Les  » cojones  » de Don Diego

Ainsi donc, Diego Simeone a mis les  » cojones  » au centre de sa vie. Mais pas que. Ses attributs vont aussi faire plein de petits tours en périphérie. Dans le cerveau, dans le coeur. Les siens mais aussi ceux de tous ceux qui veulent le suivre.

Avec lui, c’est  » T’es avec moi ou contre moi « . Les contre ont disparu. Les pour ont tout connu. La manière dont il a célébré le 1-0 contre la Juventus ressemblait à une petite private joke. Qui concernait 50.000 personnes et en offusquait 50.000.000. Illustration extrême et ultime que fêter un but est bien une jouissance.

Ce type est plein d’excès, donc plein d’intérêt. Pour bien comprendre le personnage no limit, l’homme pour qui impossible rime avec risible, il faut se rappeler une anecdote vieille de 31 ans.

Il a 17 ans et est convoqué avec son coéquipier Antonio Mohamed à un entraînement des U20 argentins. Il se présente au rendez-vous. Après une demi-heure d’attente, toujours personne. Il va au bistrot juste devant. On lui explique que le car est parti depuis longtemps. Il devient blême. Il rate le rendez-vous de sa première sélection.

Le rendez-vous mais pas son destin. Il saute dans le métro. Direction la gare. Là-bas, on lui dit qu’il faudra prendre deux bus pour arriver au camp d’entraînement. Pour le premier, pas de souci. Pour le deuxième, gros souci. Ils n’ont plus d’argent.

Rien à foutre. Simeone monte dans le bus et dit au chauffeur :  » Regarde-moi bien. Un jour je serai footballeur professionnel. Je jouerai pour l’équipe d’Argentine. Je serai une star. Retiens bien mon nom « . Bingo. Son discours a convaincu le chauffeur qui les laisse monter sans payer.

Arrivé au terminus, il reste six kilomètres pour arriver à destination. Lui et son pote vont les faire en courant. Quand Mohamed s’arrête à bout de force, Simeone hurle :  » Ce sera peut-être notre seule chance. Lève-toi et cours !  »

Mental training….déjà. Ils arrivent noyés de sueur. L’entraînement est… terminé. Le p’tit Diego raconte leur périple à l’entraîneur. Ce dernier va vite en parler au coach des A. Un certain Carlos Bilardo. Touché par tant de caractère, il les invite à s’entraîner avec les  » grands  » qui allaient commencer.

Le destin est en marche. La semaine suivante, Bilardo les emmène en Allemagne pour servir de sparring partner à l’équipe Argentine qui prépare la Coupe du Monde 1990 en Italie. Dès l’année suivante, Simeone sera un taulier de l’Albiceleste.

Il gagnera 2 fois la Copa América, participera à trois Coupes du monde. Sera capé 106 fois. Leader dans l’âme, il deviendra évidement entraîneur. Sa première expérience de coach en Europe sera la Serie A.  » Il était évident que si je venais entraîner en Europe, je commencerais par l’Italie.  »

Il connaît. Il y a laminé les terrains pendant huit saisons. À Pise, l’Inter et la Lazio. C’est au pays où la tactique est reine qu’il deviendra un prince du coaching. Ce sera Catane. La volcanique Sicile et un club qui sent le souffle bouillant de la relégation.

Même pas peur. D’autant que le noyau compte 12 Argentins, dont certains ont déjà joué sous ses ordres en Argentine. Question grinta, il aura ses soldats sur le terrain. Le pragmatisme lui fait dire qu’il a des idées très claires et très ancrées en lui mais qu’il n’est pas là pour faire jouer un système qu’il aime mais bien pour s’adapter au matériel qu’il a sous la main.

C’est-à-dire celui qui permet de faire des résultats. Qui tarderont à venir. Il débute par un tristounet petit point en quatre matchs. Mais la fin de l’histoire sera déjà le début de sa signature. Sauvetage. Au forceps.

Des victoires en fin de match après avoir été mené. Même situation à la Juventus mais il y arrache un point vital. En cinq mois, il sauve le club avec ce qui, à l’époque, était le meilleur total de points de son histoire en Serie A.

Ses joueurs se souviennent de sa devise :  » C’est nous contre tous les autres « . Elle ne changera jamais. Pour son meilleur et le pire de beaucoup d’adversaires. Mais ça, on vous le racontera la prochaine fois…

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