Les Belges n’ont rien vu

Stéphane Demol (FC Bologne, 1988-89), Georges Grün (SC Parme 1990-94 et Reggiana 1996-97) et Bertrand Crasson (SC Naples 1996-98) ont tous tâté du calcio. S’ils ont quelquefois entendu parler de dopage, les trois Anderlechtois n’y ont jamais été confrontés.

Demol : « A Bologne, ce qui m’avait tout particulièrement frappé par rapport au Sporting, c’était le suivi médical. Chez les Mauves, nous étions soumis deux fois par an à un check-up complet : avant la saison et lors de la trêve hivernale. En cours de campagne, des examens complémentaires n’étaient effectués qu’en cas de grosse fatigue. On administrait alors du fer ou des ampoules de Revitalose. A Bologne, tous les éléments du noyau devaient s’astreindre à un contrôle systématique une fois par mois, de la tête aux pieds. En fonction des observations, on élaborait alors un traitement individuel. Dans mon cas, l’accent était mis, surtout, sur l’aspect diététique. A quarante-huit heures du match, je devais sacrifier à un même rituel : poulet ou viande blanche, légumes, peu de pâtes. Tout était mis en oeuvre pour que les footballeurs prestent, mais je n’ai jamais décelé la moindre anomalie dans ce qui était fait ou prescrit. Quant au mot dopage, je ne l’ai jamais entendu prononcer, en ce temps-là, que dans le cyclisme ou l’haltérophilie ».

Grün : « J’ai été très étonné des affaires de dopage de Jean-François Gillet et Fernando Couto. Les clubs transalpins ont, à ma connaissance, toujours tout mis en oeuvre pour que leurs joueurs soient clean. Tant à Parme qu’à la Reggiana, les dirigeants insistaient toujours pour qu’on ne prenne jamais le moindre médicament sans en avoir avisé la cellule médicale. A raison car, après chaque match, quatre ou même six joueurs étaient priés de se livrer au contrôle. Personnellement, j’ai dû m’y plier à de très nombreuses reprises durant toutes ces années. Souvent au grand dam de mes partenaires car, en présence d’un médecin, il me fallait parfois patienter plus d’une heure avant de pouvoir remplir un flacon d’urine ( il rit). Tout le monde aura compris qu’il ne pouvait être question de tricher dans ces conditions. A aucun moment de ma carrière italienne, je n’ai eu de doutes concernant le dopage : tout était sévèrement réglementé et passé au crible. Jamais, non plus, je n’ai été amené à devoir prendre le moindre comprimé ou produit sans en connaître la provenance. Quant aux complexes vitaminés et autres boissons énergétiques, les joueurs ont toujours été libres d’en faire usage ou non. Le mot nandrolone est d’ailleurs tout nouveau pour moi. Je ne l’avais jamais entendu prononcer en Italie autrefois ».

Crasson : « Il m’est arrivé, par moments, de me poser des questions à propos de certains phénomènes. Comme Cafu, le défenseur de l’AS Roma. Je me rappelle un match entre cette équipe et Naples où, de la première à la nonantième minute, le Brésilien s’était plu à effectuer un déboulé après l’autre sur son flanc droit. Je n’aurais été en mesure de produire les mêmes efforts que lui. Pour moi, la tentation aurait pu être grande de dire que pareil abattage n’était nullement envisageable sans l’un ou l’autre appoint. Mais l’entraîneur des Romains, à cette époque, Zdenek Zeman, était cité en exemple pour son savoir-faire en matière de préparation physique de ses joueurs… Si, par la suite, le même Zeman a lancé un pavé dans la mare en s’interrogeant sur la transformation physique d’un Gianluca Vialli ou d’un Alessandro Del Piero, c’est que certaines questions étaient peut-être de mise, malgré tout. Personnellement, je n’ai jamais nourri de suspicion ayant trait au dopage à Naples. Tout y était inscrit dans la norme, jusqu’à l’utilisation de la créatine, par exemple, un produit développant la masse musculaire, certes, mais non prohibé ». (B.Govers)

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