Les effets pervers du Mondial 2010 (I)

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

Fin de saison. Donc, enfin, début de vraie réflexion. De celle qui n’est pas sans cesse bousculée par demain et le train fou de l’actualité qui, d’une gare à l’autre, change de vérité. Celle qui, en foot, change selon les résultats. Dommage.

Au mois d’août dernier, on écrivait :  » Saison post-Coupe du Monde, donc saison spéciale « . Ce fut le cas. Tel Icare, ils sont beaucoup à s’être brûlés à vouloir trop s’élever. Intéressons-nous aux huit clubs qui ont envoyé le plus de joueurs à la Coupe du Monde. Barcelone (13), Chelsea (13), Liverpool (12), Bayern (11), Arsenal (10), Panathinaikos (10), Real Madrid (10) et Inter (10).

Un seul a atteint son objectif. Devinez… évidemment ! Les joueurs de castagnettes. Sauf que dans leurs mains, ça tourne au philarmonique version Karajan. En stéréo évidemment. Titre et Ligue des Champions pour le Barça. Pour les autres, l’objectif était, comme toujours, le titre. Sauf peut-être pour Liverpool mais lui ne s’est même pas qualifié pour l’Europe. Une première depuis 2000…

Y’a pas que ce fameux Mondial africain pour expliquer ce qui n’a pas été ; mais quand tu vois la puissance de ces clubs ! Prenons Chelsea : pour les Français fallait digérer l’indécence, pour les Anglais le fiasco, pour DidierDrogba la malaria. Ajoutez la saga du magnat qui achète sa diva ( Fernando Torres), certes championne du monde. Ça fait beaucoup, surtout avec des internationaux trentenaires, usés jusqu’à la dernière journée de leur championnat pour redevenir champions, qui enchaînent avec la préparation et puis la Coupe du Monde et puis le championnat qui recommence. Ça fait beaucoup, surtout que, vu leurs statuts, ils sont les locomotives du groupe.

A Arsenal, l’accent français a eu mauvaise haleine et Cesc Fabregas mauvaise conscience. Il est toujours là alors qu’il rêve d’être ailleurs. Il rêve de castagnettes. Il a passé son été à répéter avec ses ex et surtout à partager le titre suprême avec eux, ça lui donne des idées.

107 joueurs évoluant en Premiership étaient en Afrique du Sud. Cela explique aussi pourquoi ce fut assez brouillon à tous les étages. Personne n’a vraiment dominé ni maîtrisé son sujet. Tout le monde a joué à se faire peur et finalement, c’est le supplément de cohérence qui a fait la différence. A Man U, on a des hommes menés par un surhomme qui manie confiance et turnover. Alex Ferguson, c’est plus de 200 matches sans jamais le même 11 de base. Il fait tourner et à la fin, avec son carrousel, c’est lui qui décroche la floche.

Au Bayern, la floche c’était la mèche à Louis van Gaal. On la lui a coupée. Pourtant, début de saison, t’as l’euphorie de la superbe Mannschaft. Mais là, c’est tout le contraire qu’à Chelsea. C’est la jeunesse qui doit gérer son nouveau statut. Ça démarre bien avec le premier but de la compet’ par la révélation mondialesque Thomas Müller. Mais gros problèmes : t’as un FranckRibéry cramé par le ridicule et un ArjenRobben par son parcours. Tes deux ailes manquent d’air et forcément, ça plane plus beaucoup pour toi, c’est le crash. En plus, il y a l’ego du boss, celui du vestiaire qui emmerde son sanctuaire mais aussi les autres bosses, ceux habillés par Hugo. Ceux qui ne peuvent s’opposer au départ du cauchemar Mark van Baston. Il a pourri le mondial puis laissé pourrir le vestiaire munichois. Van Gaal, van Bommel et Robben : sales destins bataves en Bavière. Qu’il est difficile de se remettre d’une finale perdue.

Et au final, c’est Dortmund qui en profite. Combien de joueurs du Borussia étaient à la CDM ? Deux : le Serbe Neven Subotic et le Paraguayen Lucas Barros. Respectivement 105 et 276 minutes jouées… Et la non-sélection du Japonais ShinjiKagawa fut une bénédiction pour un Dortmund plus jaune que jamais.

PS : dans le prochain numéro, on parlera des quatre autres clubs.

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

A Arsenal, l’accent français a eu mauvaise haleine et Fabregas mauvaise conscience.

 » Je suis sorti avec sept Miss Monde ? Faux : il n’y en a eu que quatre. Pour les trois autres, je ne suis pas allé au rendez-vous.  » George Best

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