« Les connaisseurs m’apprécient »

Snobé dans son top-50 par René Vandereycken, l’arrière était encore le capitaine d’Anderlecht contre Gand. Vous avez dit bizarre ?

Après sa victoire au Cercle Bruges, tout est déjà à refaire pour le RSCA qui n’a pu obtenir qu’un nul (2-2) devant La Gantoise. Les Mauves s’étaient pourtant assuré un avantage de deux buts en l’espace d’une petite demi-heure avant de perdre le bénéfice de cet acquit avant la mi-temps déjà. La faute à des erreurs de positionnement ainsi qu’à une couverture par trop laxiste.

Olivier Deschacht : D’aucuns vont encore pointer du doigt notre arrière-garde, sans doute, et c’est vrai qu’elle n’est à l’abri de tout reproche sur les deux buts concédés. Mais le travail défensif ne se limite pas à quatre joueurs. Chacun doit apporter son écot à ce travail et on était loin du compte sur les phases qui ont amené les buts gantois. Esseulé sur le flanc gauche, Dominic Foley a eu le temps de servir un caviar en faveur de Zlatan Ljubijankic, auteur du premier but. Et, concernant le deuxième, les hommes de Michel Preud’homme ont eu le loisir de tirer un corner à la rémoise. Cette absence de mordant est tout simplement inadmissible.

Vous étiez commis au marquage de Ljubijankic après avoir dû museler l’attaquant de pointe du cercle Tom De Sutter : vous êtes définitivement installé dans l’axe ?

Olivier Deschacht : Je ne sais trop si c’est pour de bon. J’ai été titularisé pour la première fois à cette place par l’ancien entraîneur, Frankie Vercauteren contre Lille, lors de la phase des poules de la Ligue des Champions en 2006-2007. A partir de là, j’ai encore permuté à l’une ou l’autre reprises avec Jelle Van Damme au back gauche. Mais depuis qu’Ariel Jacobs a repris en main les rênes du noyau A, j’ai officié essentiellement comme stopper, tandis que Jelle a été maintenu le plus souvent à l’arrière latéral. Ce n’est pas tout à fait illogique, dans la mesure où mes qualités sont essentiellement défensives, tandis que les siennes se situent plutôt sur le plan de la percussion.

Les chiffres abondent dans ce sens : 7 buts pour lui en 2007-2008, aucun pour vous.

Je ne vais pas nier l’évidence : dans une formation du Sporting à vocation offensive, Jelle est sans conteste plus performant que moi. Comme la force de pénétration des backs est crucial dans le football moderne, il me paraît tout à fait normal que le coach lui accorde la préséance à ce poste. Dans une approche plus prudente, je pourrais toutefois être amené à me retrouver sur le flanc. Au gré des circonstances et des disponibilités aussi, tout peut changer d’une rencontre à l’autre. La preuve : Bart Goor a déjà joué dans le couloir cette saison, alors que Jelle a occupé le rôle de médian l’année passée. Il faut être flexible par les temps qui courent.

 » En vitesse, seul Pareja peut rivaliser avec moi derrière « 

En tant qu’arrière central, quels sont vos atouts par rapport à vos concurrents ?

Je suis gaucher, ce qui constitue déjà une denrée très rare chez nous. Et je fais partie des plus rapides dans ce secteur. Derrière, en matière de vitesse, seul Nicolas Pareja est à même de rivaliser avec moi. Comme Anderlecht a l’habitude de jouer haut, il doit toujours pouvoir compter sur un homme des plus rapides, susceptible de rattraper à la course un opposant ou capable de voler au secours d’un coéquipier dépassé. C’est pourquoi la présence de l’Argentin et/ou de moi-même, me semble absolument un must. Si je dis et/ou, c’est parce que de bonnes jambes ne suffisent bien sûr pas. Il faut veiller aussi à la complémentarité. D’un point de vue personnel, j’estime être le plus performant avec Roland Juhasz, qui a un tout bon jeu de tête et un placement toujours judicieux. Pour les mêmes raisons, je suis d’avis que la paire constituée de Nicolas et de Jelle est pertinente également, puisqu’elle associe un droitier rapide à un gaucher impérial dans le trafic aérien.

Lors du deuxième tour de la saison passée, votre association avec le Hongrois s’est révélée des plus hermétiques : 11 buts encaissés seulement. A Borisov, vous étiez tous deux très loin d’afficher une même souveraineté ?

Ce que vous dites est réducteur. D’accord, nous avons été surpris là-bas sur la phase menant au but d’ouverture. Mais, sur le deuxième, Roland n’était plus à mes côtés. Dans le but de jouer le tout pour le tout, et d’arracher in extremis la qualification, le staff l’avait envoyé aux avant-postes. Avec les conséquences fâcheuses que l’on sait. En soi, le 2-2 réalisé en Biélorussie n’était pas un mauvais résultat du tout. En temps normal, il aurait dû nous valoir la qualification. C’est ce 1-2, à l’aller, qui nous a été préjudiciable.

Avec le recul, quel regard portez-vous sur cette rencontre ?

Je pense qu’il aurait mieux valu l’aborder avec tous ceux qui avaient contribué au redressement spectaculaire de l’équipe lors des matches retour, la saison passée, en lieu et place d’opter pour un onze de base new look. Avec un mois de préparation à peine, et même moins vu que quelques joueurs ont pris le train en marche, il aurait été plus indiqué de tabler sur les automatismes.

Vous vous sentez toujours humilié ?

Et comment ! Echouer face à BATE, ça fait désordre. Comme tout joueur belge qui se respecte, je comptais une nouvelle fois sur les joutes européennes pour progresser. A 27 ans, j’espère toujours me bonifier sensiblement. Cette perspective m’est refusée et ça fait mal.

 » Je n’aurais pas dit non à un passage à l’Espanyol « 

D’autant plus que ce n’est pas via les Diables que vous allez accumuler de l’expérience à l’échelon international ?

Pas de commentaire.

Filip Daems était, à Nuremberg, le 50e joueur utilisé par René Vandereycken depuis sa nomination. Vous n’en faites toujours pas partie.

Pas de commentaire.

Un mot sur la prestation de Daems ?

Pas de commentaire.

Rien sur l’équipe nationale ?

La seule chose que je veuille dire à ce sujet, c’est que j’espérais une reconsidération de mon statut, entendu que Frankie Vercauteren est devenu T2 entre-temps. Hormis un message m’incitant à persévérer, et à continuer à travailler, je n’ai rien vu venir.

Pour entrer dans les grâces, vous devriez peut-être jouer à l’étranger ? Ceux qui y évoluent ont droit à plus d’indulgence. N’a-t-il pas été question d’un intérêt poussé de l’Espanyol Barcelone pour vous ?

Mon nom était effectivement repris, chez eux, sur une liste de joueurs gauchers qui entraient en ligne de compte pour remplacer le latéral gauche David Garcia. J’avoue que je n’étais pas insensible à cette sollicitude. Pour tout dire, c’est la première fois que j’ai vraiment songé à la possibilité de quitter le Parc Astrid. Autrefois, des clubs comme Sheffield United et Reading s’étaient manifestés pour moi mais je ne me voyais pas troquer le maillot du Sporting pour le leur. Ce coup-ci, le topo était différent. Il s’agissait quand même d’un nom de la Liga, évoluant de surcroît dans une ville que j’aime. En définitive, Garcia s’est ravisé et n’est pas parti et du coup, ma chance était passée. Du moins, si l’on peut appeler ça une chance car je me suis toujours fort bien senti au Sporting.

Il paraît que vous vous étiez mis à l’apprentissage de l’espagnol ?

Si j’avais vraiment eu de la suite dans les idées, j’aurais alors appris le catalan ( ilrit). Mais c’est le castillan qui a retenu toute mon attention, histoire de pouvoir me débrouiller en vacances.

Vous entamez votre septième saison à Anderlecht. Vous n’avez pas le sentiment d’avoir fait le tour du propriétaire ?

Pas du tout. Ici, une année ne ressemble jamais à une autre. La preuve par celle que nous nous apprêtons à vivre sans coupe d’Europe.

 » Qu’y puis-je si j’ai du succès auprès des miss ? »

Certains en prennent davantage pour leur grade que d’autres. Vous faites partie de ceux-là. Vous n’en avez pas marre d’être traité de jeannette ?

Je ne sais pas pourquoi ma tête ne revient pas à certaines personnes. Mais ça ne me perturbe pas outre mesure.

Est-ce par esprit de revanche envers ces  » homo-Deschacht  » fusant des gradins que vous avez toujours pris un malin plaisir à vous afficher en compagnie d’ex-Miss Belgique, comme Ann Van Elsen ou Annelien Coorevits ?

Mon but n’a jamais été de recadrer l’opinion publique. Ce sont tout simplement les circonstances qui ont voulu que je lie connaissance avec ces BV ( » flamands connus « ). Qu’y puis-je si les gens sont jaloux ? Et qu’y puis-je si j’ai du succès auprès des miss ?

L’écrivain flamand Herman Brusselmans, qui compte parmi vos bonnes connaissances, vous incite lui aussi à partir sous d’autres cieux pour être mieux accepté.

Je ne vais quand même pas fuir pour des coups de sifflet ? Si les gens ne savent pas me voir en peinture, c’est leur problème, pas le mien. Moi, je suis sûr d’une chose : les connaisseurs, les vrais, ceux-là m’apprécient. Le reste, je m’en fous.

Qui sont ces connaisseurs dont Vandereycken ne fait donc pas partie ?

Les entraîneurs que j’ai eus ici, notamment. Et mes coéquipiers aussi. Quand Daniel Zitka affirme que le meilleur acteur de la campagne européenne 2006-2007 du RSCA, c’était moi et non lui, comme beaucoup l’affirmaient pourtant, cela me va droit au c£ur. Sans compter ce que pensent d’autres observateurs avertis. Comme Paul Van Himst ou Eddy Merckx, qui ne tarissent jamais d’éloges à mon égard. Ou encore Jan Ceulemans, qui soutient régulièrement que je mérite de jouer en sélection. Ces avis-là sont autorisés. Ils me confortent dans l’idée que je suis dans le bon.

Vous aviez été piqué au vif suite aux déclarations de Glen De Boeck avant le déplacement au Cercle.

Il y a de quoi. Quand il évoque que deux Sportingmen ont été signalés à la Nuit du Zoute, la veille du match de Supercoupe au Standard, on songe irrémédiablement aux joueurs d’expression néerlandophone du club, à savoir Jelle, Bart et moi. Dans la mesure où Glen lui-même n’était pas là pour vérifier mais que ces propos lui ont simplement été rapportés, j’estime qu’il avait tout juste le droit de se taire.

Il n’empêche que vous avez une réputation de sorteur ?

Si je sors, c’est uniquement après les matches. Et encore, uniquement lorsqu’ils se sont soldés par une victoire. En cas de défaite, je suis toujours imbuvable et je préfère sagement regagner mon lit.

A part les anciennes miss Belgique, vous collectionnez autre chose ?

Sûrement pas les cartes, car je n’ai toujours pas vu rouge depuis mes débuts au plus haut niveau. Ce que j’accumule, ce sont les distinctions. J’en suis à trois titres et une Coupe de Belgique pour le moment. En fin de saison, je dois arriver à cinq et, si possible à six trophées. C’est le minimum quand on n’a plus que deux lièvres à courir au lieu de trois.

par bruno govers

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