« Les grands doivent encore monter en puissance »

Emilio Ferrera est resté sur sa faim à l’occasion des premiers matches européens de l’année.

Qu’avez-vous retenu de la reprise des coupes d’Europe?

Emilio Ferrera: Globalement, j’ai été frappé par la très faible productivité des attaquants. Faites le compte: 9 buts en 8 matches en Ligue des Champions. Et en Coupe de l’UEFA, ce n’était pas plus brillant: 7 buts en 6 rencontres si l’on ne tient pas compte de Valence-Servette (3-0) et Inter Milan-AEK Athènes (3-1), les exceptions à la règle.

Y a-t-il une explication à cette absence de percussion?

Plusieurs facteurs peuvent être avancés. Tout d’abord, il y a la petite forme affichée par bon nombre d’attaquants. C’est un miracle, par exemple, que le match entre la Juventus et La Corogne s’est terminé sur un score vierge car David Trezeguet et Alessandro Del Piero, qui a d’ailleurs manqué la conversion d’un penalty, ont eu plusieurs fois la chance de plier ce match. Ailleurs, ce n’était pas plus fringant. Ruud Van Nistelrooy a singulièrement manqué d’inspiration pour Manchester face au gardien nantais Mickaël Landreau. Et en Coupe de l’UEFA, il en est allé de même pour les Lyonnais Sonny Anderson et Sydney Govou ou encore le Néerlandais Arnold Bruggink au PSV.

Le manque de perçant est sans doute lié aussi à la motivation des équipes sur le terrain. En Ligue des Champions, tout est encore possible après trois matches. On peut comprendre, dès lors, que certains calculent toujours à ce stade de la compétition. Même si ces comptes d’apothicaire jouent parfois de vilains tours. En réalité, je suis surpris par le nombre de partages vierges qui ont soldé ces rencontres. Tous ces 0-0 ne reflétaient guère la physionomie du match. J’ai déjà évoqué le cas de Juventus-La Corogne, mais Liverpool-Galatasaray, c’était du pareil au même: jamais ce match n’aurait dû se solder par un partage si les attaquants avaient fait preuve d’un peu de dextérité.

Ceci m’amène à dire que quelle que soit la concentration dont on fait preuve, tabler sur un 0-0 est toujours risqué. On reste, malgré tout, toujours tributaire d’un moment d’égarement ou d’une illumination d’un joueur, sans pouvoir alors se retourner. Chez nous, Anderlecht l’a vérifié en championnat à Bruges et Porto en a fait la même expérience au Real Madrid: pendant 80 minutes, tout était hermétique chez les Portugais. Jusqu’à ce que Solari y aille d’une percée décisive. A Barcelone-AS Rome, les Italiens ont parfaitement défendu pendant les neuf dixièmes de la partie. Mais il a suffi d’un moment d’égarement de Vincent Candela pour tout remettre en question. Personnellement, je trouve que quand un team présente des attaquants d’exception comme Gabriel Batistuta ou Francesco Totti dans ses rangs, jouer le zéro au marquoir est étonnant.

La plupart des équipes, même les plus huppées, semblent présenter deux visages tout à fait différents selon qu’elles évoluent à l’extérieur ou dans leur environnement familier.

Cette réflexion est surtout d’application aux Anglais, souvent intraitables à domicile mais souvent méconnaissables aussi loin de leurs terres. Manchester s’était déjà très mal exporté la saison passée, avec des défaites au PSV et à Anderlecht notamment, comme chacun s’en souviendra et, cette saison-ci, ce n’est pas plus brillant. Arsenal aussi ne voyage pas bien, puisqu’avant de ramener un point de Leverkusen, il avait essuyé la défaite lors de ses six déplacements antérieurs. Finalement, seul Liverpool fait un peu exception à la règle. Ce n’est peut-être pas un hasard, dans la mesure où cette formation me paraît mieux travaillée qu’un Arsenal qui, pour moi, ne brille que par ses individualités.

Comment voyez-vous la suite des événements?

Théoriquement, la plupart des équipes devraient monter en puissance à présent. Et je présume que les grands répondront présents en quarts de finale: Manchester et le Bayern dans le groupe A; Barcelone et l’AS Rome dans le groupe B; le Real et Panathinaïkos dans le C. En ce qui concerne le D, par contre, c’est la bouteille à l’encre. Mes faveurs vont à La Corogne. Arsenal, la Juventus et le Bayer Leverkusen se battront pour le deuxième baquet.

Bruno Govers,

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