» LES DIABLES DOIVENT RESTER AU STADE ROI BAUDOUIN « 

Le ministre wallon des Sports entre souvenirs persos, dossiers en cours et chantiers à venir.

Thomas Chatelle et Jean-Michel Saive ne sont pas dans les bureaux le jour de notre passage mais ils travaillent tous deux, à temps partiel, pour l’un des ministères de René Collin. Un des ministères… Sur la carte de visite qu’il nous tend, les fonctions se bousculent : René Collin – Ministre de l’agriculture, de la nature, des forêts, de la ruralité, du tourisme, des infrastructures sportives, des infrastructures d’accueil de la petite enfance. Rien de moins ! Et on dira encore que la Belgique a trop de ministres ! On part à la découverte de cet Ardennais plein de vie, de bon sens, d’humour et d’idées fortes.

SON PASSÉ DE SPORTIF

 » Je suis né dans un hameau en province de Luxembourg entre Marche, La Roche et Durbuy. Forcément, on n’avait pas beaucoup de possibilités de loisirs. Il y avait le foot, mais surtout le vélo. On étudiait par coeur les classements du Tour de France pour exercer notre mémoire. Je me souviens avoir escaladé des barrières le jour où une étape du Tour démarrait de Rochefort, j’avais même réussi à échanger quelques mots avec Bernard Hinault… A 16 ans, j’ai gagné le cross de l’enseignement libre de la Province de Luxembourg. Et j’ai joué au football, en P3. J’ai arrêté très tôt parce que je me suis lancé en politique à 24 ans. Stopper le sport, ça n’a pas été la décision la plus intelligente de ma vie… Le corps a trinqué, et entre-temps, je me suis mis à la marche et au vélo. Quand on me demande si j’ai des regrets par rapport à mon parcours, je réponds que j’ai toujours rêvé de courir un marathon. Le titre olympique dans cette discipline, à mes yeux, c’est le summum. Ce qu’on voit aujourd’hui dans l’athlétisme m’énerve, me met en colère, mais ça n’enlève rien à ma passion. Même chose pour le dopage dans le cyclisme.  »

POURQUOI IL A PLAQUÉ ANDERLECHT

 » Mon frère, Francis, était prof. Il vient de prendre sa retraite. Pendant 30 ans, il a combiné son boulot avec un poste de correspondant local, en sports, à L’Avenir du Luxembourg. Dans toute la province, c’est la Bible, Le Moniteur, c’est lu par 90 % des gens qui prennent une gazette ! Mon frère a terminé comme responsable des pages sportives et il vient de sortir un livre : Le P’tit Collin illustré. C’est un dictionnaire des grands sportifs de la Province de Luxembourg. Comme il supportait le Standard, je suis forcément devenu supporter d’Anderlecht. Par esprit de contradiction. Je le suis resté jusqu’au jour où ce club a viré Luka Peruzovic. Il était en tête, l’équipe tournait, je ne comprenais pas, je ne l’acceptais pas. Et donc, je me suis tourné du jour au lendemain vers le Standard. Récemment, après un match des Diables Rouges, Thomas Chatelle m’a présenté à Michel Verschueren. On a évoqué le cas Peruzovic, je lui ai dit ce que j’en pensais.  »

MORMONT ET VIRTON, SES CLUBS DE CoeUR

 » J’ai beaucoup de sympathie pour la manière dont Charleroi fonctionne aujourd’hui. Et depuis longtemps, j’ai énormément d’affection pour le petit Mouscron. Là-bas, il y a des attitudes qui me plaisent. Ça doit être le premier club qui a aménagé un espace jeunes d’où des gamins pouvaient toucher les joueurs après les matches. Je n’y vais pas souvent parce que c’est loin, mais j’aime bien aller au Canonnier. C’est la Wallonie picarde, c’est un peu exubérant, c’est sympa. Mais mes vrais clubs de coeur sont Mormont et Virton. J’ai vécu longtemps près de Mormont. C’est 200 habitants mais ils ont joué en Promotion durant une longue période. J’ai un souvenir incroyable de la visite de Courtrai en Coupe de Belgique. Je vois encore les Courtraisiens descendre du bus et se demander où ils étaient tombés ! Et puis, il y a Virton. C’est un club qui fonctionne, avec une gestion remarquable par Philippe Emond, le père de Renaud. C’est un mobilisateur, et Frank Defays, le coach, est un chouette type. Comme ministre francophone, je suis chauvin, et quand je regarde aujourd’hui le classement de la D2, il me plaît énormément…  »

MONSIEUR FOOT POUR LES CLUBS AMATEURS

 » Quand Thomas Chatelle est venu chez moi pour un entretien d’embauche, j’ai vite vu qu’on était sur la même longueur d’onde. Mon prédécesseur, André Antoine, avait rédigé un plan foot avec Benoît Thans. Un vrai plan de soutien à la formation. On poursuit le travail. Je suis convaincu que je dois être le Monsieur Foot pour les clubs amateurs. Les clubs professionnels sont censés se suffire à eux-mêmes. J’ai dit à Thomas Chatelle : -Tu vas voir tout le monde, les dirigeants de clubs, les comités provinciaux. Il l’a fait. C’est un gars extrêmement réfléchi. Il m’est arrivé de quitter le cabinet sur le coup de 21 heures et de voir qu’une lampe était toujours allumée dans un bureau : c’était lui, il était toujours là, à discuter avec l’une ou l’autre personne. Le plan foot précédent a aidé 80 clubs en 2014, on aide aujourd’hui 248 clubs de Nationale et de Provinciale via un subside. Il y a des montants fixes pour les écoles de jeunes de la D1 à la Promotion : de 45.000 à 5.000 euros. Et des montants variables qui dépendent du nombre d’équipes de jeunes, du total d’entraîneurs diplômés, du nombre d’arbitres, de la présence ou pas d’une équipe féminine, etc. Au total, les 248 clubs vont se partager 1.885.000 euros en 2015.

THOMAS CHATELLE ET SON PLAN FAIR-PLAY

Thomas Chatelle travaille aussi sur un plan fair-play. La tâche est immense. Il a par exemple mis sur pied une opération pilote Parents fair-play, elle concerne 21 clubs et l’objectif est de généraliser le concept. Il y a, dans chacun de ces clubs, un responsable fair-play, et pour chacune de ses équipes, un parent qui est désigné parent fair-play. On m’a demandé, au parlement, si j’allais copier les Pays-Bas en excluant les parents de certains matches. Ce n’est pas une solution. Il faut privilégier un travail de fond, on doit les sensibiliser, les responsabiliser. Deux professeurs d’université travaillent sur ce projet, un psychologue et un sociologue. Le manque de fair-play des parents au bord des terrains est une des plaies du sport, on veut changer les choses. Et ce ne sont pas nécessairement des gens qui ont un déficit d’éducation. Je pense parfois à un de mes instituteurs. Un homme remarquable mais quand il allait avec sa femme au foot pour voir leurs enfants, on avait subitement deux fous en bord de terrain. En travaillant sur notre plan Parents fair-play, on a par exemple repéré des zones sensibles autour de la pelouse où les parents ne peuvent plus aller. Parce que ce sont des zones à partir desquelles ils ont plus facilement tendance à mettre la pression sur l’arbitre et les joueurs.  »

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTOS BELGAIMAGE

 » J’étudiais par coeur les classements du Tour et j’ai escaladé des barrières pour échanger quelques mots avec Bernard Hinault…  » RENÉ COLLIN

 » J’ai arrêté d’être supporter d’Anderlecht le jour où ils ont viré Peruzovic.  » RENÉ COLLIN

 » Ce qu’on voit aujourd’hui dans l’athlétisme me met en colère mais n’enlève rien à ma passion. Même chose pour le dopage dans le cyclisme.  » RENÉ COLLIN

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