Les conclusions des Barça-Real

ACTE I

En automne, ce fut impressionnant en championnat : les teams évoluaient dans leur configuration habituelle, et Sergio Ramos ne s’était fait virer (89e) qu’une fois le 5-0 bien tassé. Rien à redire, démonstration catalane, et pas mauvais jour madrilène : mais impuissance, infériorité structurelle ! Normal donc qu’à la veille de se refarcir quatre fois les artistes, José Mourinho, qui n’aime pas le ridicule, modifie ses batteries dans le sens défensif.

Nul cynisme là-dedans, mais la reconnaissance d’une supériorité technique… voire même une preuve de modestie ! Nul génie tactique non plus – le Special One n’est pas Dieu ! – mais la vieille recette à base de tripes : subir, plier sans rompre, espérer le contre. Le boulot du coach étant de convaincre ses Madrilènes, habituels dominants dans le jeu, d’être dominés de plein gré par l’éternel rival…

ACTE II

Championnat en avril : ça fonctionne, même à dix pendant 40 minutes ( Raul Albiol exclu), pour un 1-1 final : seulement trois offensifs, mais qui parviennent à occuper Sergio Busquets et le quatuor défensif catalan. Et sept cerbères face aux cinq autres, dont un Pepe increvable que nul n’imaginait en médian !

ACTE III

Rebelote en Coupe : la preuve par la victoire finale (1-0), cette fois à 11 contre 11 ( Angel Di Maria exclu, mais à la 120e) ! Le verrou n’est ni brillant ni nouveau,… mais nous l’aimions chez nos Diables d’hier, et nous l’aimerons demain si la victoire est au bout ! Quoique Johan Cruijff se la joue vierge effarouchée par le Grand Méchant Mou, d’autres se mettent à épingler des manquements chez les angéliques Barcelonais : France Football parle d’un jeu joli mais répétitif ; pour rentrer dans le lard, Xavier Mascherano ne doit rien à Pepe ; dominé par Di Maria, Dani Alvès n’est plus qu’un back qui fait des fautes ; et tout près du referee, la grande gueule insupportable de Gerard Piqué vaut celle de Xavi Alonso dans le même rôle. A l’interview, Pep Guardiola se met à la jouer trash comme son alter ego : déjà que tous deux ricanaient kif, dans leur costard et pognes en poches, dès qu’ils s’estimaient lésés.

ACTE IV

Bernabeu pour l’Europe, re-rebelote, toujours les vilains défensifs contre les bons offensifs ! Mais cette fois climat détestable, chez Unicef comme chez Bwin : altercations, échauffourées, simulations de douleurs graves… et dire que la moitié de ces mecs venaient d’être potes pour remporter un Mondial : comme quoi le foot ne rassemble, très momentanément, que ceux qui jouent dans la même équipe ! C’est toujours 0-0 quand Pepe se ramasse une rouge à la 60e : pas volée vu son £uvre, mais le geste n’était pas pire que d’autres en ce non-match. Et ce n’est qu’ensuite que le petit génie hormoné, jusqu’alors discret, pourra deux fois sortir de sa boîte et faire basculer le match. Mourinho n’avale pas, mais faut s’appeler Albert Cartier pour être heureux en pareil cas.

ACTE V

Nou Camp, pas de re-re-rebelote : faut bien tenter l’impossible, c’est même Kaká qui remplace Pepe ! Ça nous fait une mi-temps rappelant le 5-0 de novembre… sauf qu’ Iker Casillas arrête tout ! Jusqu’à ce que Frank De Bleeckere empêche en se gourant un final haletant. Il annule un but valable de Gonzalo Higuain, vous connaissez la suite : but immédiat de Pedro, Marcelo pour l’honneur (1-1)… et Supersiffleur auquel on pardonnerait sans sa mauvaise foi a posteriori !

ÉPILOGUE

Sur 4 matches et 390 minutes dont 70 disputées à dix, Mourinho nous a privés de beauté catalane, ne refilant en échange que sueur et rigueur. Aucune tatouille, il ne perd que 3-4, il s’en est même fallu de peu (deux éclairs de Lionel Messi sans Pepe) pour qu’il gagne 3-2. Mou a irrité les esthètes mais il a eu raison, le but du foot est de chercher à l’emporter même contre plus technique, et le Barça est plus fort techniquement. Faudrait juste qu’à tête reposée, Mou soit grand seigneur et pas mauvais perdant : car quand tu laisses le ballon à l’adversaire, c’est toi qui défends… et si tu défends, tu risques davantage fautes et cartons ! Quoique. Sur ses 12 matches européens, le Real a commis 176 fautes générant 32 avertissements, tandis que les 137 fautes commises par le Barça ont engendré 13 jaunes. Ce n’est pas la même proportion. Le talent catalan ferait-il aussi rêver les referees ?

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PAR BERNARD JEUNEJEAN

Mou a irrité les esthètes… Faudrait juste qu’à tête reposée, il soit grand seigneur et pas mauvais perdant.

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