Les Canaris s’envolent

Pointé comme un candidat à la descente, le club hesbignon occupe la deuxième place, avec un entraîneur méconnu à sa tête.

Les promus sont, traditionnellement, pointés comme candidats à la descente dans les pronostics d’avant-saison. A plus forte raison lorsque leur entraîneur est un novice au plus haut niveau et que le club n’a pas consenti de folies durant le mercato estival. Mais Saint-Trond déjoue actuellement tous les pronostics : les Limbourgeois occupent la deuxième place du classement, à deux points d’Anderlecht… qu’ils accueillent samedi prochain.

Dès le match d’ouverture au Standard, on a pu s’apercevoir que les Canaris ne seraient pas des oiseaux pour le chat.  » Quand on commence la saison à Sclessin, on sait qu’on ne part pas favori mais on sait aussi qu’en cas de bon résultat, on engrangera une bonne dose de confiance « , affirme GuidoBrepoels (48 ans) Depuis lors, Saint-Trond a confirmé.  » Le partage blanc concédé à domicile contre Charleroi a été considéré par d’aucuns comme une contre-performance, mais il ne faut pas s’y méprendre : les Zèbres sont costauds.  » Trois victoires ont suivi : 1-2 à Lokeren, 2-1 contre Roulers et 0-2 à Malines.  » Je retiens surtout qu’on a fait la différence dans la dernière demi-heure. C’était déjà le cas la saison dernière en D2, mais le fait avait été minimisé car tout le monde trouvait logique qu’on émerge en fin de partie face à des adversaires qui n’avaient pas toujours un statut de professionnel. Il n’y a pas de secrets : on s’entraîne tous les jours durant deux heures et demie. Parfois trois heures durant la période de préparation. Sans blessures musculaires. Heureusement, car notre noyau n’est pas très large : 17 joueurs de base.  »

Plusieurs joueurs-entraîneurs

Saint-Trond a eu l’intelligence de conserver l’ossature de la saison passée. Ces dernières années, les deux seuls promus qui ont effectué la culbute 12 mois après être montés, avaient complètement bouleversé leur effectif : Ostende et Tubize. D’autres, que l’on croyait trop faibles parce qu’ils abordaient la D1 avec un effectif de D2, se sont maintenus sans problèmes : Zulte Waregem, Roulers et Malines, pour ne citer qu’eux.

 » Je me souviens de ce que l’on racontait à notre propos, en avant-saison : – Avec cette équipe-là, vous ne tiendrez pas la route en D1… C’était dur à entendre pour les joueurs. L’avantage, lorsqu’on conserve une certaine ossature, on ne doit pas tout reconstruire de zéro. Et les joueurs surfent sur la spirale du succès qu’ils ont entamée un an plus tôt. Cet été, on a essentiellement recruté des joueurs de D2. En partie pour une question budgétaire, mais pas uniquement.  »

Saint-Trond a principalement renouvelé son flanc gauche, avec AlexDaSilva et DenisOdoi. Mais ce sont deux droitiers. Dans les dernières heures du mercato, les Canaris ont encore recruté deux vrais gauchers : MassimoMoia, qui se remet d’une grave blessure encourue à Charleroi, et NilsSchouterden, un jeune joueur technique de Louvain qui doit encore se muscler. Le flanc gauche était considéré comme le point faible de Saint-Trond. La saison dernière, le jeune GielDeferm avait pourtant livré un bon championnat à l’arrière gauche et avait même été appelé par JeanFrançoisdeSart chez les Espoirs.  » Il est effectivement gaucher, mais je pense que sa véritable place se situe comme milieu axial « , estime Brepoels.  » Grâce à sa technique, il est très bon en possession du ballon, mais lorsqu’il faut défendre, il hésite à mettre le pied.  »

HervéOnana, meilleur buteur de D2 sous le maillot de Waasland la saison dernière, doit pour l’heure se contenter d’un statut de réserviste.  » D’une part, parce que IbrahimaSidibe est actuellement en pleine forme, et d’autre part, parce qu’il doit encore acquérir le rythme de la D1.  »

Sidibe impressionne :  » Il est costaud, conserve bien le ballon et a déjà trouvé trois fois le chemin des filets alors qu’il y a deux ans en D1, il était resté muet. C’est une question de confiance. « 

L’une des révélations du début de saison est JonathanWilmet, un Wallon de Limelette qui a déjà bourlingué à Lens, Nottingham Forest et Willem II.  » Chez lui aussi, c’est une question de confiance. Il était arrivé à l’époque de DennisvanWijk qui, je suppose, le connaissait de Tilburg. Mais il n’avait pas d’emblée trouvé ses marques. Aujourd’hui, c’est une découverte pour beaucoup. Le joueur s’est étonné que même les journalistes du sud du pays ignoraient qu’il était francophone. Je lui ai répondu : – Situmarques, ilss’intéresseront àtoi ! Visiblement, le message est passé.  »

Le président RolandDuchâtelet a dicté sa ligne de conduite : il veut du jeune et du belge.  » Il ne veut plus de mercenaires étrangers, il a été déçu de l’expérience vécue il y a deux ans. Aujourd’hui, on compte 15 Belges dans l’effectif dont neuf Limbourgeois. C’est aussi une fierté.  »

Et cela permet de former un véritable bloc, une autre force de Saint-Trond.  » Dans le vestiaire, il n’y a personne qui reste seul dans son coin. Et lorsqu’on organise des activités extra-footballistiques, tout le monde y participe. Sur le terrain, les joueurs se coachent mutuellement. Lorsqu’un joueur doit sortir pour soigner une blessure, les dix qui restent sur le terrain s’organisent d’eux-mêmes : – Toituglissesdececôté, toituteplaces… Je dois à peine intervenir.  »

L’art du coaching est enseigné par Brepoels en semaine.  » Chaque semaine, deux joueurs reçoivent une vidéo du prochain adversaire et sont chargés de l’analyser, avant de faire part de leurs observations à leurs partenaires. Ils le font à tour de rôle et la plupart s’en sortent très bien. Il y a à mon avis plusieurs futurs entraîneurs dans mon groupe. « 

35 passes consécutives

Brepoels prône un football positif et constructif.  » Je veux que mes joueurs évitent à tout prix les longs ballons et les dégagements dans la tribune. Je préfère une construction progressive, par un jeu à terre. J’ai été étonné par le hourrah-football pratiqué par Malines, voici dix jours : c’était toujours des longs ballons. Mais apparemment, c’est ce que le public demande : lorsque le ballon ne parvient pas directement dans le rectangle adverse, il s’impatiente. C’était aussi le cas à Saint-Trond, autrefois. Avec ce public bouillonnant, qui haranguait ses joueurs, ils étaient aussi tentés de précipiter les événements : – Toutdevantetpatate ! Aujourd’hui, je prône plus de calme dans la construction du jeu. Cela se travaille : les joueurs doivent savoir, lorsqu’ils entrent en possession du ballon, quel partenaire est susceptible de se libérer dans telle zone de terrain. Le travail porte ses fruits : lors du match à Malines, j’ai relevé une séquence de 35 passes consécutives ! Et nos deux buts ont, eux aussi, été précédés par 8 et 11 passes d’affilée.  »

Malgré l’évolution du style de jeu et la modernisation du stade, on tient à conserver l’ambiance si particulière du Stayen.  » Deux tribunes sont terminées. La troisième – la latérale qui fait aujourd’hui encore office de tribune d’honneur – sera également modernisée : on y trouvera les nouveaux vestiaires, un sauna, une piscine, une salle de massage. Mais la tribune derrière le but de droite restera en l’état. En raison d’une ligne de chemin de fer qui passe juste derrière, mais aussi parce qu’elle est destinée à devenir la tribuneambiance.  »

L’engouement est présent, plus que jamais.  » Dans ce domaine-là aussi, on a jeté les bases la saison dernière. On a joué notre premier match en D2, contre l’Olympic, devant 3.000 personnes. En fin de championnat, ils étaient 9 ou 10.000. Maintenant, c’est parti. On affiche déjà complet pour les deux prochains matches : Anderlecht et Genk. Pour la visite des Bruxellois, tous les tickets sont partis en trois heures. Du jamais vu. Genk viendra ici un mardi, le 21 septembre, mais cela n’a pas refroidi l’ardeur des supporters. Ils se sont aussi rués sur les tickets. « 

Avant la visite d’Anderlecht. Brepoels a déjà fait passer un message à ses joueurs.  » Je leur ai dit : – Sivousgagnez, vousêtespremiers !Etc’estunesensationquevousnerevivrezpeutêtreplusjamaisdansvotrevie…  »

On compte 15 Belges dans l’effectif dont 9 Limbourgeois. C’est aussi une fierté.

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