Les effets pervers du Mondial 2010 (2)

Joueur: 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur: 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

Pour analyser une saison, il y a des milliers de paramètres à prendre en ligne de compte. La vérité des uns n’est pas celle des autres. Imaginons que les uns c’est nous, que les autres c’est les autres. La gestion d’une saison c’est comme celle d’une vie. Il y a d’abord et avant tout l’aspect humain. La gestion des hommes. Ces hommes qui font le plus beau métier du monde. Qui sont payés pour jouer, transpirer, entretenir leur égo, leur corps, leur portefeuille et souvent celui de beaucoup d’autres. Ils entretiennent aussi l’imaginaire de ceux qui les regardent, les admirent, les envient. Mais quoi qu’il arrive, ils restent des hommes. On entend souvent :  » Avec ce qu’ils gagnent qu’ils arrêtent de se plaindre du calendrier, du nombre de matches, des critiques, etc… « . Juste mais réducteur. Quelle que soit la valeur que l’on donne aux choses, un homme a un esprit et un corps qui finira toujours par imposer sa loi. La plénitude n’empêche pas la lassitude morale et physique.

Les saisons post-Coupe du Monde ne sont jamais comme les autres. On en a fait le constat en Angleterre et en Allemagne la semaine dernière, prenons maintenant le chemin de deux destins africains complètement opposés.

L’Italie humiliée et l’Espagne sacrée. Sacrée différence. En Italie, il y a l’Inter, quintuple champion sortant obligé de rentrer dans le rang. Passé du toit à la cave de l’Europe. Le toit de l’Europe c’est le sacre en Ligues des Champions en 2010. Dernier match du barnum européen. Une finale disputée le 22 mai soit 20 jours avant le début de la Coupe du Monde. L’euphorie a beau effacer la fatigue le temps de l’ivresse, la gueule de bois débute dès qu’il faut relancer le corps et l’esprit vers une nouvelle conquête. Et pas la moindre. On passe de la plus grande compétition de club au Monde à la plus prestigieuse de la même planète.

Pas le temps de souffler. Des 11 titulaires interistes contre le Bayern, sept partent pour l’Afrique du Sud. Le premier constat est surréaliste, le champion d’Italie et champion d’Europe ne compte aucun de ses joueurs dans le noyau de la SquadraAzzurra. Pas de chance car de Squadra il n’en fut point question. Ce fut la cata. Elle ne s’est pas beaucoup fatiguée. Trois matches et ciao, arriverderci. Le ridicule ne tue pas, heureusement.

L’ Internazionale porte bien son nom et a l’accent sud-américain. Les Brésiliens et les Argentins dégagent en quarts. Saudade ! Y’a que Wesley Sneijder qui va en finale. Mais il la perd. Déception, fatigue. Pas de chance, Sneijder est le moteur inspirateur créateur. La frustration des uns, la fatigue des autres et l’Inter sait que sa saison sera difficile. Elle le sera. Titre perdu et conquis par le rival.

Tiens le Milan AC, combien de joueur à la CDM ? Cinq. Celui qui a le plus joué ? Gianluca Zambrotta… trois matches. Les autres : GennaroGattuso 46 minutes, AndreaPirlo 34, Thiago Silva 0. On ajoute OguchiOnyewu et DominicAdiyiah, qui n’ont pas joué une seule minute… en Serie A. On ne peut pas dire que le Mondial a surmené les organismes. Sur la longueur d’un championnat, Milan avait des milliers de longueurs d’avance. Celles que ses joueurs n’ont pas courues.

En Espagne on le sait, c’est le ballon qui court. Champion du monde avec sept joueurs du Barça en finale. So what ?No problemo, on l’a dit c’est le ballon qui se fatigue. La finalité du football se retrouve dans ce constat. Le Barça est la meilleure équipe de tous les temps. Champion d’Espagne pour s’échauffer, champion du monde pour enchaîner, re-champion d’Espagne pour s’amuser et Ligue des Champions pour couronner. Avec eux, à la fin, c’est toujours le foot qui gagne.

A part le Barça, les plus grands fournisseurs de la CDM 2010 ont raté leur saison. Parfois la justice passe par la justesse. Ceux qui jouent juste seront toujours devant ceux qui sont un peu justes. Paroles de juste.

PAR FREDERIC WASEIGE

L’Inter, champion d’Europe, ne comptait aucun de ses joueurs dans le noyau de la Squadra à la Coupe du Monde.

 » On a perdu parce qu’on n’ a pas gagné « . Ronaldo

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