Les J.O. sont-ils VIEUX JEU ?

Les J.O. battent en ce moment leur plein et j’ai l’impression qu’ils ont été, dans notre Belgique francophone, promotionnés comme jamais : est-ce à cause du retour aux sources grecques antiques ? Ou parce que la RTBF a repris le flambeau télévisuel après son boycott de Sydney ? Ou parce que la grande lessive pour que les corps soient sains (à défaut des esprits) apportait chaque jour aux médias son petit dopé/coincé/viré qui ne pourrait pas participer ? Ou parce que nous jouions régulièrement les pleureuses, pour ne pouvoir compter que quelques Wallons épars dans l’armada flamande : déception rouge/jaune/noire, comme rouge de honte, jaune cocu et broyer du noir ? Réponse :  » Un peu de tout  » sans doute, comme pour les fromages belges.

Ceux qui continuent d’ignorer tout des J.O. antiques n’ont aucune excuse, il y eut moult initiatives de presse dont il faut retenir un principe : les Jeux d’hier n’étaient pas miraculeusement purs, et par là en parfaite opposition avec ceux d’ hic et nunc qui seraient abominablement corrompus. Au contraire, la leçon est qu’au-delà des civilisations et des technologies, dès Adam courant nu disqualifié par Dieu, l’âme humaine a été continue : car que furent les J.O. jadis ? D’une part une initiative compétitionneuse pavée de bonnes intentions (en résumé : faites le sport, pas la guerre !), d’autre part des compétiteurs d’avant Jésus-Christ déjà tentés par la gloriole et le fric, donc par la triche. En fait, depuis 3000 ans, les sportifs nous disent la même chose : -Nous aimerions être de braves mecs admirables mais, putain (1) que c’est difficile !  » Les Jeux d’aujourd’hui sont de très vieux jeux.

Quant aux éclaircissements sur les disciplines pratiquées lors des jeux antiques, l’initiative la plus coûteuse et la plus médiatisée s’appelait Les champions d’Olympie : coproduction en dix épisodes quotidiennement diffusés sur RTBF et Arte. Cela aurait pu faire une demi-heure intéressante, hélas il y en eut dix : c’était atrocement bête et long !

Le but était de replacer durant dix jours des sportifs d’aujourd’hui dans le cadre et les conditions d’entraînement des athlètes de l’Antiquité (sauf qu’ils n’ont pas osé les habiller tout nus !). Cela faisait télé-réalité à prétention culturelle, avec Jean-Claude Perrin comme coach à la place d’ Armande Altaï, avec la palestre en lieu et place de La ferme : ceux qui s’attendaient à un documentaire ont subi une loft story sous tente traînant en longueur comme un making off ; et ceux qui se shootent à la télé-réalité ont vite déserté, vu que ça manquait d’engueulades et de gonzesses. Les championsd’Olympie, médaille d’or du flop : d’autant qu’aucun éclairage historique probant n’en est sorti, concernant les disciplines d’hier (javelot, sauts, courses, luttes…) toujours sujettes à d’abracadabrantes conjectures.

Second débat, l’écrasante supériorité flamande : si encore Jacques Rogge avait eu l’élégance de naître Ardennais pour calmer le jeu ! Mais non, il est Gantois et fier de l’être ! Alors, d’Athus à Liège et Mons, devons-nous donc geindre ? Les Flamands ont-ils des gènes sportifs plus costauds, ou un meilleur ministre des Sports, ou de meilleurs médicaments, ou davantage de volonté ?

 » Un peu de tout  » sans doute,… mais la supériorité flamande n’arrive plus à me tracasser : tout vieux footeux wallon vit avec elle depuis l’enfance ! Ceci dit, ceux qui veulent absolument chauviniser régional peuvent clamer que Jean-Mi est le seul à participer pour la cinquième fois, que Juju est la seule vraie star et qu’elle est là et Kim pas, mais surtout, surtout, insister sur le fait que la taekwondo woman wallonne dont j’ai oublié le nom est indiscutablement la plus belle ! Mieux vaut être un peu macho qu’à court d’arguments.

(1) Mot français vulgaire. Les Grecs anciens, eux, s’écriaient :  » Péripatétikhè ! « 

par Bernard Jeunejean

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