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LES DIAMANTS SONT ÉTERNELS

Son aventure européenne achevée, le Club Bruges peut se concentrer pleinement sur les trophées nationaux. Avec Lior Refaelov, enfin rétabli.

Arrivé l’été 2011 à Bruges pour succéder au fragile Ronald Vargas, Lior Refaelov (30 ans), a disputé 197 matches. Après quatre titres au Maccabi Haïfa, le Footballeur de l’année en Israël, rêvait d’un nouveau défi. Il considérait le Club comme un tremplin vers la Premier League. Cet été-là, Bruges subissait une métamorphose. Il y avait le génie et la créativité de Refaelov mais aussi celle de Victor Vazquez, la puissance scandinave de Stenman, Almebäck, Högli et Zimling. Entre eux, un certain Thomas Meunier, de Virton, devait trouver ses marques. Il allait devenir le transfert le plus réussi de cet été-là.

Cinq ans plus tard, Refaelov est toujours à Bruges. Il est le seul survivant. Il ne pense plus à l’Angleterre. En 2013, son manager était le seul à y croire encore. C’était une de ses meilleures saisons mais Refaelov n’était pas très heureux dans le football de contre de Juan Carlos Garrido, qui mettait en valeur Carlos Bacca et Maxime Lestienne. Le flanc droit, occupé par Refaelov et Meunier ne tournait pas encore bien. Refaelov devait travailler, se replier. L’artiste était triste.

C’est en automne 2013 que le déclic s’est produit après deux saisons et demie d’instabilité et quatre coaches : Koster, Daum, Leekens et Garrido. Bruges opte pour l’approche de Michel Preud’homme, qui veut rendre l’équipe plus régulière, Refaelov y compris, qui fait banquette plus souvent qu’à son gré.

L’Israélien achève cette saison avec 14 assists et commence à placer son empreinte sur le jeu, bien plus que Vazquez, qui n’entame pas un seul match des PO1 en 2014. Le Club récompense Refaelov par une première prolongation de contrat, jusqu’en 2017. L’Angleterre est oubliée mais le joueur envisage un instant de retourner en Israël.

UNE MANCHE TROP LOIN

Refaelov se révèle lors de la deuxième saison de Preud’homme, couronnée par la Coupe. 65 % de temps de jeu, son maximum, sept buts et quatre assists en Europe, une reprise de volée en finale de la Coupe contre Anderlecht, Refaelov est de tous les succès. Ses PO1 sont réussis, avec quatre buts. Cerise sur le gâteau, il est père pour la seconde fois.

C’est comme s’il avait tout donné cette année-là. Depuis le printemps 2015, le corps de Refaelov craque de toutes parts. La saison passée, après un quart d’heure, un coup l’écarte des terrains jusque début décembre. Hormis le dernier match de poule, il rate toute l’Europa League et la moitié du championnat. Quand il revient, il trouve aisément Hans Vanaken. Pour deux mois de bonheur, avant une pubalgie. Il marque encore en finale de la Coupe mais en PO1, comme Bjorn Engels, il doit serrer les dents sous la douleur. Cette fois, il remporte le titre. C’est la logique pernicieuse du sport : la plus grande satisfaction suit la saison où il a le moins joué. Il obtient quand même un nouveau contrat, jusqu’en 2019.

Il n’a donc pas réalisé tous ses rêves : l’Angleterre est une Manche trop loin. La Champions League aussi. Et pour un Soulier d’Or, qu’il avait promis à sa femme, son corps est trop fragile. Il aurait pu le gagner en 2015 et en 2016 mais il n’a pas été assez bon au printemps 2014 ni en automne 2015 pour ce trophée remis sur base d’une année et non d’une saison. Il termine treizième, Vazquez étant le meilleur Brugeois, puis douzième, précédé par Matthew Ryan. Il n’en ira pas autrement en janvier prochain.

Il a terminé deux fois deuxième du Footballeur pro de l’Année, un trophée établi sur la saison. Son rôle dans le vestiaire est très apprécié. De footballeur irrégulier et initialement très timide, à cause de sa mauvaise connaissance de l’anglais, il s’est érigé en leader. Il a également réussi sa reconversion en hommes d’affaires, spécialisé dans les diamants, les bijoux, les montres. Il aime les apparences : il rêve d’une Bentley et soigne sa présentation. Mais sur le terrain, il est exemplaire, y compris en défense, à la récupération, dans la direction du jeu.

RENDEZ-VOUS EN JANVIER

Son compteur est donc bloqué à 197 matches en cinq saisons. La sixième doit encore commencer. L’été a été frustrant : il a été placé au repos après le titre, dans l’espoir que la pubalgie disparaisse sans opération. Objectif : être prêt à la reprise. Il y est parvenu mais a vite été contraint de se reposer dans l’espoir de disputer la CL. A Courtrai, son corps a dit non et le 22 août, on a décidé de l’opérer. Durée de l’indisponibilité : dix semaines.

Puisqu’il reste sept rencontres d’ici la trêve, Refaelov peut boucler l’année avec 200 matches. S’il y parvient, sa sixième saison brugeoise débutera comme la cinquième, en décembre.

Son retour va rendre du mouvement aux ailes. La gauche tourne plus ou moins, parfois grâce à Izquierdo, parfois à Limbombe, mais la droite cale. 48 % des attaques viennent de la gauche, 27 % de la droite. Comme la saison passée, quand Diaby ou Vossen voire Vanaken occupaient le flanc droit. Cet automne, MPH a souvent laissé le flanc ouvert à un arrière, Van Rhijn ou Cools, Vormer ou Vossen devant couvrir le flanc en perte de balle.

Avec une moyenne de trois tirs au but par match et seulement 21 goals en 15 journées, le champion a manifestement un problème offensif. Le camp de Vanaken espère que le retour des deux ailiers rende aussi vie à son poulain, qui reste sur un automne trop irrégulier. Avec à droite un coéquipier qui aime converger vers l’axe et à gauche quelqu’un qui cherche la profondeur, Vanaken aura plus de possibilités. Si Engels se rétablit aussi de son épaule, Bruges pourra passer à la vitesse supérieure en janvier. On a vu ce que ça donnait la saison dernière.

PAR PETER T’KINT – PHOTO BELGAIMAGE

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