Les coaches feront la différence

La déclaration d’ AdrieKoster était choquante. Jeudi dernier, une semaine avant la reprise du championnat, le nouveau coach brugeois déclarait que son noyau manquait de talent et qu’il n’était pas en mesure de garantir de résultats. On imagine l’embarras d’un Club espérant voir du foot ajacide. Doit-il virer son Hollandais ou acheter une nouvelle équipe ? Comment Koster peut-il dire des choses pareilles si tard, alors qu’il a suivi de près les derniers matches de championnat des Blauw en Zwart et qu’il les a entraînés depuis juin ?

Les bons entraîneurs doivent être des maquignons. Pas besoin de tonnes de rapports de scouting pour voir qu’un joueur est bon ou mauvais, autrement il vaut mieux changer de métier. La déclaration de Koster est surréaliste. Et symptomatique du problème récurrent de notre D1 : le manque de qualité des coaches. Se réjouir de l’arrivée de Dick Advocaat à la tête des Diables Rouges le confirme.

Malheureusement, tous les clubs belges ne peuvent se permettre un Michel Preud’homme ou un Laszlo Bölöni, deux entraîneurs qui prônent à la fois un football efficace et spectaculaire. Si le Liégeois a eu besoin d’un demi-championnat pour faire fonctionner à plein La Gantoise, le Roumain a immédiatement mis le Standard en place il y a un an. Et l’a conduit au titre malgré les départs de MarouaneFellaini et de Dante. Actuellement, le train rouche est à nouveau sur les rails malgré le départ d’ Oguchi Onyewu. Bölöni demande, certes, des renforts pour tenir le coup en Ligue des Champions, mais c’est de bonne guerre.

Quels sont les autres entraîneurs qui font la différence à ce point ? Nicolas Frutos est à peine de retour qu’il affirme, qu’individuellement, Anderlecht est aussi fort que le Standard. Dire cela ou pointer le doigt vers Ariel Jacobs revient au même. Vendredi dernier, contre Genoa, on n’a pas eu l’impression que le jeu anderlechtois progressait. Mais c’est la même histoire depuis que Johan Boskamp a quitté le stade Stade Constant VDS. Si Aimé Anthuenis, Hugo Broos et Frankie Vercauteren ont obtenu des résultats, ce n’était jamais en pratiquant un football champagne, étiquette historique de la maison. Jacobs n’y parvient pas non plus, et il devra sans doute chercher son salut dans un power play à la Chelsea. Le retour de Frutos l’y aidera : il pourrait être associé à Tom De Sutter en pointe (ou à un Mattias Suarez enfin à son meilleur niveau), à charge du reste de l’équipe de défendre relativement bas pour repartir en contres ; le style de jeu payant, pratiqué il y a dix ans avec le duo JanKöllerThomas Radzynski. Car mis à part Mbark Boussoufa, tous les médians mauves sont incapables de jouer court et d’éliminer leurs adversaires en dribblant, ce qui est indispensable pour construire valablement. A Jacobs de tirer les conclusions qui s’imposent, sous peine d’aller au devant de terribles désillusions.

Samedi, contre Genk, le capitaine du Standard Steven Defour a prouvé qu’il prenait de plus en plus d’emprise sur le jeu et Axel Witsel a commencé à gagner en explosivité (ce qui lui manquait) grâce à trois kilos de muscles. Par rapport à tous ses adversaires belges, c’est l’un des éléments qui jouent en faveur du Standard : posséder au c£ur de son entrejeu deux joueurs capables à la fois de défendre et d’attaquer intelligemment.

D’autres entraîneurs seront à suivre pour ce qu’ils pourraient apporter comme jeu léché dans notre D1 relookée. On pense surtout à Stéphane Demol qui reçoit enfin sa chance en D1 belge comme T1 à Charleroi. Mais aussi aux coaches de Mouscron et de Lokeren, les Serbes Miroslav Djukic et Aleksandar Jankovic. Le premier veut imposer un jeu basé sur le toque et le second a immédiatement fait disparaître le football de combat de Georges Leekens au Daknam. On suivra aussi avec curiosité le Zulte Waregem du pape flamand de la contre-attaque, Francky Dury. Et on verra si la fameuse défense à trois de Genk d’ Hein Vanhaezebrouck est un attrape-nigauds ou pas. Samedi, au Standard, le duo David Hubert DanielTözser placé devant trois défenseurs démontrait très peu de créativité. Ce n’est pas ce qu’on attend de médians… l

PAR JOHN BAETE

Tous les clubs belges ne peuvent se permettre un Preud’homme ou un Bölöni.

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