LES LÉGENDES NE MEURENT JAMAIS

Le grand retour du RWDM au Stade Machtens a attiré la grande foule.

Avec 2.000 abonnements vendus, tout le monde se doutait que le premier match du RWDM au Stade Edmond Machtens attirerait la grande foule mais le résultat fut finalement bien au-delà des espérances et des prévisions puisqu’il y avait, selon différentes estimations, entre 3.500 et 4.000 supporters. Curieux, badauds, familles entières, nostalgiques, anciens joueurs, Brusseleirs en quête d’émotions fortes, amoureux du foot ou de la zwanze, personnalités et VIP en tous genres : la tribune L’Ecluse a bien failli être trop petite pour accueillir cette marée humaine.

Et pourtant, selon de nombreuses rumeurs, cette fête du foot a bien failli ne pas avoir lieu. Durant la nuit précédente, les serrures de l’enceinte molenbeekoise avaient encore été changées, l’alimentation en eau chaude coupée, et on en passe. La guéguerre entre clubs n’est donc pas finie. Et le White Star Bruxelles ne fait rien pour éteindre l’incendie, vous l’aurez compris. Notamment en publiant, quelques heures plus tôt, un communiqué plein de second degré où il se faisait passer pour le FC Waterschei ou en diffusant la vidéo d’un clown tenant les logos des deux clubs. Mais revenons à des aspects plus historico-folkloriques puisque c’est ce qui nous intéresse. Et dans cet ordre d’idées, même le kop du FC Metz, la veille au soir, avait salué le come-back du RWDM d’une large banderole à l’occasion d’un match de L2 contre Clermont.

WE’LL NEVER DIE

Deux heures avant la rencontre, les cafés se bondaient, les supporters arrivaient de tous les coins avec leurs écharpes, bérets et autres maillots ressortis des cartons, pour participer eux aussi à la fête. A l’approche du coup d’envoi, la tension montait autant que l’excitation. Chair de poule en pénétrant dans le bloc A.

 » J’attends ce moment depuis des mois, pour ne pas dire des années « , explique Grégory. Il a lui-même joué au RWDM dans les années 90 et cette renaissance le comble.  » La semaine dernière, je suis allé à Châtelet, mais ce soir, c’est autre chose. Le RWDM, c’est une affaire de famille, de fierté. C’est notre histoire commune. Aujourd’hui, mes parents et mes enfants sont avec moi au stade. On retrouve des visages connus, on en rencontre d’autres. C’est magnifique. Il y a même des peï d’Anderlecht qui sont là. We’ll never die.  »

 » Je n’ai jamais été abonné au RWDM, mais en voyant l’engouement et ce que cela provoquait chez des amis, j’ai franchi le pas « , dit de son côté Bruno.  » C’est bon enfant, on vient pour guindailler.  »

Ça sentait le hamburger et la chope coulait à flots. On entendait les mecs se claquer des bises tous les deux mètres, un  » Ça me fait plaisir de te revoir  » ou  » T’as pris quelques kilos depuis le temps « , on y croisait des politiciens ayant revêtu, pour l’occasion, un peu de noir, blanc et rouge. Récupération politique ? Pas forcément pour tous.  » C’est moi qui ai fait récupérer les quatre lettres qui ornaient la façade du stade après que Johan Vermeersch les avait balancées dans un container « , rappelait Jamal Ikazban, l’ancien échevin des Sports, en saluant Eric Bott, qu’il croise quotidiennement au Parlement.  » Je savais qu’un jour, cela servirait.  »

CARDINAL, SOUTANE, MUSETTE, CROIX PECTORALE

Le Temple était redevenu The place to be. Le stade des Bruxellois. Et ce n’est pas ThierryDailly, au micro devant une foule en délire à quelques secondes du coup d’envoi, qui allait dire l’inverse.

 » Ce soir, je suis content parce que nous nous sommes battus pour pouvoir jouer dans ce stade, dans votre stade. On y est, et on va y rester.  »

Mais l’homme fort du RWDM n’a pas souhaité se mettre en avant outre-mesure. Il a présenté ceux qui l’ont soutenu et accompagné depuis le début de cette aventure. De BrunoVandenwijngaert à SergeBeerens, chaque maillon de la chaîne a pu, lui aussi, profiter de quelques secondes de gloriole. Françoise Schepmans, la bourgmestre, fut concise dans son speech, les fans n’attendant plus qu’une chose : le coup d’envoi. Moment décapant toutefois, quand le Cardinal de Molenbeek, vêtu d’une soutane, d’une musette et arborant fièrement sa croix pectorale frappée du 47, le numéro de matricule initial du RWDM, bénit le nouveau club au son d’une crécelle. The show must go on.

Tifo exceptionnel pour un club de ce niveau au moment où les vingt-deux acteurs entraient en piste. Ambiance de feu.  » Dès que les joueurs montent sur la pelouse, les supporters agitant le drapeau…  » L’hymne de Jean Narcy, pourtant Unioniste, résonnait bruyamment, suivi du célèbre We shall not be moved. A peu de choses près, nous étions replongés au coeur des années 90, quand René Vandereycken qualifia le modeste club bruxellois pour la Coupe de l’UEFA. On surprenait des membres du staff de Sterrebeek, tout heureux d’être les invités surprises de cet instant d’anthologie, qui se prenaient en selfie devant une tribune d’où se dégageait la fumée de quelques feux de Bengale. Le match pouvait commencer.

MATCH PERDU MAIS ON S’EN FOUT

La rencontre elle-même ne restera pas dans les annales et le RWDM s’est incliné de justesse à cause d’une boulette de son gardien. Malgré cela, la fête a pu battre son plein pendant longtemps, même après le coup de sifflet final. Et aucun supporter n’était déçu :  » On aurait aimé fêter notre retour ici par une victoire mais ce que nous venons de vivre est bien plus important « , narrait Jean-Pierre.  » Si le club avait été en D2 ou en P2, cela n’aurait rien changé à cet engouement.  »

 » La victoire, c’est le retour au Stade Machtens « , disait Fred, venu avec sa femme et son fils.  » J’adore l’ambiance, j’ai l’impression que mon club a toujours vécu. Mais pour le reste, j’aimerais quand même que les joueurs bougent leurs roubignoles et qu’ils comprennent la chance qu’ils ont.  »

Finalement, on a presque l’impression que les dix années au cours desquelles ces milliers de fans ont traversé le désert de l’espoir, viennent d’être balayées. RWDM is back.

PAR DAVID DUPONT – PHOTOS BELGAIMAGE/ LAURIE DIEFFEMBACQ

 » La victoire, c’est le retour au Stade Machtens.  » FRED, SUPPORTER

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