LES DIABLES ROUGES ONT PERDU LE CAP

Il y a quinze mois, l’équipe nationale se préparait au Mondial brésilien. Sa qualification avait plongé le pays dans le délire. Les Diables Rouges étaient devenus le lien entre les communautés, un symbole national auquel chacun aimait à s’identifier, une éclaircie en des temps sombres. Cette génération en or a été encensée, vantée, le sélectionneur Marc Wilmots semblait parfaitement convenir à ce groupe, par sa franchise et son ouverture. Il prenait bien la température du noyau. Ces Diables Rouges étaient promis à un grand avenir et allaient continuer leur progression.

Que reste-t-il de tout ça ? Pendant le Mondial, l’équipe a livré un bon match, contre les Etats-Unis, puis elle s’est heurtée à ses limites contre l’Argentine, en quarts de finale. Ses résultats ont été convenables pendant les qualifications pour l’EURO. Le fait que malgré tout, la Belgique soit deuxième au classement FIFA en dit surtout long sur la manière dont ce ranking est établi.

La prestation des Diables Rouges dimanche à Chypre est honteuse. Il n’y avait pas de rythme dans le match, pas de profondeur, pas de mouvements, pas d’âme. Comment est-ce possible avec tous ces footballeurs qui ont un rôle prépondérant dans de grands championnats étrangers et y progressent grâce à l’intensité plus élevée des entraînements et, surtout, au rythme ? Pourquoi cette génération en or laisse-t-elle aussi piètre impression, comment se peut-il qu’un talent tel qu’Eden Hazard soit aussi apathique sur le terrain ? Mais surtout, comment est-il possible de devoir poser ces questions après chaque match ?

Heureusement, en toutes circonstances, Thibaut Courtois conserve son niveau. De facto, par ses interventions de classe mondiale, le gardien a également ouvert les portes du Mondial à la Belgique. Il est le plus régulier de ce groupe. Avec Kevin De Bruyne, qui a toutefois été souvent perplexe à Nicosie. Par la suite, il a déclaré qu’à l’issue des qualifications, il faudrait que tout le monde se réunisse en quête de solutions. Ce n’est pas la première fois que le groupe signale qu’il est nécessaire de changer certaines choses. Mais quel impact ont ce genre de remarques, qu’en fait-on concrètement ? De ce point de vue, jusqu’à présent, aucun Diable Rouge n’a pris ses responsabilités. Ni Eden Hazard, qui doit pourtant être extrêmement frustré d’atteindre si rarement le niveau de Chelsea. Ni Vincent Kompany, le capitaine, qui a été tout sauf un modèle de sécurité durant cette campagne.

Le football international a tellement évolué qu’il n’y a plus de nains du football. L’Italie s’est cassé les dents contre Malte, les Pays-Bas, vaincus par l’Islande à domicile, sont au bord du gouffre et la Turquie a fait match nul contre la Lettonie. Toutefois, on continue à attendre beaucoup des Diables Rouges. A l’issue de la Coupe du Monde, on leur prédisait au moins les demi-finales de l’EURO français. Cependant, le processus de développement a fait place à la stagnation. Pire, à un recul. L’équipe va bientôt assurer sa qualification définitive à Andorre mais ça ne doit pas dorer la réalité : les Diables Rouges ont perdu leur cap.

Bien qu’en général, on tire trop facilement sur les entraîneurs, il est clair que Marc Wilmots ne trouve pas de remède afin de faire jouer cette équipe. Le sélectionneur doit en tirer ses conclusions au lieu de balayer toutes les critiques et de se féliciter des résultats. Il serait bien plus intéressant qu’il explique comment il va redresser la barre et, éventuellement en concertation avec le groupe, faire briller en équipe nationale aussi des joueurs qui se distinguent dans leur club.

Marc Wilmots et le staff technique qui l’entoure possèdent-ils le bagage requis ? Au Brésil, des voix se sont élevées pour fustiger la monotonie des entraînements et s’interroger, ici et là, sur la tactique. C’est Wilmots, qui se vante d’accorder beaucoup de libertés à ses joueurs, qui doit afficher son leadership et dissiper le scepticisme croissant qui entoure sa personne, sachant que les Diables Rouges ne pourront pas se contenter d’un rôle de figurants au prochain EURO. S’il n’y parvient pas, ça se retournera inévitablement contre lui.

PAR JACQUES SYS

Qui peut redresser la barre ?

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