Les coaches conservent plus d’influence que les ballons

Les deux premiers gardiens à essuyer les plâtres ont été l’Anglais Robert Green et l’Algérien Faouzi Chaouchi. Tous les deux ont pris un but qui les a rendus ridicules aux yeux du monde entier. Et pourtant, ils ont des excuses. Tout d’abord, ils ont eu à négocier des tirs qui posent toujours problème aux gardiens : des envois qui rebondissent juste devant eux, surtout sur des terrains relativement secs. C’était le cas des tirs de l’Américain Clint Dempsey et du Slovène Robert Koren.

En plus, et c’est un fait avéré, les ballons Adidas de la Coupe du Monde sont d’une génération bondissante. Silvio Proto, le gardien d’Anderlecht qui a joué toute la saison avec eux dit qu’ils font  » un peu penser à des grosses balles de ping-pong « . Enfin, Angleterre-USA s’est joué à Rustenburg à 1.500 mètres d’altitude et Algérie-Slovénie à Polokwane à 1.200 mètres. Or, c’est avéré, l’altitude a une influence sur le sport : les sprinters font de meilleurs chronos en montagne, les lanceurs de javelot y lancent plus loin, les tennismen servent plus fort, etc. A l’entraînement des sélections en Afsud, les attaquants malins font certainement des heures sup’ en shootant au but de manière à faire rebondir le ballon devant le gardien…

Outre leur rebond, les ballons de la Coupe du Monde ont d’autres particularités qui font qu’ils flottent quand ils ne sont pas bien compressés au moment de l’impact avec le pied. On a vu plein de coups francs s’envoler quand les joueurs les bottaient en ayant le centre de gravité loin derrière le ballon ; et ce même en le brossant. Par contre, les joueurs qui shootaient en étant bien au-dessus du ballon, parviennent à bien le faire fuser… Les shoots de Lionel Messi contre le Nigeria étaient surtout cadrés quand ils n’étaient pas en hauteur, d’ailleurs.

Si les gardiens détestent le Jabulani, les techniciens l’aiment bien. Bart van Marwijk, le coach oranje, a déclaré que les ballons favorisaient le jeu rapide au ras du sol. Un écho qui est également venu du camp espagnol. Cela dit, on risque encore d’avoir des discussions. Sans doute autant qu’à propos des monocordes et terriblement destroys vuvuzelas que Sepp Blatter n’a pas osé interdire (ou limiter), sous peine de fâcher ses amis africains qui lui procurent désormais tant de voix. Mais comme l’a dit aussi Khalilou Fadiga à la RTBF  » on doit accepter que les choses soient différentes « … Outre le fait de casser les oreilles des (télé)spectateurs et des joueurs, ces insupportables vuvuzelas procurent un avantage à ces derniers quand ils ne veulent pas exécuter ce que leur disent leurs coaches.

Car il y a toujours des coaches qu’il vaut peut-être mieux pas trop écouter parce qu’ils vont à l’encontre de ce que les joueurs ont de mieux à proposer. Pêle-mêle, lors des premiers matches, on a pu se rendre compte que les Nigérians, à force d’être cadrés dans le système Lars Lagerback, n’ont sans doute pas joué de façon assez libérée (c’est quand même ce coach qui estimait Pär Zetterberg insuffisant pour l’équipe de Suède !), que Fabio Capello place Wayne Rooney trop loin du but, qu’ Otto Rehhagel a peut-être complètement désappris aux Grecs à attaquer et que Raymond Domenech ne parvient toujours pas à mettre le feu dans son équipe. A l’inverse d’un Diego Maradona, solaire, qui fait vraiment aller son équipe vers l’avant comme le joueur qu’il est resté. Il faut le voir chercher le ballon quand il sort en touche, le caresser un peu (du pied toujours) et le rendre pour réaliser tout ce qu’il transmet à son équipe comme amor de la pelota. En contrepoint des câlins que s’échangent sans cesse Maradona et ses joueurs, on aura noté les relations glaciales de Milovan Rajevac avec ses Ghanéens. Evidemment, il gagnait contre ses compatriotes et vivait un crève-c£ur. Mais la grosse surprise du premier week-end de Mondial, c’est cette Allemagne au pied léger accouchée d’une personnalité à priori coincée comme Joachim Löw. Uniquement grâce à la faiblesse australienne ?l

PAR JOHN BAETE

Diego Maradona, solaire, fait vraiment aller son équipe vers l’avant comme le joueur qu’il est resté.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire