Les dessous de l’Affaire Thans

Pierre Bilic

Vendredi passé, à Tubize, Steven Martens, CEO de l’Union Belge, a mis un terme au contrat de Benoît Thans, Directeur technique national depuis le 17 janvier 2012. Le Comité Exécutif, dont le nombre de réunions a été réduit sensiblement, n’a pas été consulté. Il s’agit donc d’une décision de Martens, de ses directeurs, du Conseil d’Administration, de Philippe Collin, et du président fédéral. Le Liégeois a remis les clefs de sa voiture sur-le-champ et a pu compter sur Pierre-Yves Hendrickx, qui était à Tubize par hasard,pour regagner la Cité Ardente. Responsable du football féminin, Ives Serneels a exprimé sa désapprobation. D’autres, à Tubize, n’ont pas été franchement surpris, estimant depuis quelque temps que  » c’était une question de jours car Thans faisait beaucoup de vent « .

En un an, Francky Dury et Thans se sont donc succédé sans succès à ce poste : ce n’est pas une preuve de sérieux pour la fédération. Selon Martens, il s’agit  » d’une suite logique dans le développement de la Fédération.  » Pas très clair comme explication. Si Thans a échoué, la responsabilité en revient, peut-être en priorité, à l’Union Belge. Choisi le 26 janvier 2011, en place depuis le 1er mai 2011, Martens a participé à la mise en place de Thans. C’est à ce moment-là que le futur problème est né. Le rôle exact d’un DTN en Belgique reste flou. Il n’est en tout cas pas le véritable leader sportif de la fédération, celui qui dicte les grandes lignes footballistiques comme cela se fait dans d’autres fédérations. Le Président de la Commission technique, Collin, est infiniment plus influent que le DTN. Il fait la pluie et le beau temps, à l’URBSFA et c’est lui qui a suggéré le nom de Thans et de Johan Walem plus tard.

Avant Thans, Dury avait vite déposé son tablier de DTN. Le côté administratif de ce boulot l’avait écoeuré même s’il avait obtenu, en guise de compensation, le poste de coach des Espoirs. Dury a renoncé car il était encore trop entraîneur dans l’âme. La fédération n’en a guère tiré les conclusions qui s’imposaient, n’a pas organisé d’examens comme ce fut par exemple le cas pour Martens avant son arrivée au poste de CEO. Elle a navigué dans le flou, opté pour Thans sans bien le connaître, dit-on sous cape : étonnant. Sait-elle ce qu’elle veut comme DTN ? Thans est évidemment un  » footeux « , un homme de terrain, comme le révèle l’entretien qu’il a récemment accordé à Sport/Foot Magazine.  » Je veux qu’on reparle foot à l’Union Belge « , répéta-t-il en nous quittant. Il estime avoir eu besoin d’un an pour faire le tour de Tubize, de la politique des jeunes, des contacts avec les clubs, de la formation des entraîneurs, des relations entre les deux ailes de la fédé. L’aile flamande, présidée par Herman Wijnants, aurait été influente dans son éviction. Par ailleurs, il aurait été recadré il y a quelques mois par la fédération qui lui aurait reproché un manque d’ardeur au travail. Thans dément. D’autres ont remarqué son déficit de bilinguisme (connu avant qu’il signe) et de clarté dans les exposés, une absence de vision et de suivi dans les dossiers administratifs attribués au DTN (repris depuis lors par Steven Martens), un management du personnel hésitant et une personnalité affirmée qui passait mal auprès de certains, ses casquettes de consultant (la fédé était d’accord) et d’ambassadeur du Challenge Sljivo.

Confronté à ce qui se dit désormais à son propos, même à Tubize, Thans a préféré ne pas réagir à chaud mais cela l’a fortement déçu. Il s’affirme fier de son travail, de la réorganisation (qui a peut-être dérangé), de son budget, réconforté par de nombreuses marques de soutien, certain d’avoir tout donné au service du foot belge. Son job a été provisoirement repris par l’ancien arbitre Paul Allaerts qui sera soutenu par JohanWalem, entraîneur des Espoirs. Walem n’est pas un administratif et Allaerts pas un footballeur. L’Union Belge cherche une solution pour ce poste et celui d’entraîneur des gardiens des Diables Rouges après le départ de Philippe Vande Walle qui ne bénéficiait plus de la confiance de Marc Wilmots.

PIERRE BILIC

Avant Thans, Dury avait vite déposé son tablier : la fédé sait-elle quel DTN elle veut ?

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