les initiées

Elles vivent le foot à travers eux et en parlent très bien.

Stéphanie Steenput, compagne de Martin Kolar (Anderlecht)

 » Ma mère gère une taverne-restaurant en face du stade d’Anderlecht. Martin a un jour déjeuné ici avec son professeur de français et il s’est passé ce qui s’est passé ! (elle rit) Martin est plutôt du genre timide, donc c’est le prof qui est venu faire la causette avec ma mère. De fil en aiguille, il a eu mon numéro de téléphone, nous nous sommes donné rendez-vous, d’abord boire un verre puis au cinéma. J’habite chez lui depuis environ quatre mois. Nous nous entendons bien, mais notre relation est récente (elle rit). Je garde les pieds sur terre. Martin est mon copain, comme l’étaient tous mes copains précédents. Il ne m’avait pas sauté aux yeux auparavant et il n’y a pas vraiment eu de coup de foudre la première fois que je l’ai rencontré. Pour moi, il est plus important de savoir à qui j’ai affaire. Par exemple, je sais que Martin est beaucoup moins timide à la maison qu’en dehors ! En fait, je ne voulais pas spécialement me retrouver avec un footballeur, mais lorsqu’on apprécie quelqu’un, on prend les choses comme elles viennent, avec les côtés positifs et négatifs. Une relation est basée sur la confiance et nous en avons beaucoup l’un envers l’autre.

Martin a le sens de l’humour, nous rigolons bien ensemble. Nous sommes encore tous deux très jeunes, lui a 20 ans et moi 19. Il est un peu dérangé parfois. S’il apprécie des biscuits par exemple, il va faire la razzia sur tout le stock du supermarché. Parfois, il joue au golf dans l’appartement et il s’agit alors de tout tenir à l’£il. A Noël, nous sommes allés à Prague. Il faisait -10 ou -15° et il souhaitait me faire visiter la ville. Mais je lui ai demandé si nous ne pouvions pas retourner pendant l’été…

Il est très réaliste aussi, très exigeant pour lui-même et très travailleur. Il donnerait tout pour devenir un grand footballeur. Il est également fier, ne fait pas très attention à l’habillement mais bien à son corps. De nombreux hommes ont l’air bien tout habillés, mais lui au moins sait ce qui est le plus important… (elle rit)

Je suis encore jeune, j’apprécie de temps à autre de sortir, d’aller prendre un verre et d’aller en discothèque, mais ce n’est pas toujours possible après les matches. Ce que nous avons prévu pour la Saint-Valentin ? Il y a match ! Avec un footballeur, on est souvent seule. Il y a les mises au vert, les stages, la Ligue des Champions… C’est peut-être plaisant vu de l’extérieur, mais il y a des côtés moins gais qu’on apprend à connaître après. Ils sont connus, toute l’attention se porte sur eux lorsque l’on se rend quelque part. On est toujours au second rang. Cela fait partie de sa profession, je dois apprendre à vivre avec cela. Enfin, j’ai aussi mon boulot. Pour l’instant je travaille dans la taverne de ma mère mais j’ai passé mes examens à l’école de police. Je sens que c’est quelque chose qui me plaira. Si je réussis à entrer à la police, je devrai sans doute prester des week-ends et des nuits mais ça ne me dérange pas, j’apprécie une certaine indépendance.

Je n’aime pas qu’on m’appelle Madame Kolar. Je ne me sens pas prête à y penser aujourd’hui. Nous sommes tous deux si jeunes et tant de choses peuvent encore se passer. Maintenant tout va bien mais qui sait… Nous sommes réalistes. Il a 20 ans, joue déjà à Anderlecht et est très ambitieux. Je ne pense pas qu’il resterait en Belgique pour mes beaux yeux « .

Rossina Picasso, épouse de Gonzalo Sorondo (Standard)

 » J’ignore si je suis une descendante du célèbre peintre espagnol. J’ai effectué des recherches, mais elles n’ont débouché sur rien. Ce n’est pas impossible toutefois, car mes grands-parents ont émigré d’Espagne vers l’Uruguay autrefois. Mais si jamais j’ai un lien de parenté avec Pablo Picasso, c’est un lien très éloigné. En tout cas, je m’intéresse à la peinture, comme à toute forme d’art : la musique, le théâtre, le cinéma. Mes centres d’intérêt sont très diversifiés. J’ai d’ailleurs hésité très longtemps, à l’école, avant de choisir la voie vers laquelle je souhaitais m’orienter, car tout m’intéressait. Le sport ? J’ai pratiqué le handball au collège pendant de nombreuses années, mais j’ai arrêté. depuis lors.

Si j’étais connue, en Uruguay, comme une possible descendante de Pablo Picasso ou comme l’épouse du footballeur Gonzalo Sorondo ? Comme la femme que je suis, tout simplement. Mais il est clair que le football occupe une place très importante dans la vie des Uruguayens. C’est un peu comme en Italie : le ballon rond déchaîne les passions. Et je n’ai pas pu y échapper. Au point de ne pas pouvoir sortir après une défaite du club de Gonzalo, par exemple ? J’ai toujours essayé de demeurer à l’écart des débats et de mener ma propre vie, mais lorsque mon mari avait mal joué, je le savais très vite : les commentaires allaient bon train.

Le principal inconvénient, lorsqu’on est l’épouse d’un footballeur, c’est qu’on peut difficilement bâtir des projets à long terme. Les déménagements sont fréquents. Pour le joueur lui-même, c’est un moindre mal : il exerce son métier et se concentre sur ce qu’il fait. Et si l’environnement, le climat et la nourriture peuvent un moment le perturber, il noue rapidement des relations dans le milieu qu’il fréquente. Pour l’épouse, c’est déjà plus compliqué. En accompagnant mon mari au fil de ses pérégrinations, j’ai dû apprendre à vivre loin de ma famille et de mes amies, restées à Montevideo. Mais cela s’est bien passé : j’ai fait de nouvelles connaissances. Lorsque Gonzalo jouait à l’Inter Milan, nous habitions à Côme. C’est plus calme, plus joli aussi, que Milan. J’adorais me promener au bord du lac.

A Liège, je me suis rapidement adaptée également. J’ai rencontré des gens très aimables, toujours prêts à nous aider au moindre problème, et la ville me plaît beaucoup. Celle qui souffre le plus de tous ces déménagements, c’est notre petite fille de deux ans et demi. Elle a déjà vécu en Uruguay, en Italie et en Belgique. Nous faisons le maximum pour qu’elle puisse mener la vie la plus normale possible mais son existence est secouée malgré tout. Lorsque Gonzalo a signé au Standard, nous avons dû lui trouver une crèche à Liège. Elle s’est retrouvée au milieu d’enfants qu’elle ne connaissait pas et dont elle ne comprenait pas la langue. A long terme, ces différences culturelles peuvent constituer un enrichissement, mais sur le moment même, c’est dur pour elle.

Ces inconvénients sont temporaires : la carrière d’un footballeur est courte, et il doit essayer d’en tirer le maximum en un minimum de temps. Nous avons une maison à Montevideo, que nous occupons lorsque nous rentrons au pays pendant la trêve. Nous en prendrons définitivement possession lorsque Gonzalo aura raccroché les crampons « .

Mariam Diallo, épouse de Didier Zokora (Genk)

 » Etre l’épouse d’un footballeur, en Afrique, cela représente beaucoup de choses. Mais ce n’est pas propre au continent noir, à mon avis. C’est le cas partout où ce sport a atteint une grosse cote de popularité. Personnellement, je n’aime pas trop me montrer. Cela a toujours été ainsi, c’était déjà le cas avant que je connaisse Didier. J’ai toujours été assez casanière. Je suis une femme d’intérieur.

J’étais baignée dans le milieu du football bien avant de faire la connaissance de Didier. Mon père fut vice-président de l’ASEC Mimosa. A la maison, on en parlait tous les jours et j’ai bien dû m’en accommoder. J’aime Didier pour ce qu’il est, pas parce qu’il est footballeur. Lorsqu’il a émigré en Europe, je l’ai suivi. C’est le rôle d’une épouse d’être aux côtés de son mari. Pour moi, ce fut un grand changement. Didier a une occupation, il n’a pas le temps de penser à toutes les contrariétés. Je n’ai pas cette chance, et souvent, l’ennui me gagne. Lorsque Didier quitte la maison à huit heures du matin et ne rentre qu’en fin d’après-midi, je dois m’efforcer de tuer le temps. Et, dans une ville où l’on ne parle pas le français, ce n’est pas évident. Heureusement, j’ai une petite fille qui fêtera ses deux ans le mois prochain. Je lui donne tout mon amour.

J’assiste régulièrement aux matches de Genk. Le jeu en lui-même m’intéresse et l’ambiance est très agréable au stade Fenix. Mais, la plupart du temps, je ne m’éternise pas. Je n’ai pas l’impression que le fait d’épouser un footballeur ait changé ma vie. Certes, les joueurs de football gagnent généralement beaucoup d’argent, mais l’aspect purement matériel passe au second plan de mes préoccupations. Le plus important, c’est l’amour. J’essaye de faire le maximum pour que Didier se sente à l’aise. Lorsqu’il n’a pas le moral, je m’efforce de le réconforter. Je suis là pour cela. Il a toujours eu horreur de perdre, depuis qu’il est tout petit, et après une défaite, il est fréquent qu’il se sente mal. C’est alors que je dois intervenir.

Une carrière est faite de hauts et de bas. Heureusement, Didier n’a pas encore eu trop à se plaindre jusqu’à présent. Le Soulier d’Or remporté par Aruna Dindane a apporté plus qu’un rayon de soleil dans le c£ur des Ivoiriens. C’est une reconnaissance pour tout le football africain. Tout le monde s’est senti très fier, au pays. Et quand je dis tout le monde, c’est vraiment tout le monde, car les Ivoiriens se considèrent comme des frères. Ce n’est pas comme en Europe, où les gens gardent davantage leurs distances.

La Côte d’Ivoire me manque, je l’avoue. J’attends toujours avec impatience la fin du championnat, pour pouvoir rentrer au pays. Ce n’est pas uniquement le soleil qui me manque, c’est l’atmosphère générale. En Belgique, ce n’est pas pareil : je me sens dépaysée. Il arrive fréquemment que je ne me sente pas à l’aise. En tant qu’Africaine, je suis souvent confrontée au regard des gens, et cela me dérange. La Côte d’Ivoire est considérée comme un pays pauvre, mais j’y ai mené une existence tout à fait normale et je suis allée au bout de mes études. C’est le métier de Didier qui m’a fait venir en Belgique, mais la perspective d’émigrer en Europe ne m’avait jamais tentée. J’aurais aimé ne jamais quitter mon pays, et je suis déjà en train de décompter les jours qui me séparent du retour vers l’Afrique « .

Annick Devriendt, compagne de Peter Van der Heyden (Club Brugeois)

 » J’ai connu Peter via Ebou Sillah, qui a été hébergé chez nous pendant un petit temps et que je considère un peu comme mon frère. Avant qu’ils ne partent à une soirée de club de supporters, Peter était passé en compagnie de quelques joueurs au café que je gère à Sint-Andries. Je n’envisageais rien avec lui, étant donné que j’avais déjà une relation. Beaucoup plus tard, à nouveau libre, j’ai appris à le connaître et je n’en voulais pas parce que je n’avais pas envie d’un footballeur. Mais lorsqu’on est amoureuse, on prend tout ce qui va avec, hein ! Comme être souvent seule, par exemple. Nous étions à peine ensemble depuis six mois qu’il s’en allait quatre semaines au Japon pour disputer la Coupe du Monde. Il faut s’adapter, faire certains sacrifices, mais j’estime normal qu’il en aille ainsi. Vous pouvez très bien tomber amoureuse d’un chauffeur de camion qui part deux ou trois jours chaque semaine.

Il est un fait que toute la vie tourne autour du ballon rond. A la maison, je l’ai pour moi toute seule mais dès qu’on sort, il faut pouvoir le partager. J’arrive à relativiser, cela fait partie du jeu et il faut l’accepter. Je sais qu’il m’est fidèle, mais il faut parfois mordre sur sa chique, car il y a beaucoup d’impolis !

Cela va très bien entre nous. Peter est très attentionné. Tout ce dont une femme peut rêver, Peter le concrétise ! Vraiment, il fait tout : il m’aide à la vaisselle, il passe l’aspirateur, il ne rechignerait pas à repasser et à laver les sols. Mon Peter, c’est la crème de la crème pour moi. Je ne peux m’imaginer un meilleur homme. Pour mon café, il démonte des anciens haut-parleurs et en fait de nouveaux. A la maison, il bricole une niche pour le chien. Peter est une personne avec laquelle il est très facile de vivre. Il est plutôt mignon, a un bon caractère et un beau corps. Il a tout.

C’est plutôt un émotif, oui. Parfois, certains le cataloguent comme vantard mais il n’y a pas de gars plus sympa. Des machos, on en trouve partout, même parmi les chômeurs, mais Peter n’en est pas un. C’est réellement un garçon très simple. Il est sensible aux remarques négatives, mais qui ne l’est pas ? Et puis, un jour n’est pas l’autre et cela vaut pour tout le monde.

Nous avons chacun notre job. Moi j’ai le café, lui il a le foot et nous gagnons notre vie. Mais nous nous voyons régulièrement. Le café dansant n’ouvre qu’à 17 heures et j’essaie d’organiser mon travail lorsqu’il s’entraîne. Naturellement, dans l’horeca nous devons travailler beaucoup la nuit et le week-end. Nous avons ainsi eu pas mal de difficultés à planifier un dîner d’anniversaire pour ma maman. Elle est née en janvier mais nous le fêterons en avril, car on a dû trouver une date qui convienne dans l’agenda de Peter et le mien. Mais si Peter devait un jour partir à l’étranger, je le suivrais, car je donnerais alors la priorité à ma relation « .

Daniel Devos et Christian Vandenabeele

 » Le foot occupe UNE GRANDE PLACE EN URUGUAY. C’est un peu comme en Italie  » (Rossina ) » Mon père a été vice-président de l’ASEC Mimosa. ON EN PARLAIT TOUS LES JOURS  » (Mariam ) » Nous étions ensemble depuis six mois qu’il PARTAIT AU JAPON POUR LE MONDIAL  » (Annick)

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