les complices

Elles mettent leurs compétences au service de la presse.

Julie Curatolo, Mons

Le cheveu est noir comme le jais. Les petites lunettes (elle en possède quelques paires…), très in. Le sourire, permanent. La détermination aussi. Julie Curatolo (23 ans) apporte une touche féminine très sympa à Mons. A moins que ce ne soit une énième touche italienne ?

 » Pas du tout « , tranche-t-elle.  » On m’a déjà fait remarquer que j’étais une Italienne de plus dans le club. Je réponds alors que je suis née ici et que j’ai une carte d’identité belge. Ce n’est pas une tare d’avoir un nom de famille qui se termine par une voyelle, quand même ? (Elle rit). Ici, en tout cas, on fait facilement l’amalgame depuis que Sergio Brio a débarqué. C’est vrai que l’Albert a un entraîneur et plusieurs compatriotes dans le noyau. Mais certaines personnes du club assimilées à des Italiens sont aussi belges que vous et moi « .

Petit gabarit et poids plume, mais sacrée volonté, la Julie. Elle ne se laissera pas démonter pour si peu. Au Tondreau, elle est omniprésente. Depuis un peu moins d’un an.  » J’ai été bercée dans une ambiance foot. Mon père a toujours parlé de ce sport à la maison. Il a notamment été président des Francs Borains. Aujourd’hui, il est administrateur à Mons. Je m’intéresse au football depuis l’âge de huit ans « . Et d’ailleurs, son petit copain pousse la balle. A un bon niveau, même : Steve Leclercq, attaquant, a joué à l’Albert et porte aujourd’hui le maillot de Namur en D3.

Elle est licenciée en communication des entreprises :  » Les deux premières années sont communes avec les étudiants en journalisme, puis j’ai bifurqué vers la communication « . Quand l’Albert reçut, en mai 2003, des subsides de la Région wallonne pour engager un(e) universitaire possédant une licence en communication, elle fonça sur l’opportunité. Dans un premier temps, elle se partagea le travail avec Benoît Liénard, l’ancien journaliste de la RTBF qui faisait office d’attaché de presse au Tondreau. Et elle reprit ses tâches quand il quitta le club au début de cette saison.

Aujourd’hui, ses tâches sont fort diversifiées :  » En semaine, j’essaye de faciliter le travail des journalistes qui suivent l’Albert. J’arrange par exemple les rendez-vous pour leurs interviews. Je suis aussi chargée de rédiger et de diffuser les communiqués de presse, et j’alimente le site Internet. Le journal du club, distribué lors de chaque match à domicile, est une autre de mes occupations. J’en suis la responsable de rédaction et j’en rédige certains articles « .

Les soirs de matches, le travail est quelque peu différent. Il y a l’organisation des repas pour les invités, la distribution des feuilles de match aux journalistes et la gestion de la conférence de presse des entraîneurs, juste après le match. Pendant quelques semaines, elle fit office d’interprète quand Brio prenait la parole. Mais l’homme a très rapidement progressé en français et, aujourd’hui, il ne doit plus que rarement lui demander la traduction d’un mot qu’il ne connaît pas encore dans notre langue.

Le départ en championnat complètement raté, le limogeage de Marc Grosjean, certaines déclarations présidentielles, le régime Brio et la mise à l’écart de barons de l’équipe ont suscité pas mal de commentaires négatifs. Dans ce cas, Julie Curatolo se sent en première ligne :  » Je constatais un décalage énorme entre ce qui paraissait dans les journaux et ce que je vivais au jour le jour. On ne parlait manifestement pas de la même chose. Certains commentaires étaient vraiment pénibles. J’étais choquée quand on essayait de faire croire au grand public que l’Albert avait perdu son esprit convivial. C’était totalement faux. Ce n’était pas différent de la plupart des autres clubs : certaines personnes partent, d’autres arrivent, ce sont les choix de la direction. Durant cette période trouble, j’ai toujours tenu le même discours : Mons avait de belles perspectives mais il fallait laisser du temps au club pour sortir la tête de l’eau et de se mettre au niveau de la D1. La deuxième saison en première division est toujours la plus délicate « .

Les conditions de travail, pour la presse, constituent peut-être une des explications de ces commentaires. Suivre un gros match au Tondreau, pour les journalistes, ce n’est pas le pied. Tout est trop petit : la salle de presse, la tribune qui leur est réservée. Et les accès sont compliqués.

 » N’allez surtout pas croire que c’est plus confortable pour le personnel « , rigole Julie Curatolo.  » Devoir tendre des bâches sur nos ordinateurs dès qu’il pleut et travailler des journées entières à la lumière artificielle n’est pas agréable. L’hiver, j’arrive au stade quand il fait noir et je pars quand c’est de nouveau la nuit. Enfin, plus que six mois à tirer et la première nouvelle tribune, qui renfermera le centre nerveux du stade (bureaux, vestiaires, etc) sera prête. Celle-là, elle aura vraiment le niveau de la D1 « .

Sun-Sook Minnebo, Anderlecht

Originaire de Séoul, la capitale de Corée du Sud, Sun-Sook Minnebo vit depuis 20 ans en Belgique. Après des études à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers, elle s’est partagée entre la création de vêtements et le restaurant coréen Fami-Lee que ses proches exploitaient à Woluwé-Saint-Lambert, dans la périphérie bruxelloise.

 » C’est là, à l’automne 2000, quand il jouait encore à l’Antwerp, que j’ai fait la connaissance de Ki-Hyeon Seol « , se souvient-elle.  » Seuls dans un pays dont ils ne maîtrisaient aucune des langues nationales, son épouse Yun Mi et lui s’étaient adressés à l’ambassade coréenne pour nouer des contacts avec des compatriotes. Ki a d’autant plus vite sympathisé avec nous qu’il est une très bonne fourchette (elle rit). De simples clients au départ, les Seol sont très vite devenus des amis pour toute la famille et pour moi en particulier. Au fil du temps, mon implication personnelle a d’ailleurs dépassé le simple cadre du resto. Il était à tout prix nécessaire qu’il possède des rudiments d’anglais, en vigueur lors des entraînements à Deurne. Comme cet idiome ne présente pas le moindre secret pour moi, je me suis muée en professeur. Trois ans après, je ne suis pas fâchée des progrès accomplis par mon élève. Il comprend pour ainsi dire tout ce qu’on lui dit, même s’il rechigne à s’exprimer car il éprouve toujours un petit sentiment de timidité quand il doit prendre la parole « .

De prof de langue à interprète, il n’y a qu’un pas que Sun-Sook Minnebo a dû franchir plus fréquemment qu’à son tour, surtout depuis que son protégé a quitté le Bosuil à destination d’Anderlecht.

 » Au cours de sa saison chez les Rouge et Blanc, ma contribution a essentiellement été administrative « , observe-t-elle.  » Une seule fois j’ai été appelée à l’assister pour une interview. Mais sitôt son transfert à Anderlecht entériné, ce fut le rush. C’est bien simple, j’ai dû acheter un nouvel agenda, plus grand, afin de noter tous les rendez-vous. A priori, je pensais que cette curiosité serait passagère. Mais un an plus tard, mes journées étaient toujours tout aussi remplies. Dans l’intervalle, il est vrai, Ki s’était distingué avec la sélection coréenne à la Coupe du Monde 2002. A un moment donné, il m’a demandé d’instaurer une pause de deux semaines, tant il était épuisé psychiquement de répondre à toutes ces questions. Ce petit intermède m’a fait le plus grand bien aussi. Depuis, la situation s’est normalisée. « .

Aux dires de Sun-Sook Minnebo, Ki-Hyeon Seol se sent parfaitement bien et heureux à Anderlecht, où il vient d’ailleurs de rempiler jusqu’en 2005. Au début, pourtant, tout ne fut pas toujours rose pour lui et il a même souffert, par moments, d’être pris en grippe par le difficile public du Parc Astrid.

 » Lors de son entrée en matière au RSCA, il a eu tort de vouloir trop bien faire et cette attitude s’est retournée contre lui « , explique-t-elle.  » Malchanceux dans ses entreprises, il s’est obstiné au lieu de dépouiller son jeu. Les supporters, mécontents de ses pertes de balle, lui ont souvent marchandé leur soutien durant cette période. Ki en a été très affecté. A la fin d’un match, je me souviens qu’il a même eu un mouvement d’humeur vis-à-vis du kop, très hostile à son égard. Yun Mi et moi avions dû redoubler d’efforts pour lui remonter le moral à cette époque car il était prêt à tout plaquer. La naissance de son fils, In-Woong, a eu un tout premier effet salutaire pour lui, dans la mesure où il a appris à relativiser les événements. Par la suite, la Coupe du Monde a évidemment contribué à le remettre en selle. C’est avec un moral requinqué qu’il a entamé la saison 2002-2003. Et malgré la concurrence de Martin Kolar, il a livré pas mal de matches de bonne facture. Notamment en Coupe de l’UEFA où il fut à la base de la belle victoire du Sporting à Bordeaux, l’un de ses centres ayant permis à Nenad Jestrovic d’ouvrir la marque. Cette année, il a fait mieux encore en inscrivant le troisième but capital face au Rapid Bucarest, synonyme de qualification pour la Ligue des Champions. Il n’y a pas à en douter, il est définitivement lancé à présent. Et il se plaît de plus en plus à Anderlecht où il s’est fait un véritable ami en la personne d’ Hannu Tihinen. Moi-même, j’ai toute sa confiance. La preuve : je l’ai assisté lors des récentes négociations concernant son contrat. Il faut croire qu’il était d’emblée conquis car il s’est empressé de signer le document « .

Pauline Vanderbeke, Mouscron

Depuis deux ans et demi, PaulineVanderbeke apporte son sourire dans la salle de presse de l’Excelsior Mouscron. Elle est affectée au service communication du club et notamment chargée, avec des collègues, de rédiger le magazine MouscronExcelsior et d’envoyer des communiqués aux journalistes. Un job qu’elle a décroché à force de persévérance.

 » A l’époque où j’effectuais une licence en journalisme à l’ULB, je travaillais à l’Excel un ou deux jours par semaine pour gagner un peu d’argent « , se souvient-elle.  » Après avoir présenté mon mémoire, une place s’est libérée. J’ai sauté sur l’occasion. Cette fonction me plaît beaucoup. J’ai toujours aimé le journalisme et l’écriture en général. Après ma rhéto, j’étais d’ailleurs partie une année aux Etats-Unis pour perfectionner mon anglais.

Quant au sport, j’ai baigné dedans. J’ai moi-même pratiqué le volley et l’athlétisme, mon frère a joué au football en Provinciales et mon père fut le président du club d’Herseaux, où OlivierBesengez a fourbi ses premières armes. Je les suivais souvent au stade, et chaque dimanche, le Week-End Sportif était un rendez-vous incontournable. Avant de devenir dirigeant, mon père a joué à l’Excel, en Promotion. Il était un défenseur auquel les attaquants adverses n’aimaient pas se frotter. Il collectionnait les cartons, jaunes et rouges. Un peu dans le style de GeorgesLeekens, paraît-il. ( ellerit) A Mouscron, les joueurs me connaissent. Je n’ai jamais rencontré de problèmes. De temps en temps, AlexandreTeklak ne résiste pas à l’envie de me faire une petite blague, mais je suis toujours bien accueillie. Les joueurs savent aussi que je travaille pour le club et que je ne suis pas censée révéler certains secrets. Je dois aussi essayer de positiver : la saison dernière lorsque les résultats étaient moins bons, ce n’était pas toujours évident. Cette saison, l’équipe gagne plus souvent et tout le monde est de meilleure humeur. Que ce soit au sein de l’équipe ou dans les clubs de supporters. Lorsque l’on organise des apéros ou des soirées, les gens répondent présent avec plus d’enthousiasme. Leekens a su imprimer sa griffe, mais je m’entendais très bien avec LorenzoStaelens également : c’était quelqu’un de droit « .

En tant que femme, Pauline Vanderbeke pose un autre regard sur le monde du football :  » Je ne m’aventure pas sur le terrain tactique, du style : pourquoi avoir joué en 4-4-2 et pas en 4-3-3 ? Je me limite à dresser un portrait du joueur, à décrire sa carrière et à cerner sa personnalité. J’ai procédé de cette manière dans tous les milieux sportifs que j’ai eu l’occasion de fréquenter. Lorsque j’ai effectué un stage au Courrier, j’ai par exemple dû traiter le rallye automobile ou le motocross. Or, je suis loin d’être une spécialiste en mécanique et certains ont dû rigoler en me voyant débarquer. Je venais à peine de décrocher mon permis de conduire et d’aucuns ont tenté de m’expliquer les différences de cylindrées… Ils ont rapidement compris ma perplexité. Mais tout s’est passé avec le sourire. De toute façon, c’est sur le terrain qu’on apprend le métier. Je dois me considérer comme une privilégiée. Parmi mes anciens compagnons d’études, très peu ont réussi à trouver un emploi dans la presse « .

Pierre Danvoye, Daniel Devos et Bruno Govers

 » EN LISANT LA PRESSE je ne reconnaissais pas Mons  » (Julie Curatolo) » Ki a eu un mouvement d’humeur vis-à-vis du KOP ANDERLECHTOIS TRèS HOSTILE  » (Sun-Sook Minnebo)  » Les joueurs savent que je ne révélerai PAS CERTAINS SECRETS  » (Pauline Vanderbeke)

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