Les Hurlus suent mais ne saignent pas.

Certains critiquent Broos pour son programme de matches amicaux trop légers mais il est très optimiste pour la nouvelle saison.

Mouscron est en Hollande, à Delden, mais aurait pu préparer la saison en Arabie Saoudite! « Nous avons effectivement été contactés avant le GBA et Beveren », confirme Hugo Broos. « En fin de saison, j’aurais éventuellement pu concevoir une telle escapade, mais pas à une semaine du début du championnat. Financièrement, ce tournoi s’annonçait pourtant très intéressant. Mais, jouer sous des températures de 40° -même avec des mi-temps d’une demi-heure- vous n’y pensez pas? Et si, au retour, nous étions battus à Alost le 12 août, que dirait-on? »

La perspective de rencontrer Hapoël Haifa durant le stage aux Pays-Bas ne disait rien qui vaille non plus à l’entraîneur brabançon : « Le risque de blessures était trop grand. Avec ce genre d’équipes, il y a souvent des problèmes ».

Broos a préféré rencontrer le NEC Nimègue de Johan Neeskens dans le coquet petit stade du club De Treffers, qui fut champion amateur des Pays-Bas en 1998. Un NEC qui donna la leçon à l’Excelsior mercredi passé: 4-1 et le score aurait pu prendre des proportions plus lourdes encore, tant les occasions furent nombreuses d’un côté et rares de l’autre. Certes, il ne faut pas tirer de conclusions prématurées de ce genre de rencontres disputées après un entraînement matinal parfois poussé.

Mais nous n’étions pas les seuls à penser qu’Hugo Broos avait conçu un programme de matches amicaux trop léger: NEC, De Graafschap et Rayo Vallecano comme seules équipes de D1 au menu, c’est mince. Et Mouscron risque de prendre le chemin d’Alost, le 12 août, sans savoir exactement où il se situe.

« Malgré tout, on a déjà eu un aperçu de ce que Geoffrey Claeys pouvait nous apporter », poursuit Hugo Broos. « Sans être un véritable patron, c’est un joueur qui peut donner des directives dans l’entrejeu. Le poste qu’il occupe est essentiel dans notre système. Yves Vanderhaeghe avait le profil idéal pour l’occuper. Geoffrey n’est pas une copie conforme du Diable Rouge, mais peut s’en rapprocher. Zoran Ban, qui a terminé la saison dernière avec le noyau B de Genk, n’a pas encore retrouvé la plénitude de ses moyens. Il n’a pas la classe mondiale, mais je sais ce qu’il peut nous apporter. Je n’ai jamais compris pourquoi il avait échoué dans le Limbourg. Il y aura de la concurrence en attaque, car outre Marcin Zewlakow, Claude Bakadal est revenu dans de meilleures dispositions. Cette fois, il n’a plus omis d’entretenir sa condition pendant les vacances. D’aucuns estiment que nous avons été peu actifs sur le marché des transferts. Je persiste à penser que le meilleur transfert que l’on puisse réaliser est de conserver un joueur important. Même si nous avons perdu un attaquant auteur de vingt buts, nous n’avons pas subi de saignée. Ce sera sans doute notre principal atout cette saison. L’effectif a été stabilisé. Les frères Zewlakow ont prolongé jusqu’en 2006, Franck Vandendriessche et Olivier Besengez jusqu’en 2005, et j’espère pouvoir trouver un accord dans les mois qui viennent avec d’autres joueurs importants, comme Tonci Martic, Alexandre Teklak et Steve Dugardein. Je sais que les contrats les plus solides peuvent être brisés lorsqu’un club puissant entre dans la danse, mais Mouscron a accompli un pas dans la direction vers laquelle je voulais aller ».

Contrairement à tous ses joueurs, Broos n’a toujours pas resigné!

Et Broos lui-même? Jean-Pierre Detremmerie avait affirmé, voici quelques mois, qu’il ne voulait pas commencer la nouvelle saison avec un entraîneur arrivant en fin de contrat. « Et pourtant, la nouvelle saison a déjà commencé et je n’ai toujours pas resigné », constate Hugo Broos. « Quand vais-je le faire? Je ne veux pas fixer de date. Chacun connaît la relation de confiance que j’entretiens avec Jean-Pierre Detremmerie. Je voulais voir dans quel sens évoluerait le club et je veux continuer à observer. Pour l’instant, tout suit le cours que je souhaite. C’est tout ce que je peux dire ».

L’un des points sujets à discussion concerne la fonction qu’occuperait Hugo Broos dans l’organigramme mouscronnois. Le rôle de directeur technique, qu’il envisageait déjà à Bruges et que l’Excelsior est disposé à lui offrir, suscite beaucoup de spéculations. Dans le chef de l’intéressé, il semble que la décision d’abandonner le terrain soit difficile à prendre. « Mais ce n’est pas sur ce point-là que la prolongation de contrat achoppe », précise Hugo Broos. « Le président me laisse le libre choix de la fonction que je souhaiterais remplir. Actuellement, j’avoue que je ne me sens pas encore prêt à abandonner le terrain. J’épouserai probablement un jour la fonction de directeur technique, mais pas encore la saison prochaine ».

Delden : dix ans dans le même bled idéal!

Delden est dans le nord-est des Pays-Bas. L’Aparthotel de ce patelin calme et verdoyant, situé dans la région de la Twente, est pratiquement devenu la résidence d’été de Broos. Le Brabançon entame sa quatorzième saison comme entraîneur et voilà déjà dix années qu’en juillet, il emmène systématiquement ses troupes tout là-haut, chez nos voisins d’outre-Moerdijk.

« J’ai découvert cet endroit un peu par hasard », se souvient-il. « A l’époque, j’étais entraîneur de Bruges et j’envisageais de me rabattre sur les endroits traditionnels : Oisterwijk, Papendael, Sittard etc. Malheureusement, tout avait déjà été réservé de longue date par d’autres équipes. Foeke Booy m’a alors suggéré Delden. J’ai pris une carte des Pays-Bas pour voir où cela se trouvait, car je n’en avais encore jamais entendu parler. Je suis immédiatement tombé sous le charme ».

Depuis lors, Hugo Broos y retourne chaque année. « Pourquoi changer lorsqu’on se sent bien? J’y suis allé cinq fois avec Bruges et cinq fois avec Mouscron. Je suis satisfait sur tous les points : le calme est garanti, les chambres sont confortables, la nourriture est de qualité et les terrains sont en excellent état. Mes joueurs, non plus, ne se sont jamais plaints. Aucun ne maugrée à l’heure de monter dans le bus: -Encore une fois Delden? Il faut dire que mon noyau a beaucoup changé depuis que je suis à Mouscron… Il n’y a que trois ou quatre joueurs qui, comme moi, se sont rendus à Delden pour la cinquième fois ».

« Une escapade nocturne? C’est leur problème ».

Qu’attend Hugo Broos d’un tel stage? « Au cours des deux premières semaines de préparation, j’ai l’habitude de travailler essentiellement la condition physique. L’aspect tactique n’est abordé qu’à partir de la troisième semaine. Je passe toujours les huit premiers jours dans nos installations. Puis, j’emmène l’équipe en stage. D’une certaine manière, le départ pour les Pays-Bas marque la fin des vacances. On travaille dur. Les possibilités de distraction sont rares. Le soir, les joueurs sont très tôt dans leur lit. Et je suis plutôt partisan de l’auto-discipline. Si certains veulent faire une escapade nocturne, c’est leur problème. J’ai la chance d’avoir un groupe discipliné à ma disposition. Le schéma d’entraînement est classique. Les joueurs se lèvent vers 8 heures, déjeunent et s’entraînent une première fois à 10h30. Après le repas de midi, ils font une sieste et s’entraînent une deuxième fois vers 16h30. Non, ils ne doivent pas se farcir un cross matinal dès le lever. Ces méthodes-là sont dépassées. Lors de mes débuts comme entraîneur, je programmais encore un footing à 7h30, moi aussi. Mais j’ai abandonné ce principe. L’explosivité a pris une part prépondérante ».

Hugo Broos est satisfait de la manière dont s’est déroulé le stage de Delden. « Les petits pépins physiques ont été moins nombreux que de coutume. Car c’est traditionnellement une période où les blessures musculaires sont fréquentes. Je n’ai dû déplorer que l’entorse de Jonathan Blondel et la contracture de Cleiton. En plus des problèmes au mollet de Gordan Vidovic. A son sujet, je me veux moins alarmiste que ce que j’ai lu dans les journaux. D’aucuns ont déjà parlé d’une indisponibilité d’un mois ou plus. Il n’est pas impossible que je puisse le récupérer pour le début du championnat. Je veux simplement éviter de précipiter son retour, comme nous l’avons parfois fait dans le passé. Il ne se réentraînera avec le groupe que lorsqu’il sera vraiment prêt ».

La Coupe Intertoto lui donne toujours des boutons.

Le rituel hollandais d’Hugo Broos n’est pas lié à une quelconque superstition. « Je ne suis pas superstitieux pour un sou », assure-t-il. « Je ne suis pas du genre à conserver la même cravate ou le même caleçon aussi longtemps que je ne suis pas battu. D’ailleurs, à l’issue de mon premier séjour à Delden, Bruges avait été éliminé d’entrée de jeu en Coupe d’Europe. Cela ne m’a pas empêché de revenir l’année suivante. Si, pour le stage hivernal, j’ai changé d’endroit chaque année, c’est parce que je n’ai pas encore trouvé dans le sud l’équivalent de Delden. Tantôt l’hôtel n’offrait pas tout le confort requis, tantôt l’état des terrains d’entraînement laissait à désirer. Le jour où j’aurai trouvé, en Espagne, en Italie ou ailleurs sous le soleil, l’endroit idéal qui me convient, il y a fort à parier que j’y retournerai également chaque année ».

Hugo Broos n’est pas un aventurier. Il préfère les certitudes et le classicisme. « D’abord, j’estime que les joueurs ont droit à des vacances décentes. Un bon mois, au cours duquel ils peuvent recharger leurs accus tout en étant tenus d’entretenir leur condition, cela va de soi. La période de préparation dure cinq semaines. J’ai toujours obtenu de bons résultats en procédant de cette manière. La période réservée aux matches amicaux ne peut pas être trop longue. Déjà maintenant, certains joueurs piaffent d’impatience en attendant le début du championnat. Je conçois qu’une équipe appelée à disputer un tour préliminaire de Coupe d’Europe ne peut pas respecter ce schéma et reprendre les entraînements le 7 juillet, comme nous l’avons fait, mais ce n’est pas le cas de Mouscron ».

La simple évocation de la Coupe Intertoto lui donne des nausées: cela dérogerait à son schéma de préparation traditionnel. Et puis, on ne sait jamais quel adversaire obscur le sort pourrait réserver. Mais la compétition peut proposer des confrontations intéressantes lorsqu’on a la chance de passer un ou deux tours. A l’image de Newcastle, du Werder Brême ou du Paris Saint-Germain…

Daniel Devos, envoyé spécial à Delden

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