Les clefs du succès

L’Enzo qui rayonne aujourd’hui avec un neuf sur neuf est-il un meilleur entraîneur que l’Enzo qui était sifflé après un sur quinze en février ?

Certes, il est trop tôt pour tirer des conclusions. Trois journées à peine ont été disputées et l’Excelsior Mouscron n’a rencontré aucun gros bras du championnat. Il n’empêche qu’il est, actuellement, le seul club à avoir engrangé le maximum de points. Après des débuts mitigés comme entraîneur à Charleroi et à Tubize, après avoir été sifflé par les supporters hurlus au bout de cinq semaines marquées par un bilan d’un point sur quinze, EnzoScifo serait-il en train de réussir son pari et de confondre tous ces gens qui affirmaient qu’il n’était pas fait pour le métier d’entraîneur ?

Mouscron n’a pas encore rencontré les ténors du championnat, et du côté du Canonnier, tout le monde garde les pieds sur terre. Néanmoins, ce neuf sur neuf ne résulte pas uniquement du hasard ou de la faiblesse de l’opposition. D’autres facteurs peuvent expliquer ce bon départ.

1. L’équilibre

Il est présent à tous les niveaux. Dans l’équipe, où l’on trouve un bon mélange entre jeunesse et expérience, entre joueurs techniques et physiques, mais aussi au sein du staff, où Scifo, naturellement porté vers le beau jeu et l’offensive, est bien aidé par Geert Broeckaert, plus friand de coups de gueule et d’engagement. Francky Vandendriessche, dont certains se moquaient lorsqu’il encaissait des buts vidéo-gags comme gardien, apporte de précieux conseils à Mark Volders. Bernard Decabooter est, lui, un excellent préparateur physique.

2. Le mercato hivernal

A l’image de Bruges il y a quelques années, l’Excelsior a réalisé ses principaux transferts en janvier. On se demandait, à l’époque, pourquoi le club ressentait le besoin d’ajouter huit joueurs supplémentaires à un effectif déjà bien fourni, mais la direction n’a jamais caché qu’elle préparait déjà la saison 2008-2009.

3. La continuité

Le nouvel effectif a eu le temps de se rôder pendant six mois. Compte tenu de la mutation effectuée en janvier, on a seulement dû procéder à quelques ajustements durant l’été. Et là encore, ce fut un coup dans le mille. Les quelques transferts ciblés qui ont été réalisés se révèlent autant de réussite. Le poste d’arrière droit avait longtemps posé problème : Chemcedine El Araichi a apporté la solution. Dans l’entrejeu, Christophe Lepoint s’affirme comme un box to box de taille qui soulage énormément WalterBaseggio. Devant, Jaycee Okwunwanne évolue dans un style qui convient bien au système de jeu préconisé par Scifo. Il ne dure pas encore 90 minutes, mais qu’à cela ne tienne : Idir Ouali peut apporter sa vitesse lorsqu’il rentre.

4. La stabilité

Scifo a directement trouvé son équipe-type. Lors des trois premiers matches, c’est toujours la même qui a été alignée, à une exception près : contre Malines, c’est Ouali qui a débuté et Jaycee (rentré un peu d’émoussé d’un éprouvant voyage au Bahreïn) qui l’a relayé en cours de match, alors qu’à Tubize et au FC Dender, c’était l’inverse.

5. La solidité défensive

Scifo a eu l’intelligence de commencer la construction de l’équipe par la base. Il lui a d’abord conféré une assise défensive, avant de soigner les réglages offensifs. Cette solidité n’est pas uniquement due au gardien et aux quatre défenseurs : tout le monde effectue sa part de boulot, à commencer par les deux ailiers Adnan Custovic et Moustapha Oussalah, et même l’attaquant.

6. L’efficacité

Le jeu de l’Excelsior n’est pas spectaculaire, surtout en déplacement. Mais il est efficace. Les Hurlus sont suffisamment lucides pour comprendre qu’ils n’ont pas les capacités pour dominer leur adversaire de la tête et des épaules, et procèdent donc de façon intelligente : en essayant d’abord de ne pas encaisser, en convertissant les quelques occasions qu’ils se créent et en gérant ensuite leur avantage.

7. La préparation

On a souvent le tort de se focaliser sur les résultats des matches amicaux d’avant-saison. Le travail réalisé durant l’été n’a pas pour objectif de préparer l’équipe à ces joutes amicales. Celles-ci ont parfois été abordées alors que les joueurs étaient dans un état de fatigue avancé. Ils ont sué à l’entraînement, mais le jour de la reprise, ils étaient prêts. Et aucune blessure sérieuse n’a été déplorée.

8. L’ambiance

C’est plus facile d’avoir une bonne ambiance lorsque les résultats suivent, personne ne le niera. Mais on sent une réelle complicité entre les joueurs. Cela aide.

par daniel devos – photos: reporters/ gouverneur

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