Les limites de l’homme

« Le foot, ça se joue 11 contre 11. Et un homme, ça reste un homme, hein « . Filippo Gaone, le président des Loups, allait droit au but, il y a une semaine, avant le tête à tête contre Benfica. Même diminuée par l’absence de Davy Cooreman et Daniel Camus, La Louvière a failli gagner contre des Portugais étonnés d’être bousculés au Stade du Pays de Charleroi.  » On a beau être un petit club, on travaille dur et bien et tous les matches doivent être joués « , avait également dit Gaone. Des clichés au premier abord ? Peut-être mais il faut parfois rappeler les principes de base. Sans ça, les Loups ne seraient sans doute jamais dans l’ascenseur et Marc Delire n’aurait pas pleuré d’un bonheur hystérique en plein direct télé il y a une semaine…

Gaone nous a fait penser à Marc Wilmots, sans doute le joueur, dans l’histoire du football mondial, a avoir snobé le plus fort l’équipe du Brésil. Lors de la dernière Coupe du Monde, il avait considéré les Brésiliens pour ce qu’ils étaient : des bons joueurs, certes, mais  » pas de ceux qui devaient flanquer la trouille aux Diables Rouges « . C’est comme ça et pas autrement que l’on donne le meilleur de soi-même.

A Manchester, Lokeren a profité de l’un ou l’autre dérapage du mythique gardien quadra David Seaman pour prendre confiance en lui. Et l’équipe de Paul Put aurait pu conserver le match nul sans la classe d’un Nicolas Anelka au look de plus en plus pharaonique. On a parlé de renaissance du club de Daknam mais le week-end dernier, patatras, il se faisait scalper à domicile par Westerlo. Le foot est l’un des sports les plus contrariants.

Prenez le Standard. Avant de recevoir les Loups, Dominique D’Onofrio a dit que son club était perpétuellement en crise. Cette saison, alors que tout semblait devoir tourner enfin merveilleusement, les Rouches ont perdu leurs trois derniers matches. A nouveau, on a parlé de mauvaise mentalité de certains… repoussés vers le banc de touche puis rappelés. Si on compare le travail effectué au Standard à celui du Lierse ou de Genk, on se rend compte à quel point on se complique les choses à Sclessin où on fait la tactique en fonction des joueurs. Or, les clubs qui marchent ont souvent des systèmes bien établis et les joueurs sont choisis en fonction de leur facilité à s’y fondre.

Revenons à la Coupe d’Europe. Nos deux représentants en Coupe de l’UEFA ont plus joué au-dessus de leurs moyens que Bruges et Anderlecht pour leur entrée en matière en Ligue des Champions. Pas parce que leurs adversaires étaient proportionnellement moins forts mais parce qu’ils ont trouvé le moyen de se sublimer et d’être à la hauteur du rendez-vous. Un complexe d’infériorité avait-il frappé Brugeois et Bruxellois ?

Les dons de caractère et d’organisation manifestés historiquement sur le plan international par les équipes belges leur ont souvent permis de sauver la face, mais les véritables exploits ont été ciselés par des ambitions plus conquérantes.

A Bruges, Trond Sollied disait la saison dernière que disputer la Ligue des Champions permettait à son équipe de tourner à plein rendement, avec tout bénéfice pour le championnat domestique. C’est un raisonnement positif, mais Bruges traîne un peu la patte en D1.

A Anderlecht, Roger Vanden Stock affirmait à la même époque que le fait de jouer un interminable et faiblard championnat de Belgique ne permettait pas à son équipe d’atteindre son meilleur niveau sur le plan européen. C’est un raisonnement négatif. Et périlleux car vendredi soir, à Heusden-Zolder, Hugo Broos n’a remporté la victoire qu’en alignant ses meilleurs joueurs disponibles dans la partie décisive du match. Sans Aruna Dindane, l’équipe a eu besoin du duo Pär ZetterbergWalter Baseggio et d’ Ivica Mornar pour s’imposer.

par John Baete

 » Pour leurs premiers matches, les Belges se sont plus sublimés en Coupe de l’UEFA qu’en Ligue des Champions « 

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