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Les courts étés footballistiques

On n’a pas le temps de souffler : lundi prochain, on connaîtra le calendrier de la saison prochaine. Qu’il y ait un grand tournoi ou non, il n’y a plus d’été footballistique. Jadis, ils avaient pourtant leur charme : le carrousel s’arrêtait, le temps de réfléchir, d’éprouver de la mélancolie face aux stades déserts, aux vestiaires vides, pendant que le gazon était tondu avec amour. Il y avait cette envie quasi enfantine que les entraînements reprennent, qu’on dispute les premiers matches amicaux, avec les joueurs fraîchement transférés.

Désormais, les saisons s’enchaînent sans pause. Mercredi dernier, Ostende et Genk ont disputé leur dernier match de championnat et ce vendredi, il y a le match de qualification contre l’Estonie. Puis, le 12 juin, l’Antwerp est le premier club à reprendre le collier, suivi par les autres clubs de D1A, dix jours plus tard.

L’approche de la saison est de moins en moins une véritable préparation au championnat, indépendamment de la condition physique. Puisque la période des transferts s’étend jusqu’au 31 août, les entraîneurs sont contraints à penser autrement et à remanier leurs pions. Des joueurs-clefs s’en vont en pleine préparation, d’autres s’ajoutent au noyau. Il est difficile d’inculquer des schémas à l’équipe et souvent, il faut changer complètement de système.

Le travail des entraîneurs est de plus en plus complexe. Est-ce pour cela qu’ils sont devenus des particules éjectables ? Sur les seize clubs de l’élite, dix vont entamer l’exercice avec un autre coach que l’année dernière. Seuls Anderlecht, Gand, le Sporting Charleroi, Ostende, Eupen et Zulte Waregem n’en changent pas. Pourtant, le nom de Francky Dury a circulé partout. À Wolfsburg d’abord, puis au Club Bruges, à Saint-Étienne, alors même qu’on avait lu que Dury avait prolongé son mandat à Zulte Waregem. Il y est sous contrat jusqu’au 30 juin 2023 mais avec une indemnité de départ dégressive.

Anderlecht tient son premier gros transfert : celui de Sven Kums. Le club a suivi René Weiler, qui avait fait du médian sa priorité. C’est éloquent. Après une aventure ratée à l’étranger, Kums veut rétablir son honneur mais son rendement dépendra de l’occupation de l’entrejeu. À Gand, Kums brillait quand le travailleur Renato Neto jouait dans son dos. A Anderlecht, ce rôle devra être rempli par Leander Dendoncker.

Le Club Bruges se tourne en dehors de nos frontières et continue à chercher un nouvel entraîneur. On peut s’attendre à une nouvelle invasion de footballeurs étrangers dans les semaines à venir, tous présentés comme les nouveaux merles blancs par les managers, devenus les rois du marché des transferts. Avant même que l’argent ne commence à affluer, on en dénombre déjà quinze. Sans compter les joueurs étrangers qui sont déjà passés d’un club à un autre en D1A.

Le ticket européen d’Ostende, le troisième club de Flandre-Occidentale à découvrir l’Europe, a soulevé une vague d’enthousiasme au Littoral. Il ne sera pas facile de consolider les fondations du club tout en faisant la chasse aux meneurs de jeu mais à Ostende, le football reste une passion pure, une échappatoire à la réalité. Son vécu aussi le distingue des autres clubs.

Naturellement, Ostende existe grâce à la générosité de Marc Coucke et sa situation géographique le limite. L’ancien président, Eddy Vergeylen,avait déclaré n’avoir encore jamais vu un cabillaud dans la tribune. Ça n’a évidemment pas changé mais Ostende apporte de la couleur au football. On n’aurait jamais imaginé que ça pourrait le conduire à Monaco, où les grands de la planète se réunissent les 24 et 25 août pour le tirage au sort des coupes d’Europe.

PAR JACQUES SYS

Sven Kums est tributaire de la composition de l’entrejeu.

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