Les entraîneurs restent des passants

Il y a exactement un an que le président de Gand, Ivan De Witte, nous a parlé d’un nouvel entraîneur, durant le repas suivant une interview, à la Ghelamco Arena. Son club disputait les PO2 et De Witte savait qu’après six entraîneurs en l’espace de deux ans, il n’avait plus le droit à l’erreur. Il avait songé à Dick Advocaat et il savait que les supporters accueilleraient pareil choix comme un exploit mais il nourrissait des doutes sur la fidélité du Néerlandais. Il avait également parlé de Peter Maes mais l’indemnité de rupture due à Lokeren le faisait reculer. Il pensait bien plus à Hein Vanhaezebrouck. Le sens tactique et le fanatisme de ce coach le séduisaient. Rien n’était encore officiel mais on le sentait : les Buffalos avaient déjà opéré leur choix.

Douze mois plus tard, les Buffalos sont en tête. Toute la saison, Vanhaezebrouck a disposé ses pions en parfait stratège. Comme il l’a encore fait dimanche à Courtrai, notamment en coupant l’approvisionnement des avants Teddy Chevalier et Ivan Santini. Avant cela, Vanhaezebrouck avait déjà réduit à néant la tactique de différentes autres équipes. Il n’a pas de leçon à recevoir sur le plan stratégique. Et il le sait car il n’a pas vraiment la modestie typique des Flandriens. Ce n’est pas un must non plus quand on réalise pareil exploit. Les Bleu et Blanc continuent à parler de la troisième place mais les voilà en tête et, à ce stade du championnat, ils doivent jouer cartes sur table. Ils ont posé les fondations requises. Bien plus tôt que prévu. Maintenant, ils peuvent poursuivre leur oeuvre. Même si Gand terminait effectivement troisième.

Pour les clubs, il semble n’y avoir rien de plus délicat que d’enrôler le bon entraîneur au bon moment. Au moins neuf des seize pensionnaires actuels de l’élite vont entamer la prochaine saison avec un nouveau coach principal. Parler de continuité et de stabilité devient ridicule. Cette saison, on a procédé à dix changements de T1. Une approche dure, un autre style de jeu, c’est chaque fois un recommencement. Il s’en est même fallu de peu que le Standard ne place un quatrième entraîneur en une seule saison à la tête de son noyau mais suite à sa victoire 1-0 face au Club Bruges, samedi, José Riga, honni par les supporters, poursuit sa mission – encore un peu. Heureusement pour la direction, qui aurait perdu toute la crédibilité qui lui restait.

Il est parfois difficile de comprendre pourquoi on renvoie un entraîneur. Pendant quatre ans, Fred Vanderbiest a accompli de l’excellent ouvrage à Ostende. Le Bruxellois n’est pas un ténor d’envergure mondiale, il manque parfois de tact mais il sait attiser le feu, par sa passion et son enthousiasme. Il convenait bien au club du littoral. Il y a quelques semaines, quand on a compris qu’Ostende allait se séparer de lui, le président Marc Coucke a twitté que le sujet n’était pas à l’ordre du jour. Puis, la semaine dernière, un communiqué officiel a annoncé la fin de l’ère Vanderbiest. Les clubs ne communiquent jamais ouvertement sur la question et chaque fois, ils font ce qu’ils avaient démenti.

En cinq ans, on dénombre 73 changements d’entraîneurs chez les 16 clubs de l’élite actuels. Même les grands clubs ont tâtonné. Par exemple, depuis son dernier titre, sous la direction de Trond Sollied, en 2005, après un règne de cinq ans pour le Norvégien, le Club Bruges a engagé dix entraîneurs avant d’investir beaucoup en Michel Preud’homme, chargé de mener à bien la chasse obsessionnelle au titre. Le Liégeois ne cesse de relever trop d’irrégularités dans le jeu : le Club a été bon contre Charleroi puis médiocre au Standard. On verra, après une semaine de répit, si c’était lié au rythme effréné des matches. Rendez-vous dimanche à Anderlecht, pour le énième match-clef de ces play-offs capricieux mais incroyablement passionnants.?

PAR JACQUES SYS

Vanhaezebrouck n’a de leçon tactique à recevoir de personne.

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