Les grandes manoeuvres

Après la Commission européenne, trois banques viennent de remporter une bataille décisive contre  » Monsieur Formule 1 « . En attendant que quatre constructeurs automobiles lui portent le coup fatal ?

Bernie Ecclestone est l’inventeur de la F1. Aujourd’hui âgé de 74 ans, ce petit Anglais dicte sa loi un peu partout dans le monde de l’automobile et, par le truchement de ses sociétés, il en touche grassement les dividendes. Depuis les années 1990, la Commission européenne lui a un peu raccourci les bretelles pour abus de position dominante. Elle l’a forcé, après moult péripéties, à vendre 75 % des actions de la SLEC (du nom de son épouse, SLavica ECclestone), la société détentrice des droits commerciaux de la F1, concédés à ce holding d’Ecclestone par la Fédération internationale de l’Automobile (FIA). Ces actions sont détenues par trois banques : Morgan, Lehman Brothers et Bayerische Landesbank. Mais le petit empereur a plus d’un tour dans son sac. Il conserve le pouvoir dans la filiale Formula One Administration (FOA) qui signe les contrats avec les organisateurs locaux des épreuves du calendrier, comme le GP de Francorchamps par exemple. La FOA touche notamment les droits de retransmission télévisée et autres droits commerciaux. Même problème à la Formula One Holdings (FOH), une autre filiale qui encadre la FOA. Les banques en ont eu marre cependant et n’ont pas hésité à attaquer  » l’oncle Picsou  » en justice. Résultat : la Haute Cour de Londres l’a condamné, le 6 décembre dernier, pour sa mainmise sur la F1 et invalidé la nomination des époux suisses Argand, qui sont des proches, au comité directeur de FOH. Ce jugement ouvre la voie à la prise de majorité des banques dans cette société stratégique, sous réserve d’un revirement en degré d’appel. Le multimilliardaire anglais ne désespère pas, pour autant, de reprendre la majorité absolue dans ces rouages que les banques contrôlent formellement mais indirectement. Il accuse les banques de ne pas s’intéresser au sport, mais seulement à l’argent… L’arroseur arrosé ou l’arrosé arroseur…

L’enjeu de ces batailles est bien sûr le magot financier de la F1, estimé à quelque 800 millions de dollars par an par le magazine The Economist. Les écuries en revendiquent une part plus importante. L’année dernière, elles ont déjà obtenu la rétrocession de la moitié des revenus de la F1. Les grands constructeurs envisagent aussi, à l’horizon 2008, la création d’un championnat concurrent. A l’exception de Ford (Jaguar), qui a décidé de quitter la F1 à la fin 2004, les écuries BMW, Daimler-Chrysler (Mercedes), Fiat (Ferrari) et Renault se sont regroupées dans Grand Prix World Championship (GPWC) et ont, au début du mois de décembre, présenté leur projet parallèle à plusieurs propriétaires de circuits. Pour faire baisser la pression on prête aux banques, consolidées par le jugement londonien, l’intention de négocier avec le GPWC le montage d’une nouvelle structure financière qui reverserait aux écuries une part plus importante du gâteau. C’est la scission du monde de la F1 qui se joue ou se déjoue.

Ch.E.

Les banques mais aussi les constructeurs revendiquent une part plus grande du gâteau de la F 1

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