Les croisés

Cancellara et Breschel tendent leur arc.

PAR BENEDICT VANCLOOSTER

Il y a quatre ans, interrogé sur l’identité des coureurs de sa génération et des plus jeunes qui pourraient lui mettre des bâtons dans les roues dans ses classiques, Tom Boonen avait répondu :  » Fabian Cancellara est le plus fort de mes adversaires. Il est l’avenir des classiques flamandes avec Matti Breschel.  »

La prophétie de Boonen se réalise. La semaine dernière, le duo de Saxo Bank a prouvé qu’il sera redoutable au Tour des Flandres, dimanche. Cancellara semble encore plus inépuisable qu’avant. Spartacus, comme on le surnomme, étouffe les concurrents qui tentent de reprendre leur souffle dans sa roue.

Même Boonen et Juan Antonio Flecha ont été muets quand le Suisse a démarré, en tête, samedi, dans les artères de Harelbeke, pour s’adjuger le Prix E3 et remporter sa première victoire dans une classique flamande. Mercredi, au même rythme, Cancellara (29 ans) a ouvert la voie à son coéquipier Breschel, de trois ans son cadet. Celui-ci a mis à profit l’essoufflement de ses concurrents.

La victoire de Breschel à l’issue d’A Travers la Flandre constitue une surprise pour le grand public et pourtant, le petit Danois, qui porte un maillot rouge et blanc orné d’une croix, semblable à celui de Cancellara, en sa qualité de champion national, n’est certainement pas une étoile filante.

Dès sa première course professionnelle, au Tour du Qatar 2005, Breschel s’est attiré les louanges. Agé de vingt ans, il a foncé à travers le désert et désarticulé le peloton sous le maillot de CSC. Durant la finale de Paris-Tours, l’automne suivant, il a étalé son explosivité dans les courtes côtes, en attaquant Stijn Devolder et Philippe Gilbert, échappés. Si Breschel a dû patienter jusqu’à la semaine dernière pour s’adjuger une première classique, c’est à cause de sa lourde chute aux Trois Jours de Flandre-Occidentale en 2006, chute qui lui avait valu une double fracture des vertèbres.

Cancellara n’en fait pas mystère : en 2010, le Tour des Flandres constitue son principal objectif. De tous les favoris au Ronde, le champion suisse dispose du meilleur bras droit, Breschel, et après son geste dans A Travers la Flandre, il ne doit pas douter de la loyauté de son compagnon danois.

Breschel lui-même peut néanmoins rêver d’une grande classique. Dimanche dernier, il a encore allégrement gravi les côtes de Gand-Wevelgem, jusqu’à ce qu’une crevaison anéantisse ses chances. Si Saxo Bank joue la carte Cancellara au Tour de France, Breschel recevra peut-être sa chance à Paris-Roubaix la semaine suivant le Ronde, d’autant qu’il a déjà terminé à trois reprises parmi les vingt premiers de l’Enfer du Nord.

Breschel ne doit pas chercher loin un modèle : en 2007, Stuart O’Grady est sorti de l’ombre de Cancellara pour s’adjuger Paris-Roubaix…

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