc et noir.

À la demande des sponsors

Il arrive également que la mascotte d’un club soit liée à un sponsor et le marketing est alors bien présent. Le Cercle Bruges, aujourd’hui en D1B, par exemple, est représenté par un lapin. Celui-ci est l’emblème de la marque Vaillant, sponsor de l’équipe brugeoise entre 1989 et 2017. La mascotte arborait d’ailleurs le nom de la marque sur son torse. Aujourd’hui, le Cerclekonijn est toujours là mais sans le logo de la marque.

À Courtrai, deux chevaliers représentaient le club il y a quelques années (aujourd’hui remplacé par le Kereltje, un gamin en néerlandais). D’une part, ils faisaient référence à la célèbre bataille des Eperons d’Or (qui donna aussi son nom au stade) mais ils étaient également un outil marketing de la société MyDigipass dont le logo figurait sur les boucliers des personnages. Une fois les sponsors partis, les mascottes s’envolent elles aussi comme par magie.

En Pro League, où le phénomène s’est quasiment généralisé, quelques clubs sont encore réfractaires. C’est le cas de l’Antwerp, du Standard et de Malines. Le KaVé avait pourtant ses chiens il y a encore quelques années.

À l’Antwerp, Thomas Slembrouck, le responsable communication du club, confirme  » qu’il n’y a jamais eu de mascotte « . Il ajoute :  » Le club ne voyait pas la plus-value d’en avoir une et ne voulait pas se laisser influencer par les autres clubs ou ce qui est mainstream.  »

Rien ne dit cependant que le Great Old n’en aura pas un jour une.  » Mais ce sera à la manière de l’Antwerp « , prévient-il.  » La mascotte devra s’adapter à un concept bien plus large englobant les familles.  »

Oui, non, peut-être

Au Standard, la question est vite tranchée :  » Le club fonctionne depuis toujours sans mascotte spécifique (en tout cas, à notre connaissance) « , débute Alexandre Grosjean, le Chief Operating Officer des Rouches.  » Les supporters ont déjà été sondés à diverses reprises et n’y sont pas particulièrement favorables. L’élément le plus important de notre club, c’est le blason… Nous n’avons pas de figure, d’objet, d’animal ou autre qui s’y rattache… et n’en voyons pas l’utilité.  » Voilà qui est clair.

En D1B, Tubize est dans le même cas.  » Nous n’avons effectivement pas de mascotte actuellement faute de bénévole. Néanmoins, c’est une question à l’étude « , nous explique Josselin Croisé, le directeur général des Sang et Or. En D3 amateurs, la nouvelle RAAL franchira prochainement le pas.  » Avec un loup, bien évidemment ! « , lance Mario Cordisco, l’un des instigateurs du projet.

Grosse peluche ou grand bonhomme, une chose est sûre, les mascottes n’ont pas fini de mettre le feu aux stades.

PAR JULIEN DENOËL – PHOTOS BELGAIMAGE

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