Les inédits de RAYMOND (II)

S/FM poursuit ses extraits de passages savoureux des rubriques que feu Raymond Goethals tenait avec Alain Ronsse dans Het Laatste Nieuws et qui n’avaient jamais été traduits et publiés en français. Bon amusement !

Dominique D’Onofrio

 » J’ai appris à connaître et apprécier Dominique à la Pro License. Cela n’était pas rare que nous discutions tactique jusqu’au bout de la nuit, alors que tous les autres cursistes étaient montés dans leur chambre regarder un film porno. Dominique n’avait pas de palmarès mais il a direct été accepté par ses collègues. Ce n’est possible que si tu convaincs ton entourage de ta connaissance du foot. Un autre avantage pour le Standard est qu’il partage avec Preud’homme la même vision « .

Tristan Peersman

 » Qu’est-ce que c’est cette affaire avec Peersman ? Il pense qu’il est incontournable parce qu’il a boxé une balle en corner contre les Hollandais ? Il paraît qu’on ne lui aurait pas expliqué, le sukkeleir, pourquoi il n’était pas repris. Et alors ? Hugo a 27 joueurs. S’il doit expliquer ses choix à tout le monde, il va pas beaucoup dormir, hein… Si c’était moi le coach, il aurait déjà reçu une belle amende pour comportement non professionnel avant un gros match. Peut-être que Zitka et Peersman se valent, mais de mon temps c’était le cas avec Preud’homme et Bodart. Pourtant, pas de doute, Michel était mon numéro un. A la place d’Hugo, j’aurais vite tranché le n£ud… gardien ! Et je toucherais à la hiérarchie que si c’est nécessaire. Maintenant, il se complique la vie, celle de Peersman et Zitka aussi, aux yeux du club et de l’extérieur. Peu importe qui il choisit, mais je trouve que Zitka a été un peu trop critiqué après sa bourde de Valence.

Il y a un corollaire à cette histoire. La concurrence acharnée dans un groupe est dure à gérer.

Certains sont stimulés et jouent mieux, d’autres en ressortent kaput. J’ai toujours préféré un petit noyau de joueurs, 16 ou 17 types maximum. J’avais mon équipe dans la tronche et je ne changeais que s’il le fallait vraiment. C’est pas pour rien qu’on m’appelait ‘le conservateur’. Avec le Standard je fus champion avec 13 joueurs et avec Marseille je suis une fois allé jouer à l’AC Milan avec 14 joueurs. -On va se faire passerpour des pouilleux, m’avait dit Tapie. Il pensait qu’on allait avoir l’air de minables qui ne savent pas se permettre un noyau complet. Pas mon problème ! Et, fais gaffe, hein ! On ne jouait pas moins de matches que maintenant !  »

Vincent Kompany

 » A propos de Kompany, je constate que les fleurs ont fait place aux pots ! C’est ce qui arrive quand on met trop vite quelqu’un sous les spots. Kompany est le plus grand talent depuis des années à Anderlecht. Il peut devenir un tout grand mais il ne l’est pas encore. Je veux d’abord voir. Tout le monde a l’air impressionné par sa manière de glisser de sa zone défensive vers l’avant. Mais ne nous trompons pas : lorsque le Sporting récupère la balle, l’adversaire recule et c’est facile d’avancer de 40 mètres. Kompany est une star en Belgique. S’il confirme dans deux ou trois ans au niveau international, il sera très bon. D’accord ? »

Jean Dockx

 » Récemment, j’ai vu sur un poste français un reportage sur un petit club de la région de Caen qui a décidé de confier la sélection de l’équipe aux supporters. Par internet. Ils reçoivent plus de 1.000 sélections et en tirent leur équipe-type. Incroyâââble, hein ? Encore plus incroyable est le résultat qu’ils ont obtenu : 21 sur 24 pour l’instant. A quand ce système à Anderlecht pour décider qui de Zetterberg ou Babagio doit être aligné ?, m’a fait remarquer mon épicier à Jette. Je n’ai pas réagi parce que ce débat pour moi c’est de la couille. Mon avis ? Ils peuvent fonctionner ensemble en compétition belge. La preuve, c’est que le duo Dockx-Vercauteren l’a déjà fait. Quand ces deux-là ont succédé à Arie Haan en 98-99, ils ont joué ensemble avec Scifo en plus. Tu parles d’un milieu offensif. Anderlecht a dépassé tout le monde, gagné 0-6 au Standard et est devenu vice-champion. En plus, Dockx-Vercauteren, c’était pas Hugo. Hugo était un défenseur très basique et il est le même en tant qu’entraîneur. Il choisit la sécurité, même contre le Brussels. C’est parfois pôvre, hein.  »

Luigi Pieroni

 » C’est vrai que Pieroni vient du Standard mais qu’on n’y a pas cru en lui ? Quelle gaffe ! Il est bien meilleur que Kalamanos et Bangoura réunis. Le peï est fort, joue des deux pieds, un bon jeu de tête, n’est pas lent et sait où est le goal. Que demander de plus ? Si j’étais défenseur, je n’aimerais pas l’avoir face à moi dans le carré. Je lis qu’il vaut 120 millions. C’est exagéré, mais moi je donne 85 et je le prends direct. Tu sais que Raymond est économe quand on parle d’argent, mais pour ce prix, on ne se fait pas avoir. Il a 23 ans et c’est sa première saison en D1. Il va encore s’éméliorer techniquement et physiquement. Assez bon pour le top en Belgique ? Ça je crois « .

Jean-Pierre Papin

 » Vercauteren est un bon consultant. Il a comparé Nantes avec les clubs belges. Nantes, dit Frankie, encadre son jeune talent par des étrangers qui s’intègrent parfaitement dans le groupe. En Belgique, ce sont les étrangers qui forment la base et on complète avec quelques Belges… quand y a de la place. Bien vu, Frankie, t’as raison. Nous ne sommes pas un pays de formateurs mais une plaque tournante sur le marché du foot ? Un banc d’essai. Papin, Spehar, Koller, Hossam : pour ceux-là, la Belgique a été une base de lancement « .

Alexandros Kaklamanos

 » Cet avant centre de Gand est bon « , me disait Constant Vanden Stock récemment. – T’en penses quoi, Goethals ?, m’avait-il demandé. Nous avions été manger un petit bout. Enfin, un petit bout ça vaut pour moi parce que Constant mange encore toujours pour deux ! Je ne sais pas où il met tout ça. Malgré son âge, ce peï n’a toujours pas de problème de digestion. Moi je ne pourrais pas me permettre ça. Un petit verre de lait le soir suffit amplement. Autrement je dors pas. Vous me demandez si Anderlecht veut transférer Kalamanos ? Minute papillon , ça je n’ai pas dit…, mais je suis convaincu qu’il ne ferait pas tache dans le noyau d’ Anthuenis. Excuseit, hein mais ne vient pas le comparer à Anastasiou. Kalamanos domine dans les airs. Anastasiou est grand aussi mais il ne décolle pas du sol. Tu saisis ? »

Wilfried Van Moer

 » Je me demande pourquoi le Standard recule au classement. En ne vivant pas au quotidien avec le groupe, on ne peut que faire des suppositions et c’est pas mon genre. D’Onofrio dit que son équipe manque d’un patron, un meneur d’hommes. Peut-être mais quelle équipe dispose d’un tel joueur, fieu ? VanMoer, Haan, Gerets, Clijsters, Ceulemans, ça c’étaient des vrais patrons. Maintenant on a encore Marc Wilmots en équipe nationale et Degryse. Verheyen ? Gert est un garçon intelligent, il relativise, met l’intérêt du club au centre et n’échappe pas à ses responsabilités. Mais que Gert soit un meneur, ça je crois pas …  »

Ingrid Berghmans

 » Je me suis récemment retrouvé au Sportpaleis d’Anvers pour un show. J’avais des doutes en y allant mais je dois dire que je me suis bien marré. Cela faisait 20 ans que je n’avais plus assisté à un show. A l’époque, en 1979 j’étais à Las Vegas avec Arie Haan et Martin Lippens, pour un séminaire sur le foot. Un soir nous avions été à un show au Caesar’s Palace. Enorme. Il te fallait presque un vélo pour arriver aux toilettes ! Quelle histoire. A Anvers, il y avait une vraie beauté à ma table. Elle s’appelait Tina : des yeux de feu, une bombe avec comme quelqu’un l’a dit le sourire désarmant de Meg Ryan. Quand elle s’est approchée de mon voisin pour lui glisser quelque chose à l’oreille, on a tous dû faire contrepoids pour éviter que la table ne se lève ! Ingrid Berghmans était aussi à notre table. Quelle grande belle fille. Parfumée avec du Beverly Hills de Giorgio Armani. Hé, c’est seulement pour vous prouver que j’ai le nez fin, et pas seulement avec les talents en foot ! Elle a raconté qu’elle avait un centre de fitness à Angleur, mais pas de fonction officielle au sein de la fédé de judo. M’enfin ! Je pose la question aux spécialistes du judo. A-t-elle, en plus de son beau palmarès, une trop forte personnalité qui ferait de l’ombre à certains ? Si Ingrid était française, elle serait sur un piédestal. Ici, elle gêne. Petit pays, petite mentalité « .

Franz Beckenbauer

 » J’ai vu le Baaajer à l’£uvre contre Cologne, Hambourg et Brême. Mauvais, fieu ! Ils essaient mais cela ne leur réussit plus depuis un petit temps. Anderlecht a six chances sur neuf de passer l’hiver européen. Si je peux donner un conseil à Hugo : il faut foncer, jouer pour gagner. Hugo peut d’ailleurs profiter de l’occasion pour prendre une revanche personnelle pour ce qui lui est arrivé en 1976 en tant que joueur. Le Sporting avait gagné la Coupe des Coupes contre West Ham et le Bayern la Coupe des Champions pour la troisième fois. Donc on jouait la Supercoupe d’Europe contre eux. Nous avions perdu 2-1 en Bavière, deux goals de Gerd Müller. Pour le match retour, Rensenbrink avait mis son smoking. On a fait des carbonnades du grand Bayern de Maier, Beckenbauer, Schwarzenbeck, Hoeness, Müller et Rummenigge, fieu ! On a gagné 4-1 et c’est de nouveau Müller qui avait marqué le seul goal allemand. Et devinez qui tenait der Bomber, auteur de trois goals en deux matches ? Bien vu : notre ami Hugo ! Des années après, Beckenbauer m’a raconté que ça restait une des plus grosses désillusions de sa carrière « .

Walter Baseggio

 » J’ai vu Brussels -Anderlecht depuis les seats en compagnie de Gilles De Bilde. -A vous deux, ça fait plus de cent ans de folklore bruxellois, m’a dit mon ami Jean Chevalier. Je trouve que Gilles est un tof ket, même s’il m’a coûté un dernier exploit en ratant une occasion mille carats pour la qualification en CL contre Ferencvaros et qu’il a fait un jour un bloush dans ma voiture. Dommage que cela n’a pas marché pour lui au Sporting. Apparemment, c’est davantage en dehors du terrain qu’il avait des problèmes. Mais moi, je ne me suis jamais soucié de ça, ce qui m’occupait c’était le jeu, le terrain. Je me suis informé du prix de sa Ferrari parce que mon Opel Omega se fait vieille. En on a aussi parlé de Babagio et de son transfert à l’Inter Milan. Je pense que Walter est à son plafond à Anderlecht. Ça fait huit ans qu’il est là, approche les 200 matches de championnat, il a fait le tour de la propriété, tu saisis ? Même si le Sporting joue encore 5 ans en Champions League, il ne progressera plus. Il est donc temps pour changer. L’Italie me paraît convenir parfaitement, vu ses origines. Mais l’Inter, c’est un peu trop haut pour lui. Tu sais, fieu, quand on a 25 ans la vie n’est pas rose sur le banc. Si j’étais son manager je lui chercherais un club de second rang, genre Udinese ou Parme. Ce que Georges Grün et Johan Walem y ont accompli est possible pour lui aussi. Et s’il se met en vitrine en jouant bien, les cinq grands vont vite venir le chercher !  »

Rune Lange

 » Le Club a dû se rabattre sur Rune Lange. M’étonnerait que Bruges ait fait une bonne affaire financière et au niveau sportif j’ai mes doutes sur ce Norvégien. Lange n’est pas rapide, pas bon de la tête et n’a pas une seule fois tiré au but en trois matches. Remiser, ça va, mais contrôler en un temps, passer son homme et shooter correctement au goal, ça non. Antoine (Van Hove), retiens ce que je dis : si le Club Bruges ne veut pas se laisser dépasser par le Standard et Genk la saison prochaine, ça va te coûter quelque chose. La politique des petits pas c’est bien, mais il y a un moment où il faut allonger. Je sais que le budget de Bruges est à peine la moitié de celui d’Anderlecht, mais il faut oser penser plus loin que la caisse du club. Il circule quand même assez d’argent en Flandre, non. Lambert, Papin, Amokaditch, Spehar, Stanic, le Club a toujours eu des bons attaquants et doit chercher absolument un bon avant de pointe. Et pas Blanche-Neige chez les Schtroumpfs « .

Zinedine Zidane

 » A propos du Real, si j’étais le directeur technique du club, j’aurais transféré Stam et Nesta au lieu de Zidane. Cela m’aurait coûté moins cher et l’équipe se serait renforcée. Je ne veux pas dire par là que Zidane n’est pas bon. Au contraire, c’est l’un des meilleurs de sa génération et tout entraîneur le voudrait dans son équipe. Mais le Real n’a pas réellement besoin de lui, alors que par contre derrière la défense est une passoire et pourrait se servir de Stam et Nesta. Tu saisis ? Mais bon, Zidane représente commercialement tellement et tout ça est bon pour le merchandîîîsing de Madrid, bien entendu « .

Mariah Carey

 » Je pensais que j’allais y échapper mais non. J’ai la grippe. Probablement attrapée lors du gala du Soulier d’Or au Casino de Knokke, quand j’étais en train de zieverer sur la digue avec mon ami Guy Thys. Ou alors c’est la faute de Marie Carréet du vent de folie qui a soufflé sur le Casino. C’est vrai que, entre nous, elle a des belles jambes. Moi donc avec une écharpe autour du cou et une bouillotte sur la tête, devant la TV pour regarder les résultats sur le télétexte et après voir les images. C’est bon pour une semaine mais j’ai déjà dit à mon docteur que je devais être rétabli pour Anderlecht-Bruges de dimanche soir. S’il le faut, il me donnera un remède de cheval « .

Peter Schmeichel

 » Vous avez aussi apprécié Manchester United la semaine passée ? Formidable : combinaisons, vitesse d’exécution, beaux goals. Ce que je ne comprends pas à Manchester, désolé , quand même le club le plus riche avec 6 milliards de chiffre d’affaires, c’est qu’ils n’engagent pas un bon gardien. Schmeichel était un roc dans la tempête alors que maintenant ce sont des gros nuls entre les perches. Si Manchester ne gagne pas la Champions League, c’est la faute aux gardiens. Tout ça alors que Schmeichel fait une saison du tonnerre au Sporting Lisbonne. Mais que veux-tu, fieu, il a 37 ans et a encore voulu se payer un gros transfert : à son âge, le soleil, le fric et la ferveur, ça ne se refuse pas. Fabien Barthez a pu aller à Manchester mais le président Campora de Monaco lui a donné une augmentation. Dommage pour Manchester parce que Barthez c’est le top absolu. Lui et Van der Sar sont parmi les meilleurs gardiens du monde. Juste, hein !  »

Johan Devrindt

 » Un journaliste de la NOS (TV néerlandaise) m’avait demandé une interview lors de la Coupe du Monde 1998. Il était seulement intéressé par ce qui s’était passé au Mondial du Mexique en 1970. Je lui ai dit : gagné contre le Salvador, reçu une rammeling de la Russie et pigeonné par l’arbitre devant 120.000 personnes contre le Mexique. Et le journaliste de me demander ce qu’il en était-il des frictions internes dans le groupe. Désolé, mais c’est du chinois pour moi. Des problèmes avec les joueurs ? Ouille, ouille, ouille. Nous avons juste dû séparer Devrindt et Polleunis lors d’un entraînement. Une petite engueulade transformée par la presse en bain de sang de Puebla. Ces choses arrivent toujours.

Il est vrai que les Brugeois se plaignaient d’être dans l’ombre des Anderlechtois et des Standardmen. Et il est vrai que Devrindt avait dit au chef de délégation Roger Petit qu’on allait l’empêcher de jouer contre le Mexique. Mais lorsque je l’ai lancé 25 minutes avant la fin, à la place de Polleunis ! Cela a marché comme du rouge pour un taureau. A deux reprises, il a failli égaliser. Comme quoi, en étant malin, en exploitant au bon moment des dissensions internes, on peut parfois arriver à des résultats « .

(Suite au prochain numéro)

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