LES FLÉAUX DU BANC

La FIFA interdit le tabac pour les coaches. Mais quid de la drogue et de l’alcool ?

Ma réflexion d’aujourd’hui s’articule autour de la proposition de la FIFA. d’ interdire aux coaches l’utilisation du tabac sur le banc et bien évidemment dans la zone de coaching. Cette décision serait motivée par souci de l’image que doivent véhiculer les entraîneurs auprès des jeunes. Les formateurs doivent naturellement montrer l’exemple et je rejoins tout à fait cette vision des choses d’autant plus facilement que je suis moi-même non-fumeur. Mais cette mesure devrait s’étendre à l’ensemble du banc car le tabagisme passif imposé aux réservistes est pour moi plus néfaste que le fait de vouloir protéger une image…

Je me souviens de l’époque de Raymond Goethals au Standard où les joueurs assis sur le banc devaient respirer l’air pur produit par la cigarette de l’entraîneur, du médecin voire du kiné. Tout cela ajouté aux effluves engendrées par la fumée de la pipe du délégué. De plus, il n’était pas rare, à la mi-temps, que les toilettes soient infestées par un coéquipier fumeur qui avait été dé-stresser au petit coin. Dans de telles conditions, on demandait aux joueurs d’être au sommet de leur forme !

Depuis toujours, j’ai imposé à l’ensemble de mon banc, en tant qu’entraîneur, l’interdiction  » d’enfumer  » les joueurs et cela ne s’est pas chaque fois passé sans grincement de dents car Dieu sait si les fumeurs sont accrocs et bien souvent intolérants. Certains collègues comme Henri Verjans, coach de Seraing en D3, essayent de s’imposer l’abstinence depuis janvier et c’est tout à leur honneur. Mais que va-t-il se passer lorsqu’un arbitre prendra un entraîneur en train de fumer en flagrant délit ? Exclusion de la zone neutre avec suspension à l’appui pour lui permettre de fumer à son aise dans la tribune, amende pour alimenter les caisses de la Fédération ou alors peut-être travaux d’intérêts généraux tels que participations à des conférences antitabac ! Que va-t-on encore inventer ? Peut-être trouver un sponsor pour offrir un patch aux entraîneurs incapables de respecter la nouvelle réglementation ?

Les décideurs du football ont évidemment raison de lutter contre ce phénomène mais la mobilisation doit être générale et le rôle de la presse à ce niveau est également très important. Elle pourrait par exemple décider de ne pas filmer un entraîneur fumant sur le banc. Suite à l’exclusion de Laurent Blanc lors de la demi-finale de la Coupe du Monde 1998, une équipe de télévision est allé recueillir les impressions du Président dans sa chambre. On voit le libero de charme de l’équipe de France, allongé sur son lit de sa chambre d’hôtel, confier ses états d’âme une cigarette à portée de main. J’avais trouvé cette attitude du défenseur français absolument déplacée. L’exemple doit venir d’en haut ! Dans un passé pas très lointain, il m’est arrivé de rencontrer un entraîneur de jeunes, devant remplacer un arbitre absent, qui gambadait au milieu de gamins un sifflet à une main et une cigarette dans l’autre. Belle leçon d’éducation que celle-là !

Un autre fléau assez méconnu dans la corporation des entraîneurs est le problème de la drogue. Le cas de Christoph Daum dont la candidature au poste de sélectionneur de la Mannschaft fut rejetée pour usage de stupéfiants n’est certainement pas un cas isolé. D’autres coaches usent certainement de cette pratique pour tenter de vaincre le stress inhérent à leur profession. Dans ce cas, des contrôles pourraient s’organiser inopinément afin de condamner ce genre de pratique et sanctionner les entraîneurs fautifs.

Et que dire de l’alcoolisme dans la corporation des entraîneurs ? Là, il y a un énorme combat à mener notamment chez les éducateurs de jeunes que l’on devrait aussi contrôler avant de les voir monter sur le terrain en état d’ébriété. Le rôle des dirigeants de club est vital à ce niveau. Egalement envers les entraîneurs professionnels… On ne peut pas continuer à fermer les yeux sur ce genre de problème. Par le passé, j’ai côtoyé des entraîneurs alcooliques et il en existe encore à l’heure actuelle. Contrôlons-les quitte à leur enlever leur licence en cas de récidive. Ils doivent être un exemple pour la société et plus particulièrement pour la jeunesse. En tant que personnalité publique, ils ont des responsabilités beaucoup plus importantes que Monsieur Tout-le-Monde et on devrait lutter contre ce fléau que chacun ignore ou feint d’ignorer.

Etienne Delangre

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